Le gérant du bar qui a enseveli un client dans du béton condamné à 30 ans de réclusion, le co-accusé part lui aussi en prison

Les deux hommes, l’un poursuivi pour meurtre et le second pour non-assistance et modification d’une scène de crime à Nice, ont été reconnus coupables, trois ans après les faits.

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Elodie Madoré Publié le 07/05/2025 à 22:22, mis à jour le 07/05/2025 à 22:22
Rue de France, les locaux de l’Atrium sont de nouveau proposés à la location, mais restent inoccupés à ce jour. Photo Frantz Bouton

Les excuses d’Abdelkrim Kacimi, tardives et jugées peu sincères, n’ont pas convaincu la partie civile et pas davantage l’avocat général Sébastien Eskander. Pour ce dernier, qui a requis 30 ans de réclusion criminelle avec une peine de sûreté portée aux deux tiers, ses remords semblaient plus liés aux conséquences qu’il subit qu’à la vie qu’il a ôtée. Abdelkrim Kacimi a tué M’hand Goumiri, dans la nuit du 6 au 7 février 2022, dans son bar L’Atrium, à Nice. Puis, avec l’aide du coaccusé Houari Bessah, il a dissimulé le corps dans un sarcophage de béton, construit dans la cave au lendemain du meurtre. La dépouille, déjà en état de décomposition avancée, n’est retrouvée que cinq mois plus tard.

L’intention au cœur des débats

En ce dernier jour d’audience, les débats ont principalement tourné autour d’une question: le gérant du bar avait-il l’intention de tuer? L’accusé, vraisemblablement aveuglé par la haine, nie farouchement avoir eu cette volonté. Il affirme qu’il voulait simplement "lui donner une leçon". Pourtant, ses propres mots – "je me suis acharné" – prononcés à plusieurs reprises lors de ses premières auditions, pèsent lourd. Aujourd’hui, il revient sur bon nombre de ses déclarations. Il affirme, par exemple, ne plus se souvenir d’avoir posé son pied sur la gorge de la victime. À l’inverse, le coaccusé Houari Bessah s’en souvient, bien qu’il n’a pas été simple pour lui de l’admettre à la barre.

Qu’importent ces revirements de dernière minute: pour l’avocat général, ils ne changent rien à l’évidence. "Dire aujourd’hui que c’est un accident frôle l’indécence", tranche-t-il. L’acharnement des coups, leur localisation sur la tête, le refus d’alerter les secours: tout cela, selon lui, démontre une intention ferme de tuer.

Une haine diffuse, un mobile flou

Tout comme les circonstances, le mobile exact reste difficile à cerner. Règlement de comptes? Racket supposé? Jalousie? Selon Me Lionel Ferlaud, avocat d’Abdelkrim Kacimi, "ce sont deux hommes qui, pour des raisons qui nous échappent, ne s’aimaient pas". Il rappelle que ce soir-là, c’est la victime qui a appelé l’accusé. "Où est l’intention machiavélique?", interroge-t-il. Pour l’avocat, il s’agit d’un drame humain, dans "une situation alcoolisée".

Un coaccusé en larmes

Houari Bessah sanglote, se confond en excuse, minimise sa responsabilité autant qu’il le peut. "Arrêtez de vous placer en victime", l’interrompt même la présidente, Anne-Valérie Lablanche. Il reconnaît avoir donné des "giflettes" à la victime, "pour la calmer". Dans ses premières dépositions, il s’agissait de coups de poing… L’agent de sécurité assure ne pas avoir voulu faire de mal, seulement contenir la situation. Mais ce sont ces petites claques qui feront saigner du nez M’hand Goumiri, lequel ira se nettoyer dans les toilettes. C’est là que l’accusé le rejoint, après avoir baissé le rideau du bar et évacué les clients. La victime tombe et finit par ne plus réagir à la pluie de coups qui s’abat sur elle. Les accusés se sont ensuite installés au bar et entendant le râle final se sont rués dans les sanitaires. Houari Bessah tentera finalement un massage cardiaque. C’est ce geste que son avocat, Me Alexandre De Vita, évoquera pour exclure le chef de non-assistance à personne en danger. Houari Bessah admet avoir aidé à descendre le corps à la cave, puis avoir nettoyé le sang. Il a donc bien modifié la scène de crime, mais sous la contrainte. S’il n’a pas appelé la police, explique-t-il, c’est parce qu’il avait "peur" et qu’Abdelkrim Kacimi, en possession d’une arme, lui avait dit qu’il ne voulait pas "d’autres témoins ". La crainte de disparaître à son tour.

Plaidoiries et ultimes explications n’ont pas convaincu la cour qui les a reconnus coupable l’un comme l’autre de ce pourquoi ils étaient accusés.

Ce sera trente ans pour AbdelKrim Kacimi et cinq avec mandat de dépôt pour Houari Bessah qui comparaissait libre. Des proches de la victime ont fondu en larmes à l’annonce du verdict. Mais ils devront faire face à une nouvelle épreuve, puisque Me Ferlaud a indiqué, d’emblée, son intention de faire appel. "Et là ce sera complètement différent", assure-t-il.

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