Niché à la lisière de la Principauté, pile dans l’axe du Casino de Monte-Carlo, c’est une emprise foncière qui vaut de l’or. à Beausoleil, du fait de son passé ferroviaire (lire ci-contre), on le connaît mieux sous le nom de terrain de la Crémaillère.
Vierges de tout béton depuis 1981 – date de la première acquisition par la SCI Jasmin devenu, en 2012, la SCI Over Monte Carlo (L’associé majoritaire est Orenoque Investissements S.A., une société luxembourgeoise) – les cinq parcelles cadastrales le constituant ont été, au fil des décennies, l’objet de nombreux projets immobiliers mais aussi, au cœur d’un historique judiciaire chargé. Notamment entre le propriétaire du terrain et la municipalité de Beausoleil autour du permis de construire.
Délivré le 18 janvier 2006 à cette société monégasque – pour un projet de 316 appartements et 1.200 places de parking – celui-ci a été frappé de caducité le 15 avril 2020 par le maire de Beausoleil, ce dernier jugeant que l’exécution des travaux avait été insuffisante.
En dépit de recours formulés par Over Monte Carlo, le tribunal administratif de Nice a, en mars dernier, admis la légalité de la décision de Gérard Spinelli. "Les travaux réalisés, sur plus de sept années, n’ont porté que sur un seul des six bâtiments projetés et sur seulement 8% au plus de la surface hors œuvre brute", peut-on lire dans le compte rendu. Il s’agit du bâtiment inachevé à l’angle du terrain.
La Satri à l’origine de la démarche
La dernière actualité liée à ce terrain de cinq parcelles – et non des moindres – est parue dans les annonces légales. Ce jeudi à 9h au palais de justice de Nice, celui-ci fera l’objet d’une vente par adjudication avec une mise à prix fixée à 10 millions d’euros. Pour traduire ce jargon juridique, il s’agit d’une vente aux enchères.
La vente a lieu à la requête de la Satri, filiale du groupe Marzocco.
En 2007, celle-ci a réalisé des études pour le compte du projet porté par Over Monte Carlo mais n’aurait jamais été payée pour la prestation. La créance s’élèverait entre 1 à 2 millions d’euros, avec les intérêts. Sollicitée, la Satri réagit: "Afin d’avoir une chance d’être enfin payée pour les études et prestations effectuées il y a longtemps et qui n’ont jamais été acquittées, la Satri confirme qu’après des années de relances et de procédure, elle a effectivement demandé au tribunal de Nice une mise aux enchères publiques sur saisie immobilière du terrain. Plusieurs autres créanciers sont également parties prenantes à cette procédure."
Plus de 100 millions d’Euro de créances inscrites
Une dizaine de créanciers se seraient associés à la démarche de la Satri dont, le plus important, une banque sud-coréenne. La vente du terrain permettrait alors de les rembourser. La créance inscrite dépasse les 100 millions d’euros. Reste à savoir désormais qui, à coups de dizaines de millions d’euros au tribunal, se portera acquéreur d’un foncier ô combien stratégique.
La zone, estampillée UMB dans le plan local d’urbanisme de Beausoleil, est toujours considérée comme constructible dans une limite plafonnée à 30.000m² de surface plancher. Concrètement, que peut-on y construire dessus?
De l’équipement hôtelier, des logements libres, des logements sociaux à hauteur de 30%, des espaces publics avec une place et des commerces en rez-de-chaussée, du stationnement. En hauteur, le bâti ne peut pas excéder quatorze niveaux.
Sollicité, l’ancien gérant d’Over Monte-Carlo de 2012 à 2015, Richard Marcus, s’est fendu d’un bref commentaire: "Ce dossier est à multiples facettes. Il suscite beaucoup d’intérêts, de convoitises, de velléités. Je suis moi-même un créancier important à cause de l’absentéisme des pouvoirs publics. Il faudra que la vérité éclate."
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