"Grâce à eux, j’ai pu retrouver mon fils": rescapé d’une terrible chute lors de l’Étape du Tour, il veut remercier ceux qui l’ont sauvé
Nicolas de Saint-Rémy a frôlé la mort, le 6 juillet 2024, victime d’une terrible chute sur l’Étape du Tour. Dix mois plus tard, il raconte sa résurrection, pour dire sa gratitude à ceux qui lui ont offert « une seconde chance ».
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Christophe CironePublié le 14/05/2025 à 07:15, mis à jour le 14/05/2025 à 07:15
Nicolas de Saint-Rémy, place Garibaldi à Nice, montre le casque de vélo qui témoigne du terrible choc qu’il a subi. Photo Christophe Cirone
Ce matin-là, Nicolas de Saint-Rémy fête ses 48 ans. Pour beaucoup, c’est une étape. Pour lui, c’est une victoire. Il est en vie. Et c’est déjà beaucoup. Un jus d’orange pressé, une table en terrasse, la place Garibaldi baignée de soleil: le bonheur tient dans ces petits riens.
Nicolas de Saint-Rémy savoure, dix mois après l’Étape du Tour. Le samedi 6 juillet 2024, ce Niçois d’adoption a failli y laisser la vie. Des dizaines de cyclistes amateurs ont chuté lors de cette course calquée sur le Tour de France. Il est l’un des deux blessés graves. Un rescapé, quasi miraculé. Sa reconstruction est loin d’être achevée. Mais aujourd’hui, il veut "rendre hommage aux services de secours et services de soins, grâce à qui je peux avoir des projets, retrouver mon fils de 6 ans et profiter des belles choses de la vie."
Nicolas de Saint-Rémy n’aurait pas dû prendre le départ de l’Étape. Il a profité d’un désistement de dernière minute. Un nouveau défi pour ce sportif accompli. En 2009, il a quitté l’Auvergne pour venir diriger le Nice Côte d’Azur Athlétisme. Il pratique régulièrement le vélo, a une silhouette longiligne, un rapport poids-puissance optimal et une hygiène de vie irréprochable. Surtout, il est "d’un naturel très prudent en descente". Pas là pour risquer sa peau.
"On pensait qu’il était mort"
Ce 6 juillet 2024, Nicolas de Saint-Rémy participe à sa première grande course cycliste, grâce à un désistement de dernière minute.
Photo Sportofraf.comSportograf.com / Nice Matin.
Ce matin-là, Nicolas de Saint-Rémy, dossard 5992, rejoint 12.500 coureurs quai des États-Unis. Au menu: 138km, quatre cols et 4600m de dénivelé positif. La suite? Trou noir. "J’ai tout reconstruit avec ce qu’on m’a raconté." Il le doit notamment à Marc, 59 ans. "Je suis sa mémoire", sourit ce cycliste niçois présent à ses côtés quand survient l’accident, dans la descente du col de Turini.
"On roulait tranquillement en descente, pas vite. Il est tombé juste devant moi. J’ai entendu son casque heurter le sol." Marc met pied à terre avec deux autres coureurs pour le mettre en sécurité. Il fait signe aux autres de ralentir. Le blessé est inconscient. "Il était déjà mou comme un pantin, du sang coulait de son casque. On pensait qu’il était mort."
"Humanité et bienveillance"
L’hélicoptère du Samu 06 évacue Nicolas de Saint-Rémy, pronostic vital engagé, vers l’hôpital Pasteur 2. Une semaine en réanimation. Puis une autre en soins intensifs. Transfert à l’Archet 2.
Le blessé sort du coma. Mais il ne recouvre ses esprits qu’à la mi-août. Il cumule trauma crânien, hémorragie cérébrale, fractures maxillo-faciales et double fracture du radius au bras gauche.
Peu à peu, des anges blancs le ramènent dans le monde des vivants. Nicolas séjourne au service des cérébrolésés. Il en reste profondément marqué.
"Papa, qu’est-ce que tu as fichu?"
Nicolas de Saint-Rémy quelques instants avant sa chute, survenue à mi-course, dans la descente du col de Turini.Sportograf.com / Nice Matin.
"J’ai ressenti beaucoup d’humanité et de bienveillance, l’envie de faire du bien aux gens, l’engagement des personnels soignants dans leur mission professionnelle." Il cite les infirmières, les aides-soignantes, sa kiné Marie-Ombeline, la neuropsy Signe Andersen, le Dr Jean-Michel Fornari et ses équipes. Il aimerait tous les nommer, tous les remercier de lui avoir offert "une seconde chance".
"Ils ont plus que du mérite. Ils sont débordés, et pourtant ils ne comptent pas leur temps. À Pasteur comme à l’Archet, ils ont été extraordinaires pour accompagner mes proches!" Sa mère s’est évanouie en apprenant que son fils était dans un état critique. Son fils à lui, Gabriel, lui fera saisir l’ampleur du choc pour les siens: "Papa, qu’est-ce que tu as fichu?"
Hygiène de vie salutaire
Gabriel, c’est sa "raison de vivre, de [s] e soigner". Son ex-compagne est soulagée "que Gabriel ait encore un père". Longtemps, Nicolas de Saint-Rémy a culpabilisé. Il craignait d’avoir commis une imprudence ou provoqué un suraccident. Il est rassuré de savoir qu’il n’en est rien, grâce à Marc, ce coureur inconnu qu’il a fini par retrouver. Aujourd’hui, Marc est "très content qu’il s’en soit remis", salue "sa résurrection", se dit: "Ça aurait pu être moi."
Nicolas, lui, continue à enchaîner kiné, psy et neuropsy. Il donne le change, mais fatigue vite. Il réapprend à se connaître, à explorer cette "mécanique qu’hallucinante" qu’est le cerveau, à profiter des siens. Il aspire à reprendre le travail dans quelques mois. Et à enfourcher une selle à nouveau.
Nicolas de Saint-Rémy espère que son récit servira à d’autres. Qu’il donnera du baume au cœur des soignants et incitera chacun à une bonne hygiène de vie. La sienne l’a aidé à quitter l’hôpital au bout de deux mois au lieu de six. Alors oui, l’accident l’a empêché de vivre les JO de Paris sur la pelouse du stade de France, dans les habits de juge. Il a "comme un deuil à faire". Mais il relativise: "La vie est belle!"
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