Agression du petit Kenzo lors du match Ajaccio-OM: violences en tribune, démenti des supporters corses, condamnations unanimes... on fait le point

Le petit garçon de 8 ans, atteint d'un cancer du cerveau était invité par l'OM pour assister au match contre l'ACA à Ajaccio samedi 3 juin. Lors de la rencontre il a été violemment pris à partie avec son père par des supporters corses. Alors qu'une enquête est en cours pour identifier les agresseurs et qu'Emmanuel Macron a demandé des sanctions, voici ce que l'on sait.

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La rédaction Publié le 06/06/2023 à 18:00, mis à jour le 06/06/2023 à 18:00
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Le petit Kenzo dans les bras de son père et accompagné de son petit frère et de sa maman. Photo AFP

C'est le samedi 3 juin qu'a eu lieu la rencontre entre Ajaccio et l'OM. Le petit Kenzo, 8 ans est invité par l'équipe marseillaise pour assister au match qui se déroule en Corse, en compagnie de son petit frère et de ses parents. 

Le petit garçon atteint d'un cancer du cerveau avait fait part il y a quelques mois de son rêve, de venir soutenir son équipe préférée, à l'association "Des coccinelles rouges pour Thomas". Son vœu a finalement été réalisé. C'est donc le sourire jusqu'aux oreilles, qu'il arrive dans les loges du stade François-Coty d'Ajaccio en arborant fièrement les couleurs de l'OM sur son maillot. 

Mais c'est alors que ce jour exceptionnel prend une toute autre tournure. La famille originaire des Bouches-du-Rhône, est violemment prise à partie par des supporters d'Ajaccio qui se sont introduits dans les loges où ils se trouvaient. Les supporters ont brûlé le maillot de l'OM du petit garçon et agressé physiquement son père qui tentait de protéger Kenzo. 

"Il a perdu confiance, il a très peur, ça l'a vraiment traumatisé"

La maman de Kenzo raconte: "ils ont crié: 'Le fils de pute, il a le maillot de l'OM, il faut qu'on le nique, détaille Amandine, au micro de France Bleu Provence. Je leur ai dit : 'C'est de mon fils que vous parlez comme ça? Vous rigolez, c'est un enfant de 8 ans, il a un cancer!'".

Toujours selon la mère de Kenzo, les individus s'introduisent alors dans la loge. "Ils m'ont marché dessus, ils sont passés, ils étaient quinze alors, je ne pouvais rien faire. Ils sont montés (...), ils ont mis deux coups de poing dans le visage de mon mari, poursuit-elle. Ils ont poussé mon fils donc il est tombé et il a tapé tout le visage sur la barre en fer du siège." Selon son témoignage, ces supporters ont arraché les maillots puis les ont brûlés. 

"On l'a retrouvé sanglotant, tremblant, j'ai vraiment eu très très peur pour lui", confie Laurent, le père de Kenzo. "Il a perdu confiance, il a très peur, ça l'a vraiment traumatisé", ajoute-t-il. "Traumatisé", "choqué"... voilà l'état dans lequel se trouve le petit Kenzo qui ne veut plus se rendre au Stade. Le petit garçon a mis tous ces maillots au fond d'une valise par peur d'être à nouveau agressé en raison de l'équipe qu'il soutient au football, confie sa maman auprès de nos confrères. 

Les supporters corses démentent la version des parents, le club s'excuse

De son côté, le président de l'AC Ajaccio, Alain Orsoni, a condamné "avec la plus grande fermeté", sur franceinfo dimanche, la "folie absolue" des agresseurs. "Je présente au nom du club toutes mes excuses au papa et à la maman et au petit garçon". Il a précisé que Kenzo et ses parents ont pu, après la rencontre, "s'approcher des vestiaires" pour voir les joueurs de près.

Cependant, les supporters semblent vouloir donner une version différente. Le président du groupe de supporters, Lisandru Leca a contesté le récit fait par les parents mais a tout de même confirmé l'agression du père de famille.

"C'est le père qui portait le maillot de l'OM et qui narguait les supporters en dessous. Alors effectivement, quelques personnes assises en tribune Faedda sont montées, ont porté deux coups de poing au père pour lui faire enlever le maillot avant de redescendre avec la tenue. Cent personnes en tribune sont capables de témoigner en ce sens. Le groupe des Orsi Ribelli compte bien clarifier la situation", a-t-il déclaré. 

Une enquête pour "violences en réunion" ouverte 

Samedi 3 juin, "un groupe de trois à quatre personnes" a été identifié, ils ont "rejoint les loges occupées par Kenzo et ses parents et son frère", a indiqué Nicolas Septe, le procureur d'Ajaccio dans un communiqué.

Joint par France Bleu RCFM, ce dernier a qualifié l'agression de Kenzo "d'abjecte et d'inacceptable" et a demandé la mobilisation de toutes les délégations pour identifier les auteurs "de ces faits inqualifiables". 

Le procureur d'Ajaccio a affirmé qu'une enquête avait été ouverte pour "violences en réunion". "Pour l'instant, il n'y a pas eu d'interpellation", a-t-il ajouté lundi soir. 

"On a demandé que tous les moyens soient mis en œuvre pour identifier les auteurs de ces faits inqualifiables dans les plus brefs délais", a expliqué le procureur. "Un travail d'identification des auteurs sur les images et de recoupement avec les témoignages est en cours", a-t-il précisé, estimant que l'enquête allait évoluer "assez rapidement".

Un acte "inqualifiable", "un choc"... Les réactions se multiplient 

Au sein du monde du sport et plus particulièrement du football, c'est l'état de choc qui prédomine. Le président de la République Emmanuel Macron a réclamé lundi la plus grande fermeté face à cette agression et des sanctions "claires" et "fortes" contre les responsables.  La ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra s'est entretenue longuement au téléphone avec le petit Kenzo et sa famille. "Ce qui m'importe, c'est que l'on redonne le sourire à ce petit garçon", a-t-elle indiqué auprès de nos confrères de franceinfo. 

La ministre a souhaité "que toutes les personnes qui ont été à l'origine de ces violences absolument inacceptables ce week-end soient punies à leur juste mesure (...) j'ai vraiment envie qu'on éradique cette violence dans les stades, et que plus jamais des petits garçons, des petites filles, avec leurs parents, aient peur d'être dans un stade, aient peur de vivre leur passion, de soutenir leur équipe".

"Quel genre de malade mental fait ça?", s'est aussi interrogé lundi le président de l'OM Pablo Longoria. "Ça a été un des moments les plus durs et les plus tristes de la saison", a-t-il estimé lors d'une longue conférence de presse. "Ça m'a fait un choc (...) Je ne peux pas comprendre qu'on agresse un enfant, ça n'est pas humain. Ça te fait te poser des questions sur le foot, qui doit normalement transmettre du bonheur", a ajouté le dirigeant espagnol.

"J'ai vu ce petit qui tremblait et je me suis demandé ce que je faisais dans ce sport et dans cette société", a confessé Longoria, évoquant des "failles de sécurité" au stade François Coty. "Il est venu voir les joueurs à la fin, on a essayé de lui donner au moins un petit moment de joie. Et on va faire le maximum pour que lui et son frère passent un bon moment à suivre son équipe", a encore déclaré le président de l'OM.

Le maire de Marseille, Benoît Payan, a indiqué lui qu'il n'avait "pas de mot pour décrire cette scandaleuse agression" de Kenzo. Le maire d'Ajaccio, Stéphane Sbraggia, a exprimé sur Twitter son indignation face à des "actes qui témoignent d'une inquiétante perte de valeurs".

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