Cela fait plusieurs éditions du Festival que certains confrères glissaient entre deux séances et trois interviews, "Il faut que tu voies ce film de Sorogoyen, c’est une merveille", "Si tu as aimé As Bestas, tu vas adorer Que Dios nos perdones, tu me diras"… Ces confrères ayant un œil sûr, on s’est laissé convaincre sans trop de difficultés. Et on a compris, d’un coup, l’avalanche de prix récoltés par le cinéaste espagnol.
A 43 ans, Rodrigo Sorogoyen n’est pas un inconnu dans le milieu. Avec quatre séries télé et six longs-métrages à son actif, l’homme est du genre hyperactif. Certains diront même qu’il incarne le renouveau du cinéma espagnol, une sorte de filiation avec un certain Pedro Almodovar. Excusez du peu mais lui semble préférer un rôle de révélateur de talents.
Président du jury de la Semaine de la Critique cette année, son rôle, il le voit comme un "soutien envers la jeune génération de cinéastes et croit en elle. Une section parallèle qui n’accepte que les courts métrages et les premiers et deuxièmes longs métrages nous permet de lancer et de renforcer la carrière des jeunes cinéastes d’une manière unique. S’il n’y avait pas d’espaces comme celui-ci, nous continuerions à récompenser, à projeter et à donner la parole uniquement à des trajectoires consolidées et nous passerions à côté des préoccupations et des formes qui émergent".
La face sombre de l'humain
Tout est dit, dans ce communiqué. Rodrigo Sorogoyen est un réalisateur aux films intelligents, explorant les tréfonds de l’âme humaine dans tout ce qu’elle a de plus sombre et poisseuse. Un cinéaste que la société intrigue et qu'il dépeint de façon quasi journalistique. Dans Que Dios nos perdone, le cinéaste met en scène la traque d’un tueur en série qui s’en prend aux vieilles dames. Pour El Reino, il nous plonge dans un monde politique espagnol, corrompu jusqu’à la moelle.
Avec Madre, on suit une mère de famille dans l’impossibilité de faire le deuil de son enfant et qui va aller vivre à l’endroit même où celui-ci a disparu. Enfin, avec As Bestas, on débarque en Galice où un couple de français incarné par Denis Ménochet et Marina Foïs, s’installe pour pensent-ils, vivre une vie simple et tranquille. Hormis Madre, chacun des films de Sorogoyen a été primé : César, Goya, Festival de San Sebastian, de Malaga… Inutile de préciser qu'il y a de bonnes raisons à cela.
En février dernier, il a débuté le tournage de son nouveau long métrage El Ser Querido. Sa dernière série Los años nuevos tournée en partie en France sera quant à elle, diffusée courant 2025 sur Arte. Quand on vous disait qu'il y a de bonnes raisons de se repencher sur son cas...
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