L’été 2025, le troisième plus chaud jamais enregistré en France, aura eu le mérite de relancer le marché, jusque-là atone, des rosés de Provence. Et de réaffirmer que le vin à la robe rose, par sa dimension rafraîchissante et légère en alcool, est un produit "météo sensible".
Les dernières données économiques du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP) le confirment: en grande distribution, les ventes de rosés de Provence affichent une performance remarquable de +6% en volume et en valeur entre janvier et juillet 2025. Dans les hypers, supermarchés, commerces de proximité, drives et discounts, les Français ont rempli leurs caddies et renoué avec l’indispensable rituel de l’apéritif, pour tromper les fortes chaleurs.
Plus de 900.000 hectolitres sur la récolte 2024 dans certains secteurs du Var
"C’est vrai que la météo fait vendre! Quand le soleil brille, les terrasses se remplissent. Les mois de mai, juin et juillet ont été particulièrement dynamiques, ça fait plaisir. Les vignerons provençaux avaient besoin de cette petite lucarne ouverte sur un ciel bleu", analyse le président de l’interprofession, Eric Pastorino.
Sur un marché global des vins tranquilles toujours en recul (-3%), les trois appellations Côtes de Provence, Coteaux d’Aix en Provence et Coteaux Varois en Provence tirent leur épingle du jeu: dans bien des secteurs du Var, les sorties de chai, en hausse de +3%, atteignent plus de 900.000 hectolitres sur la récolte 2024. "Pour beaucoup d’entre nous, les caves sont vides pour accueillir la nouvelle vendange", se félicite Eric Pastorino, lui-même viticulteur et président de la coopérative de Gonfaron.
+2% de croissance à l’export
À la faveur d’une météo estivale favorable, observée en Europe et dans le monde, l’embellie des rosés de Provence est aussi significative à l’export (+2%). Des performances tirées notamment par le dynamisme des États-Unis (+3%), du Royaume-Uni (+5%) et de la Belgique (+9%) entre janvier et juillet.
"Dans un contexte international de tensions géopolitiques et commerciales, nos rosés de Provence restent une marque collective forte. Les Américains en consomment toute l’année, l’Angleterre est un marché porteur depuis quatre ans", énumère Eric Pastorino, sans crier toutefois au triomphalisme.
Après une année 2024 marquée par un printemps et un été maussades, le président du CIVP n’oublie pas qu’à la météo sensibilité du vin rosé, s’ajoute le moral des consommateurs. Et que celui-ci influence directement la versatilité des marchés.
"L’an dernier, on a eu le cumul de la dissolution qui a joué sur le moral des Français, avec le contexte géopolitique et économique mondial fragile et l’élection de Trump, nos ventes avaient significativement baissé. Quand les gens ne voient pas d’avenir, ils se restreignent".
Des marchés à conquérir
La confirmation, en août, de nouvelles taxes Trump de 15%, incite donc à la prudence. "Nous sommes inquiets de l’impact de ces taxes sur le consommateur américain. En 2026, vont-ils continuer à consommer nos vins rosés?", lance le président.
Pour anticiper ce scénario, l’interprofession intensifie la prospection pour diversifier ses marchés. "Nous sommes en train de nous repositionner sur l’Europe, notamment l’Allemagne et les Pays-Bas, et fondons de grands espoirs sur le marché asiatique hors Chine: Singapour, Thaïlande, Malaisie, etc."
Alors que Pékin a annoncé cet été une taxe au cognac de 35%, les consignes sont claires pour l’interprofession: par de diversification vers les pays mauvais taxeurs!
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