Qui a poignardé à mort Ginette Naime dans le Var il y a 25 ans? Le suspect n°1 revient sur les lieux du crime

Ginette Naime, 46 ans, mère de trois enfants a été mortellement poignardée le 13 avril 2000 par un individu qui, durant 25 ans, n'a jamais été inquiété jusqu'à son interpellation en janvier 2025 . Une reconstitution a lieu ce vendredi 4 avril 2025, sous la direction de la juge d'instruction Nathalie Turquey du pôle cold case de Nanterre en présence du mis en cause, un Seynois de 61 ans.

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Peggy Poletto Publié le 04/04/2025 à 07:30, mis à jour le 04/04/2025 à 08:26
Ginette Naime, une mère de famille seynoise, a été trouvée morte au Gros cerveau à Ollioules le 13 avril 2000. Son parcours entre le CCAS de La Seyne, une banque à Six-Fours et le lieu du crime est connu des enquêteurs. Photos ministère de l'Intérieur

Ginette Naime, 46 ans, une habitante de La Seyne, mère de trois enfants a-t-elle été victime d'un crime crapuleux, d'un crime d'opportunité commis par un toxico, à la vie d'errance dans les rues de La Seyne, prêt à tuer pour obtenir l'argent qui paiera sa came? 

Les aveux d'un ex-toxico

Dans l'ombre de ce cold case plane cette terrible question, à laquelle les enquêteurs de l’Office Central pour la Répression des Violences aux Personnes, doivent apporter une réponse en se déplaçant ce vendredi 4 avril 2025 sur les lieux du crime pour une mise en situation. 

Au lieu-dit du Gros Cerveau, sur les hauteurs d'Ollioules, une reconstitution judiciaire est organisée en présence du mis en cause et de la juge d'instruction Nathalie Turquey, des avocats de la défense et des parties civiles, sous haute surveillance policière. 

Le suspect principal, mise en examen en janvier 2025, pour "extorsion avec arme et meurtre précédé, accompagné ou suivi d'un autre crime" doit être transféré sur les lieux du crime ce vendredi 4 avril 2025. lors de sa garde à vue et de sa présentation devant la juge d'instruction Nathalie Turquey, Jean-Claude C. est passé aux aveux, minimisant les faits et écartant, selon nos informations, un acte volontaire.

Retour sur les lieux du crime

Le jeudi 13 avril 2000 vers 15h45, le corps inerte d’une femme est découvert par des promeneurs au lieu-dit du Gros Cerveau, à Ollioules. Médusés par la découverte macabre, dans ce lieu paisible de promenade en pleine nature, les témoins surprennent un homme, caché dans les buissons, près du corps sans vie de Ginette Naime, 46 ans, poignardée à de multiples reprises.

Sur place, un homme prend la fuite. Ses vêtements sont couverts de sang. Il se met au volant de la Seat Cordoba Aventure gris clair de la victime et démarre en trombe en prenant la direction du centre-ville d’Ollioules, racontent alors les témoins.

Ils décrivent le fuyard comme étant âgé d’une quarantaine d'années. L'identité de l'homme va rester mystérieuse pendant près d'un quart de siècle, laissant dans l'ignorance les trois enfants de l'auxiliaire du vie et ses proches qui sont désormais représentés par Me Bertrand Pin. 

Une priorité du pôle cold case

Le 1er juin 2022, quatre mois après la création du pôle "cold case" au tribunal judiciaire de Nanterre, le service spécialisé dans les crimes sériels et les affaires non élucidées s'empare de ce dossier classé. A deux reprises, le parquet de Toulon a classé sans suite les informations judiciaires ouvertes faute d'identification d'un ou de suspects. 

Jusqu'au 12 janvier 2025. Ce jour-là, un sexagénaire qui n'a jamais quitté La Seyne, ex-toxicomane vivant dans une situation misérable, expulsé de son logement, est placé en garde à vue à Toulon, avant d'être présenté devant la juge d'instruction Nathalie Turquey au pôle des affaires non élucidées de Nanterre. 

Le pôle des crimes sériels ou non élucidés du tribunal judiciaire de Nanterre (PCSNE) dispose d'éléments probants  (témoignages, ADN...) pour (enfin) entendre l'individu et ressusciter ce crime resté sans coupable pendant un quart de siècle. 

Mis en examen pour "extorsion avec arme et meurtre"

Qui a tué Ginette Naime, une quadragénaire sans histoire, et pour quelles raisons?

Face à l'affaire classée à deux reprises par le parquet toulonnais, les enquêteurs de l’Office central pour la répression des violences aux personnes se sont orientés vers une piste jamais abordée. Les morceaux du puzzle sont remis à plat. 

Au sein du pôle spécialisé, on rembobine les investigations jusqu'à la disparition de Ginette Naime. Si les enquêtes menées précédemment ont établi le parcours exacte de la victime avant son décès, l'exploration d'un mobile professionnel ou personnel n'ont pas permis de trouver le profil du meurtrier. 

Une piste a été éludée depuis le début: celle du crime de circonstances où Ginette Naime aurait été ciblée, par opportunité. Les investigations s'orientent alors vers des marginaux, des toxicomanes ayant pu traîner autour du centre d'actions sociales ce jour-là. 

Vingt-cinq ans après, le cercle se resserre autour de quelques hommes, puis d'un seul. Il s'appelle  Jean-Claude C., il est seynois et il n'a jamais quitté la commune. Depuis le décès de Ginette Naime, il n'a jamais fait parler de lui. Issu d'une fratrie de plusieurs enfants, il n'a plus aucun lien avec sa famille. Il a une vie de marginal imprégnée par la consommation de drogue et d'alcool.  

Agé de 36 ans au moment de la mort de la mère de famille, il a toutefois connu la prison. Son casier judiciaire mentionne une condamnation devant la cour d'assises à quatre ans d'emprisonnement pour des faits de séquestration et trafic de stupéfiants. À sa sortie de prison, il poursuit une vie chaotique de toxico, sans dominicile fixe, jusqu'à son interpellation en janvier 2025 dans un logement de misère. 

Les dernières heures de la victime

 

Ce 13 avril 2000, Ginette Naime est vue devant le CCAS de La Seyne à 14h30. Cette maman de trois enfants est auxiliaire de vie. Elle est domicilié près de la cité Berthe où elle vit avec son fils, le benjamin de la fratrie. Elle est assise dans son véhicule, côté passager avant et elle tape sur la vitre comme pour appeler à l’aide. La véhicule prend la direction de la rue du Docteur Roux.

Vingt minutes s'écoulent. A 14h50, elle fait deux retraits au distributeur à billets situé à l’extérieur de l’Agence BNP sur l’avenue de la République à Six-Fours. Un témoin a décrit un homme semblant la surveiller sur le trottoir d’en face.

Que s’est-il réellement passé entre ce retrait d’argent et la découverte de Ginette Naime, gisant dans son sang, lardée de plusieurs coups de couteau, sur les hauteurs d’Ollioules. Neuf lésions ont été constatées par l'examens médico-légal. La mise en situation, ce vendredi, pourrait éclairer sur la scène sanglante qui a eu lieu le 13 avril 2000 au Gros cerveau. 

Une nouvelle blessure pour les proches

Comme nous l'avait confiéMe Bertrand Pin, l'éventuelle résolution de cette affaire criminelle datant de 2000, "est à la fois une satisfaction de connaître l'identité du meurtrier de Ginette Naime et de le voir répondre de ses actes devant une cour d'assises, mais aussi une nouvelle blessure, un choc pour ses proches, après tant d'années sans réponse de la justice".

Bertrand Pin, avocat des proches de la victime Ginette Naime, assassinée le 13 avril 2000 à Ollioules. Photo P.P..

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