Ce dimanche 23 mars au soir, ce Roquebrunois de 43 ans aurait pu passer entre les mailles du filet mais un différend au Gerhard’s Café, où il venait d’achever sa soirée, a poussé un serveur de ce pub de Fontvieille à dénoncer son départ, en état d’ivresse, au volant d’une moto. Une poignée de minutes plus tard, à deux pas du Casino de Monte-Carlo, ce personnel de restauration était contrôlé par la Sûreté publique avec un taux d’alcool dans le sang de 0,73 mg/l d’air expiré.
Au regard du profil de l’interpellé – dix condamnations sur les casiers judiciaires français et monégasque, dont plusieurs pour des délits de conduite sous l’empire d’un état alcoolique – le parquet général a fait le choix de la fermeté et de la comparution immédiate. Dès le lundi 24 mars, après quelques heures de détention provisoire, l’homme répondait de ses actes dans le box des prévenus du tribunal correctionnel. "Les dix condamnations ne vous ont-elles pas servi de leçon? Que faut-il pour que vous compreniez? Que vous tuiez quelqu’un ?", fulmine le président du tribunal, Florestan Bellinzona,
"Je ne souhaite à personne cette vie en ce moment"
Contrit à la barre, le prévenu évoque une succession de problèmes familiaux: la disparition de son père, le handicap de sa sœur, les problèmes cognitifs de sa mère… "Je ne souhaite à personne cette vie en ce moment, je me retrouve seul à gérer tout ça. C’est une catastrophe. Ce soir-là, j’avais vraiment la tête ailleurs. Je n’ai pas fait attention et je n’ai pas mesuré les conséquences. Je ne bois pratiquement jamais", argumente-t-il, avançant des problèmes médicaux pour lesquels la consommation de boissons peut s’avérer fatale. Avant d’appeler à la clémence. "Vous êtes encore sous suivi et on vous retrouve encore à commettre des délits, rétorque le président. Tous les gens qui croisent votre route sont en danger de mort."
"Le risque de réitération est énorme"
La première substitut du procureur général, Valérie Sagné, requiert une peine de 2 mois de prison ferme et, de facto, le maintien en détention ainsi qu’une interdiction de conduire à Monaco pendant 2 ans. "Comme du côté français, je ne crois plus aux peines d’accompagnement socio-éducatif. J’ai parfaitement conscience que cela peut poser problème avec son travail mais lui n’a pas parfaitement conscience qu’il a un problème avec l’alcool. Il n’est pas abstinent, n’est même pas dans une démarche de compréhension de sa difficulté. Le risque de réitération est énorme", estime-t-elle.
Pour sa première plaidoirie depuis sa prestation de serment en la Cour d’appel, Me Eva Barilaro-Fabre plaide, au contraire, pour une condamnation placée sous le régime de la liberté d’épreuve. "Il a du mal à réaliser qu’il va mal. Il doit être accompagné, être assisté, surtout compte tenu de son contexte familial particulièrement difficile. Et ce, afin qu’il puisse continuer ce projet de vie avec sa maman, dont il est le point de repère. Cela aurait des effets positifs à bien des égards: un avertissement, le traitement du mal à la racine qu’est l’alcool, la préservation de sa situation socioprofessionnelle."
Après en avoir délibéré, la formation collégiale de magistrats a fait preuve d’une certaine clémence, au regard du passif du prévenu, en le condamnant à 5 mois d’emprisonnement dont 4 avec sursis sous le régime de la liberté d’épreuve, avec obligation de soins et de travailler.
commentaires