Interpellés au Fairmont pendant le Grand Prix de Monaco, un dealer et deux consommateurs condamnés à des peines de prison

Affaire banale de stupéfiants en l'occurrence. Mais révélatrice des mécanismes de ventes illicites perpétrées pendant le Grand Prix de F1 à Monaco.

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Jean-Marie FIORUCCI Publié le 17/06/2025 à 12:48, mis à jour le 17/06/2025 à 13:01
Les trois prévenus ont été interpellés à l’hôtel Fairmont, dans la discothèque éphémère "Le Disc’Up", en pleine nuit de Grand Prix. Photo Jean-François Ottonello

Seraient-elles les "victimes collatérales" de l'exultation éperdue déployée pendant le week-end du Grand Prix de F1? Trois détenus sont récemment arrivés, menottés, dans le box afin d'être jugés en comparution immédiate pour infraction sur les stupéfiants.

Il s'agit d'un serveur maralpin, quadragénaire, poursuivi pour détention, cession de cocaïne et d'herbe. Sa cupidité financière aura causé sa perte. À ses côtés, une professeure de pilates berlinoise de 33 ans et un trader de 26 ans résidant à Vilnius, également prévenus pour détention et acquisition de ces mêmes substances aux fins d'usage personnel.

L'affaire était déclenchée le dimanche 25 mai, vers 3h20, par les services de sécurité de l'hôtel Fairmont. Un individu se livrerait à des transactions suspectes au sein de la discothèque éphémère "Le Disc'Up".

Une fois sur place, les policiers ont interpellé ces trois personnes et découvert des pochons contenant 0,75 g de cocaïne dissimulés dans les vêtements du barman. À l’intérieur du sac à main de l'Allemande, 0,50 g et deux billets de 50 euros roulés conditionnaient les rails de coke. Quant au Lituanien, il était paré en pétards pour la nuit. Outre les 58 g saisis, il détenait vingt-sept cigarettes d'herbe, 565 euros et 200 dollars.

Aux interrogations du président Thierry Deschanels*, les deux étrangers ont affirmé n'avoir aucun problème avec les stupéfiants. Ils ont admis toutefois une consommation épisodique en quête d'évasion et d'ivresse, uniquement dans le cadre festif.

"J'étais saoule, avoue la coach perturbée par les jours passés à la Sûreté publique. Quand on m'a proposé d'acheter la coke, je n'ai pas réagi…" Le trader n'a pas véritablement souvenance d'une transaction: "J'avais consommé énormément d'alcool…" En revanche, ils sont unanimes pour dénoncer les propositions du serveur.

Ce véritable contempteur des bonnes mœurs a reconnu son activité illicite.

"C’est bien l’argent qui l’intéresse et pas la drogue"

"C'était pour financer mon projet de société." Un rapide calcul démontre un négoce assez lucratif. 120 cigarettes, confectionnées avec 18 g de cannabis acheté 150 euros à Cogolin dix jours auparavant, ont produit un rendement bénéficiaire de 2.400 euros.

- "Quels sont les gains avec la cocaïne?", a poursuivi le magistrat.
- "Je me fournis à Nice et le pochon coûte 300 euros. J'ai profité du championnat automobile à Monaco pour gagner plus que mon cachet en créant la veille un groupe WhatsApp…"
- "Vous avez une déontologie à deux vitesses. Ce n'est pas bien, mais vous n'hésitez pas à vendre joints et sachets en faisant appel aux services bancaires d'un compte Revolut et un QR code pour encaisser les paiements…"

Le parquet général a estimé que les deux étrangers, en tant qu'acheteurs et consommateurs, ont participé à cette action délétère. "Pourtant, ils ne comprennent pas leur présence devant ce tribunal. Je sollicite trois mois assortis du sursis et l'interdiction de paraître en Principauté pendant cinq ans. Pour madame, 1.000 euros d'amende. Pour monsieur, 5.000 euros. Les attentes financières pour l'auteur du trafic sont considérables, avec un fichier clients et un mode de paiement. C'est bluffant! Cela va lui coûter cher: dix mois ferme avec maintien du mandat d'arrêt, cinq ans d'interdiction de territoire, la confiscation des stupéfiants, de l'argent, du téléphone."

Les avocats chargés de défendre les prévenus vont insister sur la coopération de leur client, la reconnaissance des faits, leurs casiers vierges et des quantums requis conséquents. Me Clyde Billaud, pour le Lituanien, a rappelé "sa forte alcoolisation et sa bonne insertion sociale comme professionnelle". Me Erika Bernardi a trouvé "cher payé pour l'infraction. Les billets, ce n'est pas de l'argent sale". Enfin, Me Eva Barilaro-Fabre a évoqué "un serveur travailleur qui cumule journée et soirée pour mener à bien son projet. C'est bien l'argent qui l'intéresse et pas la drogue".

Le tribunal a prononcé une peine de cinq mois ferme pour le serveur, un mois avec sursis pour chaque étranger et pour l'ensemble une interdiction de paraître à Monaco pendant cinq ans, plus la confiscation des scellés. Quand l’intensification des sensations artificielles, ne développe pas l’imagination…

*Assesseurs: Maxime Maillet et Patrice Fey.

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