La volonté "de tuer une femme, de l'effacer, de l'annihiler, de la châtier": le féminicide de Chahinez, brûlée vive à Mérignac, devant les assises lundi

"Je voulais la cramer": l'ex-mari de Chahinez Daoud, brûlée vive en 2021 dans la rue où elle habitait à Mérignac après avoir été blessée par balles, est jugé pour assassinat à partir de lundi par la cour d'assises de la Gironde.

AFP Publié le 22/03/2025 à 13:00, mis à jour le 22/03/2025 à 13:00

Mounir Boutaa, 48 ans aujourd'hui, était sorti de prison fin 2020 après avoir été condamné pour violences conjugales - strangulation et menaces avec un couteau.

L'ouvrier maçon avait interdiction d'entrer en contact avec son épouse, qu'il avait connue en Algérie en 2015, mais leur vie commune avait repris jusqu'à de nouvelles violences en mars 2021.

Cette femme de 31 ans, mère de trois enfants dont deux issus d'une première union, avait alors déposé une plainte, mal enregistrée par la police. Elle ne disposait pas de téléphone grave danger et son conjoint ne s'était pas vu attribuer de bracelet anti-rapprochement à sa remise en liberté.

Durant les deux mois suivants, "il y a eu une traque, un harcèlement, une surveillance quasi quotidienne", relate l'avocat des parties civiles, Me Julien Plouton, avant le procès prévu jusqu'à vendredi à Bordeaux.

"Et puis, quelques jours avant le passage à l'acte, il y a une accalmie. Elle ne le voit plus, elle recommence à sourire, selon ses voisins. C'est le calme avant la tempête et ce déchaînement de violences inhumain", poursuit-il.

"Annihiler"

Le 4 mai 2021, l'accusé gare près du domicile familial un véhicule qu'il a aménagé avec des cartons et des rideaux pour observer discrètement l'extérieur. Il y passe la journée à scruter les allées et venues de sa femme, avant de s'en prendre à elle.

Il lui tire dans les cuisses avec un fusil, l'asperge d'essence et met le feu, filmant une partie des faits avec son téléphone. Un voisin ayant entendu hurler tente de s'interposer, puis d'éteindre les flammes avec une autre témoin, en vain.

Le corps de la victime est retrouvé presque entièrement carbonisé, la tête dans le caniveau.

Pour Me Plouton, Mounir Boutaa, jugé pour assassinat, a eu "la volonté non seulement de tuer quelqu'un" mais aussi "de tuer une femme, de l'effacer, de l'annihiler, de la châtier".

L'homme est arrêté peu après. En garde à vue, il affirme d'emblée qu'il voulait "la cramer", "pour tout le mal qu'elle et la justice (lui) ont fait" en le faisant condamner, à tort selon lui.

Il ajoute avoir voulu "la punir", "lui laisser des traces" en la brûlant "un peu", "lui faire la peur de sa vie" mais nie avoir voulu la tuer, sans quoi "il lui aurait explosé le cerveau" en tirant.

"Défaillances"

"Ce qu'il conteste principalement, c'est la préméditation de son acte", ont déclaré à l'AFP ses avocates, Me Anaïs Divot et Me Elena Badescu, soulignant également que "les trois experts psychiatres qui ont expertisé M. Boutaa retiennent une altération de son discernement au moment des faits".

"Quand il est venu en Algérie demander sa main, je croyais que c'était un ange (...) mais un an après, quand ma fille est rentrée en France, il a commencé à la violenter, raconte le père de la victime, Kamel Daoud. Elle ne disait rien, elle le cachait au début".

Chahinez était "gentille, sportive, elle aimait les gens. Jamais elle ne se mettait en colère. Contre personne. Son bonheur, c'était ses enfants", ajoute la mère, Djohar.

Après la mort de leur fille, ils sont venus en France s'occuper de leurs trois petits-enfants, âgés aujourd'hui de 16, 11 et 8 ans.

Une inspection diligentée sur les conditions de remise en liberté et le suivi de l'ex-mari a relevé une série de "défaillances", tandis qu'une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) pointait fautes et erreurs d'appréciation.

Cinq fonctionnaires ont été sanctionnés, dont le directeur de la police en Gironde et le commissaire de Mérignac en fonction à l'époque.

Les deux responsables avaient omis d'informer leur hiérarchie et la mission d'inspection que le policier ayant mal enregistré la plainte de la victime, le 15 mars 2021, venait lui-même d'être condamné pour violences conjugales - il a été radié.

Parallèlement à la procédure pénale, la famille a lancé une requête en indemnisation pour "faute lourde" contre l'État.

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