"Un acte de lâcheté ". Le président du refuge pour animaux de Roquebrune-sur-Argens, l’AVSA (1) n’en revient toujours pas, au lendemain matin d’un agissement qui a sidéré toute l’équipe. Laurent Gregoriou lance la vidéo une énième fois, mais c’est toujours la même consternation devant ce qu’a enregistré la caméra de surveillance de l’entrée.
On y voit un acte "lamentable, abject et tellement triste", écrira-t-il sur le premier post Facebook à ce sujet. "Ca s’est passé dimanche soir. On voit un garçon d’environ 10 ou 12 ans arriver avec son chien et ouvrir un box pour y déposer son animal, décrit-il, en montrant l’action du doigt. On s’est aperçu ce lundi matin qu’on avait ce chien en plus, qui n’a pas arrêté de pleurer dans sa cage. Alors on a décidé, en début de matinée, de poster cette vidéo sur notre page pour un appel à témoins, et retrouver les auteurs de ce lâche abandon."
Assez rapidement, les internautes réagissent et commentent abondamment. "Quelle tristesse", exprime Roberta Conti. "À vomir", ajoute Cécile Savini, entre autres réactions outrées. À la question d’une internaute ‘‘Comment se fait-il que ce garçon ait accès au box, ne devait-il pas être fermé?’’, le président de l’AVSA explique que "trois boxes ‘‘dépose-minute’’ sont toujours ouverts, sur nos horaires de fermeture, pour la police, lorsqu’elle trouve un chien perdu."
"Pourquoi envoyer un enfant pour faire cela?"
Une question qui en appelle une autre pour Laurent Gregoriou: "Ces gens savaient manifestement où l’on garde ces fameux boxes ouverts, comme s’ils étaient venus sur place auparavant pour repérer l’endroit!"
Mais le plus grand mystère, pour le président de l’AVSA, réside dans la raison inconnue qui a poussé les parents à envoyer leur enfant pour déposer le chien. "Pourquoi l’envoyer lui, surtout si l’animal est censé être dangereux avec les enfants, puisque c’est ce qui est écrit dans le petit mot qui a été accroché à l’entrée du box..."
Sur un papier retrouvé là, il est en effet écrit: "Bonjour, je m’appelle Atila, je suis née le 28 décembre 2024, j’ai mordu un de mes petits maîtres et ma famille ne peut plus me garder. Belle vie à toi" avec un cœur dessiné, puis il semble avoir été ajouté, avec un stylo différent, "Geste d’amour", peut-être plus tard, histoire d’insister sur la prétendue bonté du geste, comme si le père ou la mère était déjà pris de remords...
"Alors bien sûr, on préfère ça à un abandon en pleine forêt, tempère-t-il. Et maintenant que nous l’avons, on va bien entendu très bien s’en occuper. On va tout faire pour tenter de lui trouver une famille digne, aimante et responsable."
Mais hors de question, pour lui, de laisser ce geste impuni. "Nous avons rendez-vous à la gendarmerie mardi matin. L’abandon est un acte puni par la loi Dombreval de 2021 de 3 ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende. De plus, un chien de même pas un an ne mord pas à cet âge-là. Elle n’a pas arrêté de gémir toute la matinée. Pas pucé, sans collier, on ne sait rien de ce chien! C’est donc d’autant plus difficile de lui trouver une famille d’accueil avec si peu d’info sur Atila. On ne sait même pas si elle est vaccinée, alors on va le faire, avec une visite chez le vétérinaire. Des frais auxquels son ex-famille se soustrait... C’est une honte. Notre refuge regorge de chiens abandonnés. Quand allons-nous prendre conscience qu’adopter un chien est une lourde responsabilité?"
L’intérêt du chien prime sur tout, pour le président de l’AVSA: "Notre démarche d’appel à témoin n’est pas tant pour punir les auteurs de ce lâche abandon que pour en savoir plus sur les raisons qui les ont poussé à l’abandonner et afin de mieux connaître cette chienne. C’est la meilleure façon de lui faire vite retrouver une famille."
1. Association varoise de secours aux animaux.
Contact: page Facebook "AVSA refuge de Roquebrune-sur-Argens".
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