Serait-ce l’ultime espoir ? Dans l’esprit d’Axel Wiesner, le château Robert a retrouvé la peau lisse de sa jeunesse flamboyante des années 1870. "En empruntant le canal de la Siagne, [...] il serait possible de relier le moyen pays grassois au parc du Paradou, avec son élégant château Robert [à Vallauris]", rêve tout haut le président de l’association Avenir 06 dans son court texte I have a dream.
Finies, la décrépitude humide et les fissures qui, peu à peu, rongent la structure de cette bâtisse en ruine, longtemps propriété de richissimes particuliers, et aujourd’hui aux mains de la mairie. Le sexagénaire imagine, entre ces murs, le "siège d’un centre de recherche sur les enjeux de l’eau, de la qualité des sols et de l’adaptation du vivant au changement climatique de la Côte d’Azur".
Quant au parc du Paradou, qui entoure le château et relève de la gestion du Conservatoire du littoral, l’inspiration vient du Jardin des Méditerranées – qu’il a visité, l’année dernière, en compagnie du maire, Kevin Luciano – situé sur la commune du Rayol-Canadel-sur-Mer. "On pourrait très bien y cultiver un jardin d’acclimatation", suggère-t-il, afin de lutter contre le changement climatique et "préserver des paysages avec les arbres de demain".
Une réhabilitation chiffrée "en dizaines de millions d’euros"
Dossier ficelé deux ans durant sous le bras, Axel Wiesner s’apprêtait à donner une conférence, le 10 mai dernier, dans la salle municipale des fêtes. Mais c’était sans compter sur le refus in extremis de la municipalité de Vallauris, officiellement pour un conflit d’agenda. Excuse difficile à avaler pour le président d’Avenir 06: "Le château Robert est un sujet gênant pour le maire. Après l’avoir longuement sollicité sur cette question par le passé, des comptes doivent être rendus. L’arrivée de la campagne électorale offre une fenêtre idéale pour relancer la machine."
Et peut-être réussir là où ces prédécesseurs ont échoué? Thalassothérapie, musée… L’ancienne maire, Michelle Salucki, comme le défenseur du patrimoine Florian Coz de Ploesquellec (1) avaient, eux aussi, exposé leurs idées et cherché des financements pour sauver le château [notre édition du 10 novembre 2024]. Sans succès.
Interrogé sur le sujet, l’actuel édile met en avant l’ampleur d’un chantier hors de portée pour la commune: "Le problème, c’est que la réhabilitation effective du château se chiffre en dizaines de millions d’euros. De loin, la façade est belle. Or, on n’a pas affaire à des matériaux qualitatifs, comme on pourrait le penser, mais à du béton très dégradé. Il n’y a plus de structure, plus de planchers… tout est effondré." Et d’ajouter, résigné: "Vous avez le périmètre de la loi Littoral, qui empêche un certain nombre d’aménagements, des contraintes environnementales fortes, et une enclave minuscule, sur laquelle il est pratiquement impossible d’intervenir."
Avoir une place "à la table des négociations"
Unique issue envisageable, selon lui? "Je pense que la solution — j’ai essayé de discuter avec eux, mais c’est difficile — serait de dire au Conservatoire du littoral [à qui l’ancienne municipalité a cédé, en 2019, les sept hectares du parc du Paradou] : reprenez-le et valorisez-le. Je ne désespère pas qu’on parvienne à un accord." Une cession qu’Axel Wiesner juge pour sa part très peu probable, car "hors mission".
Et de prouver ses dires avec cette réponse du conservatoire, reçu par mail début juin : "Le Conservatoire du littoral a toujours refusé d’acquérir ou de se faire céder gratuitement le château car il représente une charge financière bien trop importante pour l’établissement dont la mission est la préservation de l’espaces naturel (c’est ce que nous avons fait sur le Parc)."
Avec la naissance, en début d’année, du collectif Les Amis du Pacharo – pour "parc et château Robert" – et la possible création d’une association, il entend faire vivre le projet dans la durée. "C’est le seul moyen d’avoir une place à la table des négociations." Quid de l’Everest financier que constitue l’édifice? "Il faut avancer doucement, million après million, dans le cadre d’une solution pluriannuelle et multi-acteurs, en impliquant la société civile aux côtés des institutionnels et des professionnels du vivant ", ambitionne Axel Wiesner, indiquant avoir déjà contacté la fondation Stéphane Bern. En attendant, faute d’avoir pu le présenter aux citoyens, le projet complet a été mis en ligne sur avenir06.org.
1. Florian Coz de Ploesquellec soutient le projet d’Axel Wiesner et est devenu membre du collectif des amis du Pacharo et de l’asso Avenir 06.
Pour adhérer ou en savoir plus sur le collectif Pacharo, contacter : les.amis.du.chateau.robert@gmail.com
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