"Les enfants sont les premières victimes": en raison de sa teneur en mercure, plus d'une dizaine de communes françaises bannissent le thon des cantines scolaires

Les communes de Mouans-Sartoux, Nice, Cagnes-sur-Mer, Peymeinade ou encore Puget-sur-Argens ont annoncé cette semaine qu'elles ne choisiraient plus de produits à base de thon dans les menus scolaires. Ce "principe de précaution" est déjà appliqué depuis plusieurs années à Villeneuve-Loubet.

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Sandrine Beigas avec AFP Publié le 05/09/2025 à 04:00, mis à jour le 05/09/2025 à 04:00
A Villeneuve-Loubet, le thon n'est presque plus servi à la cantine depuis cinq ans. Photo Sébastien Botella/NM

Le communiqué est tombé le jour de la rentrée des classes. Huit communes: Bègles, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Paris, Rennes et Mouans-Sartoux ont annoncé qu'elles arrêtaient de proposer des produits à base de thon à la cantine

Une décision prise "par principe de précaution, pour préserver la santé des enfants" qui s'appuie sur une étude des ONG Bloom et Foodwatch publiée en octobre 2024 et qui alertait sur la contamination du thon au mercure après avoir fait tester aléatoirement 148 boîtes de thon en conserve par un laboratoire indépendant.

Pour plus d’une boîte sur deux analysées, la teneur en mercure dépasse la limite maximale fixée pour d’autres espèces, comme le cabillaud ou les anchois, soit 0,3 milligramme (mg) par kilo (kg). Établi à 1 mg/kg pour le produit frais, le seuil réglementaire pour le thon, trois fois plus élevé, ne tiendrait pas compte de la concentration du mercure après transformation. Selon les calculs de l’ONG, la teneur réelle dans les conserves atteindrait ainsi environ 2,7 mg/kg, en raison de la déshydratation du produit. Soit neuf fois plus que le taux admis pour la majorité des poissons.

Or le mercure est classé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) parmi les dix substances les plus préoccupantes pour la santé publique.

Une fois ingéré, "ce puissant neurotoxique peut se loger dans le cerveau et avoir des effets dévastateurs, en particulier sur le développement neuronal des plus jeunes (baisse de QI, troubles neuromoteurs, troubles du comportement, troubles de la mémoire, etc.)", précise également le communiqué.

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Les collectivités appellent les ministères de la Santé et de l’Agriculture à interdire la commercialisation des produits à base de thon dépassant 0,3 mg/kg de mercure au niveau national. Photo Sébastien Botella/NM.

"Sensibiliser les familles"

Pour les villes signataires, les enfants sont les "premières victimes" et "peuvent très vite dépasser la dose hebdomadaire tolérable (DHT), c'est-à-dire la quantité maximale ingérable régulièrement au cours d'une vie avant de s'exposer à un risque sanitaire".

Les collectivités appellent les ministères de la Santé et de l’Agriculture à interdire la commercialisation des produits à base de thon dépassant 0,3 mg/kg de mercure au niveau national.

Ces derniers jours, l'agglomération de Mont-de-Marsan dans les Landes, et plus proche de nous, les communes de Puget-sur-Argens, mais aussi Nice, Cagnes-sur-Mer, ou encore Peymeinade ont décidé de suivre le mouvement. 

Avec cette mesure, les communes veulent aussi "sensibiliser les familles dans leurs pratiques personnelles", expliquait il y a quelques jours dans nos colonnes Gilles Pérole, adjoint délégué à l’Alimentation à Mouans-Sartoux.

L'exemple de Villeneuve-Loubet

S'il n'y a plus de thon dans les cantines scolaires depuis quelques jours, des précautions ont déjà été prises depuis plusieurs années à Villeneuve-Loubet. Marie Biamonte, diététicienne à la mairie depuis 2020, a pris en compte dès son arrivée le fait que "le thon est un gros poisson" et qu'il "accumule plus de métaux lourds que les autres poissons"

Tout en continuant à suivre les recommandations qui conseillent de manger du poisson une fois par semaine, la spécialiste, avec l'appui de sa municipalité, a préféré proposer du colin ou du cabillaud pour le poisson maigre, et du saumon pour le poisson gras. 

En cinq ans, elle n'a proposé que très rarement du thon. "Depuis que je suis en poste, nous avons dû en servir trois fois à la cantine. Nous le faisions encore sur certains pique-niques une fois par mois durant les périodes de grandes vacances scolaires, mais en faisant très attention à la quantité servie par enfant".  

Si on veut garder un apport en protéines et en bonnes graisses, Marie propose un menu avec une entrée de rillettes de sardine ou de hareng, suivi d'un curry de lentilles au lait de coco avec du riz ou de lasagnes de légumes accompagnées de salade verte. "Pour l'assaisonnement de la salade verte, on peut utiliser de l'huile d'olive mais aussi de l'huile de noix ou de sésame." Et pour terminer un yahourt. 

"La restauration collective est un levier puissant, son poids dans l’agroalimentaire lui donne un fort pouvoir d’impact. C’est une excellente chose que d’autres collectivités s’engagent dans cette voie. Mais n’oublions pas que le changement commence aussi chez soi."

"Aucun produit mis sur le marché ne dépasse le seuil réglementaire"

"Les entreprises respectent la règlementation en vigueur et aucun produit mis sur le marché ne dépasse le seuil réglementaire de 1 mg/kg", a réagi dans un communiqué la Fédération des industries d'aliments conservés, estimant que le protocole utilisé par l'étude de Bloom "ne semble pas respecter les normes en vigueur, ce qui expliquerait de tels écarts".

La profession explique également avoir publié en janvier "tous les résultats des contrôles des huit dernières années", qui montrent "des taux constatés en moyenne trois fois inférieurs au seuil réglementaire".

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