Un drone sous-marin innovant pour explorer les abysses

Développé par la société d’ingénierie Marine Tech, à Six-Fours, Manta pourra être utilisé dans la sécurisation des fonds sous-marins comme l’observation océanographique ou les travaux offshore. Et intéresse déjà le Qatar.

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AUDREY SAVOURNIN Publié le 20/01/2025 à 12:19, mis à jour le 20/01/2025 à 12:19
Le préfet du Var s’est déplacé vendredi chez Marine Tech pour découvrir le projet. Photo Frank Muller

Il s’appelle Manta. Comme la raie. Car c’est clairement l’animal qui a inspiré ce drone sous-marin relativement plat, aux formes courbes, doté d’une antenne et d’ailerons. Un drone nouvelle génération qui, comme le poisson, peut s’incliner sur la tranche – pour examiner la coque d’un bateau par exemple – et surtout se déplacer de la surface jusqu’à 6.000m de profondeur. Pour ramener de précieuses informations à la surface. Une innovation qui a bluffé le préfet du Var Philippe Mahé, en visite vendredi chez Marine Tech qui le développe, grâce à un financement de l’État. Plus de 5 millions d’euros précisément, obtenus grâce au dispositif France 2030.

Il faut dire que ce projet de recherche et développement étalé sur trois ans semble colossal pour une entreprise d’une dizaine de collaborateurs seulement. Un nombre qui devrait d’ailleurs doubler d’ici trois ans, avec la fabrication de ces drones sur le site varois et la commercialisation internationale de cette solution d’exploration et de surveillance des grands fonds marins. Mais Marine Tech n’en est pas à son coup d’essai. Créée en 2014, cette société spécialisée dans l’exploration et la protection de l’environnement marin a déjà plusieurs outils innovants à son actif. Dont des drones maritimes pour cartographier les océans.

Des alliances

Et pour le projet Manta, elle s’appuie sur "une alliance stratégique avec la Comex qui va mettre à disposition des moyens nautiques pour déployer les drones dans les océans, I2S, experte en vision sous-marine, et Hologarde, filiale d’ADP – Aéroports de Paris – spécialiste du management des drones", détaille Thierry Carlin, le PDG de Marine Tech. "Ce sont eux qui sécurisent les décollages de fusée à Kourou par exemple. Ça peut surprendre, sourit-il, mais on utilise le même type d’algorithmes dans l’air et sous l’eau." Car maintenant que " l’enveloppe" du drone est validée, il faut l’équiper de caméras embarquant des algorithmes de traitement d’image et de capteurs. Y combiner plusieurs technologies. Et le rendre autonome, à une profondeur où plus aucune communication n’est possible.

Un ascenseur permettant de l’immerger à 6.000mètres et plus largement une station d’accueil sous-marine sont ainsi en cours de développement. C’est elle qui doit lui permettre de se recharger pour des explorations plus longues et de transmettre ses données jusqu’au bateau, comme on peut le voir sur une vidéo de simulation en 3D présentée par Marine Tech. Un film qui n’a rien de la science-fiction, même s’il reste deux ans à l’entreprise "pour livrer un système opérationnel complet", sorte de prototype appelé à être dupliqué et commercialisé sous le million d’euros. Loin des 20 à 30 millions d’euros des systèmes, très différents, proposés aujourd’hui à l’étranger.

Essais à Toulon

Pour l’heure, c’est la version réduite du Manta qui réalise des tests au port Saint-Louis, à Toulon. " Ce sera le cas tout 2025, puis les enseignements seront transposés sur la version définitive", précise Thierry Carlin.

Concrétisée notamment grâce au soutien financier de la DGA (Direction générale de l’armement), celle-ci est déjà dotée d’une architecture résistant à la pression, qui laisse rentrer l’eau et ne laisse aucun sillage, ainsi que de moteurs verticaux inspirés de l’industrie pétrolière.

Elle aura des applications multiples, de la sécurisation des fonds sous-marins par l’armée à la recherche d’éléments en mer après des crashs aériens en passant par la maintenance de l’éolien offshore, l’observation océanographique par des laboratoires de recherche ou la protection de l’environnement.

"Naval group a choisi ce drone pour tester son système de combat, illustre le PDG de Marine Tech. On est en discussion avec le Qatar, qui pourrait s’en servir pour lutter contre le trafic de drogue, celle-ci transitant sous l’eau, sous les coques des bateaux. Mais ça pourrait aussi être utilisé par l’Ifremer."

Le programme, à peine développé, séduit. Il a été primé au dernier salon Euronaval, référence mondiale du naval de défense, en novembre à Paris.

Un projet "France 2030"

L’appel à projet qu’a remporté Marine Tech a été lancé par le Corimer (Conseil d’orientation pour la recherche et l’innovation des industriels de la mer). Une interface État-filière maritime (industrie navale, secteurs de l’offshore, industries nautiques ou énergies marines renouvelables) qui optimise le soutien public à l’innovation, notamment en orientant les projets vers les dispositifs d’aide, dont fait partie France 2030. Ce plan lancé en 2021, doté de 54 milliards d’euros déployés sur 5 ans, vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir.

La moitié des financements sont destinés à des acteurs émergents, l’autre moitié aux actions de décarbonation. Il poursuit dix objectifs pour mieux comprendre, mieux vivre et mieux produire, à l’horizon 2030.

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