La scène avait cumulé des millions de vues sur les réseaux. Et entraîné par la même occasion beaucoup de bruit en Principauté en période de Grand Prix. En ce samedi 25 mai 2024, jour de qualifications pour les pilotes de F1, c’est un accident hors circuit qui a mobilisé les sapeurs-pompiers de Monaco. Quelques mètres seulement derrière les tribunes qui longent le S de la piscine, un bateau s’est violemment échoué sur un ponton situé sur l’extension nord du quai Jules-Soccal. Plus de peur que de mal, deux personnes ont échappé de peu au pire, frôlés par l’engin de près de deux tonnes lancé à toute vitesse.
"La moindre des choses est de dire j’ai merdé"
Ce mardi, c’est le pilote de l’embarcation, responsable des faits, qui comparaissait devant le tribunal correctionnel pour être jugé. "Vous conduisiez un semi-rigide pour transporter une douzaine de passagers du port de Fontvieille au port Hercule, introduit le président du tribunal correctionnel, Florestan Bellinzona. Il est 16h40 lorsque vous faites le choix d’accoster à bâbord car plus rapide alors que le bateau est équipé de l’autre côté."
La suite, c’est un enchaînement de "négligences" de la part de ce capitaine employé par une société privée. Le cinquantenaire, résidant à Saint-Raphaël, se serait défait du système de lanière de sécurité qui le rattachait au bateau et qui prévoit l’arrêt du moteur en cas, par exemple, d’accident en mer. Pire. En faisant le choix d’amarrer de l’autre côté que celui initialement prévu, une simple mauvaise manipulation a fait se tendre la corde qui retenait le bateau depuis le quai, tenu à la force des bras par le pilote. La corde tendue, à proximité du boîtier de commande, a actionné la manette faisant accélérer l’embarcation sans personne à bord.
Hors de contrôle, le semi-rigide a foncé à toute allure sur le ponton. "Quand on a deux secondes de bon sens, votre comportement est stupide", lance au prévenu face à lui le président Bellinzona. Avant de rappeler la réglementation maritime à laquelle le pilote ne s’est pas plié. "On a eu énormément de chance qu’il n’y ait pas de victimes." "C’était un accident", plaide le mis en cause, aussitôt repris par le procureur général adjoint. "Ce n’était pas un accident, interrompt Morgan Raymond, qui s’est exprimé plus longuement après l’allocution du président. Il faut reconnaître sa responsabilité. Le choix de l’accostage et du mauvais côté, ne pas avoir coupé le moteur. La moindre des choses, c’est de dire ‘‘j’ai merdé’’. ‘‘Oui j’ai fait n’importe quoi et j’ai mis en jeu la vie de certaines personnes.’’ On connaissait les rodéos urbains, grâce à vous, on connaît désormais les rodéos maritimes."
6.000 euros d’amende et plus de 230.000 euros de dédommagements réclamés
Après délibérations, il a été décidé d’infliger une amende de 6.000 euros au prévenu, suivant les réquisitions du ministère public. Son casier judiciaire, faisant état de plusieurs suspensions de permis – de voiture – pour conduite sous l‘empire d’un état alcoolique, a également été pris en compte.
En revanche, la question de l’indemnisation du propriétaire d’un bateau endommagé lors des faits, constitué partie civile, reste en suspens. À ce stade, un accord à l’amiable est toujours espéré, sans quoi un renvoi sur intérêt civil a été fixé au 24 octobre de cette année. Le jeune propriétaire de l’embarcation réclame plus de 230.000 euros de préjudice.
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