Elle s’avance à la barre d’un pas chancelant, soutenu par son fils et l’interprète en langue italienne. Cette résidente monégasque, victime de l’une des vagues d’appels malveillants survenues fin 2023, a accepté de témoigner lors du procès d'une Polonaise de 59 ans, condamnée ce lundi 24 mars 2025 à 3 ans de prison ferme et 20.000 pour avoir servi de coursière à un réseau de malfaiteurs.
Un courage salué par la première substitut du procureur, Valérie Sagné.
Ce matin d’octobre, elle reçoit un appel qui va la chambouler. "L’interlocuteur m’a dit que mon fils avait heurté une femme enceinte, que la juge le gardait et que je devais payer une certaine somme pour le libérer", débute-t-elle.
Faute de liquidités, elle remet des bijoux de famille stockés en sécurité dans un coffre-fort, estimés à environ 100 000 euros. "Je suis descendue. Il y avait deux hommes. L’un, avec un chapeau bleu, m’a dit ‘‘code bleu’’. Je leur ai donné le sachet de bijoux, ils ont disparu. Tout est allé tellement vite, je craignais pour cette femme. J’ai eu peur", lâche-t-elle, encore éprouvée par cet épisode.
"Ils ne répondent que très peu au téléphone car ils n'ont plus confiance"
Me Robin Svara, avocat d’un couple victime du même scénario à hauteur de près de 400 000 euros de bijoux (butin d’abord estimé à 500 000 euros), a livré le sentiment de "honte" qui habite ses clients. "Aujourd’hui, il reste surtout la peur. Ils sont absents à la barre car ils craignent des représailles. Quelqu’un connaît leur adresse, des détails sur leur vie personnelle. Ils sortent beaucoup moins, voire plus du tout. Ils ne répondent que très peu au téléphone car ils n’ont plus confiance", déclare-t-il, avant de solliciter, comme la première victime, des dommages et intérêts.
Ils seront déboutés de leur demande, le tribunal n’ayant pas eu la démonstration que la prévenue, interpellée le 13 décembre 2023 et poursuivie pour tentative d'escroquerie, appartenait déjà au réseau de malfaiteurs à ce moment-là. "Ce qui n’enlève en rien à votre qualité de victime et au fait que le tribunal est relativement persuadé qu’il s’agit du même groupe", justifie le président du tribunal correctionnel de Monaco, Florestan Bellinzona.
commentaires