"On espérait cela depuis deux ou trois ans": à Cavalaire, la tortue Caouanne a bien pondu dans le nid, sous les yeux des vacanciers

Les spécialistes de l’association Émergence ont vérifié, mercredi soir, que la tortue qui s’est aventurée sur la plage du centre-ville, a bien enseveli des œufs dans ce nid qui va être protégé jusqu’à l’éclosion.

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N. SA. Publié le 25/07/2025 à 05:45, mis à jour le 28/07/2025 à 15:46
reportage
Photo Sophie Louvet

Joyeuse effervescence ce mercredi 23 juillet autour de la ponte, validée, d’une tortue Caouanne sur la plage du centre de Cavalaire.

Badauds et baigneurs ont pu saisir l’intérêt environnemental de cette venue exceptionnelle sur le littoral varois. Un processus qui doit maintenant parvenir à son terme. Récit.

Repérages en haute mer

Un programme de suivi de la population des tortues existe tout au long de l’année, au large. En bateau et avec des drones. Au printemps, "quand l’eau se réchauffe, on va commencer à observer des adultes. Potentiellement, il y a des femelles, des accouplements", documente Sidonie Catteau, déléguée générale de l’association Émergence. En mai-juin, la présence de tortues a effectivement été observée au large du Golfe, il n’y avait plus qu’à être là au bon moment.

"On espérait cela depuis deux ou trois ans", apprécie Jean-Philippe Morin, responsable des espaces maritimes du Golfe de St-Tropez. Cet hiver, deux tortues se sont échouées, mortes. L’été dernier, deux tentatives de ponte à La Croix-Valmer et Ramatuelle, mais deux échecs. En 2006, une tortue avait créé son nid aux Canoubiers (St-Tropez), mais une tempête d’Est avait compromis l’apparition des tortillons. Cavalaire sera, peut-être, le premier nid authentifié sur le littoral du Golfe.

Vérifier l’existence du nid...

Encore fallait-il s’assurer de la présence d’œufs dans la chambre d’incubation. Agenouillés, les membres d’Émergence (préservation de l’environnement marin) et les agents des Espaces maritimes, n’ont pas l’intention de bâtir un château de sable. Ils s’attellent à une tâche délicate afin de se rapprocher de la cavité du nid: le sable est déplacé selon des gestes bien coordonnés, évacuant des pellicules de grains, les doigts serrés comme une nageoire de tortue. Soulagement quand la coquille d’un œuf apparaît, applaudissements nourris de la foule de curieux. Ils n’iront pas plus loin. "On ne veut pas risquer de casser ce qui a été fait par la tortue".

Surveiller l’incubation et le site

Que va-t-il se passer maintenant? La durée d’incubation s’étire de 40 à 80 jours (la moyenne est de 55 jours). "Plus la température est haute, plus le cycle sera court", décrypte Sidonie Catteau. Et plus le sable est fin - c’est le cas sur cette plage de Cavalaire -, "plus la durée d’incubation est longue", selon cette spécialiste. La période la plus cruciale concernera les 15 derniers jours d’incubation. Tout un protocole de surveillance sera activé à ce moment-là.

Deux thermomètres ont été disposés près du nid, la température sera enregistrée toutes les 15 minutes. Mercredi soir, un premier relevé indiquait 28,93° et 28,18°.

Un périmètre de sécurité ceinture l’emplacement du nid. Il convient de ne pas perturber cette zone de protection. Des panneaux d’information décrivent tout ce qu’il faut savoir sur les Caouannes.

Public enthousiaste sur la plage

"Je trouve ça super, c’est tellement fragile. La nature est merveilleuse, cette tortue est venue presque incognito, ça m’émeut vraiment", témoigne Isabelle de Besançon. Tout autour du périmètre de sécurité, ils sont des dizaines à observer l’intervention des spécialistes.

Ceux-ci n’hésitent pas à répondre aux questions des vacanciers qui ont interrompu leur bain de soleil. "Pourquoi elle est venue pondre ici?", soulève une enfant. Cette question parmi d’autres ouvre le champ à tout un travail pédagogique. "Les gens sont enthousiastes. Cela fait chaud au cœur qu’ils applaudissent quand on a confirmé la présence des œufs", se réjouissait Bénédicte Choux, co-déléguée générale de l’association. Lors d’un récente ponte, un estivant lui a glissé cette phrase d’une vérité simple sur l’arrivée des tortues. ‘‘Cela montre que nos plages sont vivantes’’, "j’ai aimé cette expression."

Cinquième adjoint, délégué à la protection du vivant (faune et flore), Christophe Robin se félicite "de ce beau moment. Qu’elle ait choisi la plage centrale n’est peut-être pas une mauvaise chose car on va sensibiliser beaucoup de monde."

Le plus heureux, mercredi, était sans doute celui qui a signalé cette arrivée: Steve Macquet. "Il était 3h15. J’étais à un anniversaire et je suis passé par la plage. La tortue sortait de l’eau, je ne m’attendais pas du tout à ça. J’ai prévenu la police et j’ai demandé aux gens qui restaient sur la plage de se tenir à l’écart." Déjà l’âme d’un gardien des Caretta Caretta!

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