Sous le soleil méditerranéen, au port de Cap-d’Ail où les coques des bateaux scintillent dans l’eau calme, une petite équipe arpente les quais avec une mission précise : sensibiliser les plaisanciers aux gestes essentiels qui préservent la mer et le littoral. Armés de questionnaires et de conseils pratiques, les membres de l’association Écogestes Méditerranée vont à la rencontre des plaisanciers — propriétaires ou passagers de bateaux de location — pour échanger sur les bonnes pratiques à adopter à bord. Ici, chaque conversation compte et chaque conseil devient un pas de plus vers une navigation respectueuse de l’environnement.
Jeudi, Nolwenn Fichou et Servane Chanel, chargées de mission pour le Centre de découverte Mer et Montagne, ont sillonné les quais du port cap-d’aillois. Ces deux ambassadrices incarnent cette action collective menée par un réseau de 17 structures, coordonné par le Centre permanent d’initiatives pour l’Environnement (CPIE) des îles de Lérins, et agissant pour sensibiliser le littoral de la région PACA.
Un questionnaire précis et pédagogique
Durant leur tournée, particulièrement calme au moment de leur passage, les deux bénévoles ont rencontré un couple de vacanciers belges en plein petit-déjeuner sur leur bateau de six mètres. " Nous sommes déjà sensibilisés au quotidien, pas seulement pour la navigation, mais aussi dans notre vie de tous les jours ", assure Laurence, propriétaire du bateau avec son mari Stéphane. Invitée à répondre à un questionnaire, chaque geste du couple à bord est évalué par les options " jamais, parfois, souvent, toujours " ou "non concerné ", ce qui permet aux ambassadeurs de mesurer les comportements et d’identifier les axes d’amélioration. L’exercice se veut avant tout pédagogique et convivial, favorisant des échanges directs et constructifs.
Les thèmes abordés vont du mouillage à la protection de la posidonie. Le couple explique qu’il choisit systématiquement des zones de sable clair pour mouiller et utilise des applications comme Donia pour repérer les zones adaptées, afin de ne pas endommager ces herbiers protégés. Les discussions s’étendent également aux produits ménagers et d’entretien : pour la vaisselle et le nettoyage du bateau, les plaisanciers privilégient des produits écologiques et biodégradables. En somme, des plaisanciers exemplaires.
Informer plutôt que réprimander
Lancée en 2002, la campagne Écogestes a pour objectif de dresser un bilan positif et engageant auprès des plaisanciers. " Notre rôle est de sensibiliser progressivement et d’inciter chacun à devenir lui-même ambassadeur, nous ne sommes pas là pour faire la police ", précise Servane. Chaque année, le questionnaire est ajusté pour tenir compte des retours des interventions précédentes et des nouvelles problématiques observées.
Les ambassadrices notent que la majorité des plaisanciers se montrent attentifs. Les échanges révèlent aussi les différences culturelles et logistiques : certains visiteurs étrangers ignorent les services disponibles dans les ports français ou les règles locales, tandis que d’autres cherchent activement à améliorer leurs pratiques. Le tri des déchets, la limitation de la consommation d’eau à bord, l’usage de produits biodégradables et la prudence dans la pêche récréative figurent parmi les comportements encouragés. Les réponses recueillies sont compilées dans une base de données, permettant d’établir des statistiques sur les profils et pratiques des plaisanciers, mais aussi d’identifier les points à renforcer.
Une campagne qui s’étend sur la Côte d’Azur
Cette année, la campagne a comporté quinze interventions sur différents ports : Beaulieu, Cap-d’Ail, le port du Crouton, le port Vauban, Saint-Jean-Cap-Ferrat et d’autres zones en mer. Les actions se déroulent à pied, en kayak ou en bateau, selon la configuration et la disponibilité des plaisanciers. La campagne cible surtout les bateaux de moins de 24mètres. Les plus grands (souvent avec capitaine) ne sont pas forcément sensibilisés, car le propriétaire n’est pas toujours à bord. Les questionnaires sont ensuite compilés par le CPIE pour produire des statistiques, analyser l’évolution des bonnes pratiques et ajuster la campagne. Depuis plus de vingt ans, près de 80 000 usagers du littoral régional ont été sensibilisés.
" L’objectif est qu’au fil des ans, chacun devienne acteur de la protection du littoral et que la mer reste un espace respecté, pour aujourd’hui et pour les générations futures ", conclut Nolwenn, satisfaite de sa " pêche du jour " avec des plaisanciers déjà sensibilisés à la protection de la Méditerranée.
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