J’appartiens à tous, mais je ne suis la propriété de personne. Je suis…? La mer, bien sûr. Et à l’occasion de la conférence des Nations unies sur l’océan, ainsi que du forum sur l’économie bleue - organisés, respectivement, à Nice et à Monaco - je suis au cœur d’une émission. "La vie de ma mer". Cet intitulé au jeu de mots pas si anodin évoquera sûrement quelque chose à certains lecteurs et téléspectateurs. Car c’est sous ce nom de mission que le présentateur, Sébastien Uscher, avait parcouru les Alpes-Maritimes en paddle, en 2019, pour ramasser autant de déchets que de coups de pagaie. Et pour sensibiliser. Par l’exemple.
Œil neuf, sincère, sans filtre
Il faut dire que le projet de capsules vidéos - diffusées tous les jours à 20h25, du 1er au 20 juin, sur TV Monaco - répond à la même logique. Aller à la rencontre de la mer et des gens autour. Donner la parole aux océans, à ceux qui les protègent, les explorent et les animent. La ligne conductrice est limpide: vulgariser les principaux enjeux de cette thématique en questionnant des spécialistes. Plastique, acidification, pollution sonore et lumineuse, marées noires, surpêche, produits chimiques, économie bleue… "On balaie le sujet à 360°. Mais l’idée n’est pas d’être défaitiste. Il y a quasi toujours une solution proposée à la fin. Car oui, on peut toujours faire quelque chose à notre échelle", souligne le néo-Castellarois.
Mais l’originalité de ce programme, c’est qu’il est co-présenté par trois enfants. Nolhan, 10 ans. Charlie, 10 ans. Et Juliette, 12 ans. Ce sont eux qui posent les questions. Et à eux que les experts répondent. Les inconditionnels de l’émission "Les P’tits bateaux" sur France Inter reconnaîtront sans nul doute le principe. Et surtout l’intérêt: rendre le sujet obligatoirement compréhensible. "Mais attention, ce n’est pas fait exprès pour le jeune public, les adultes en apprennent autant. Le concept, c’est que les experts répondent à des enfants pour garder des mots et des concepts simples. Ça les oblige à imager, expliquer, et à apporter de la bienveillance. Un enfant, on ne lui ment pas, mais on veut tout de même le préserver", glisse Sébastien Uscher. Qui promet un regard neuf, sincère et sans filtre sur "notre" mer. "C’est simple, mais pas simpliste", résume le président de l’association Stand up for the planet. À ses yeux, un tel format offre suffisamment d’authenticité pour toucher. Et surtout, pour donner le désir d’agir. "Les enfants sont des bons vecteurs de changement. Je déteste cette idée selon laquelle sous prétexte qu’ils sont la génération future, c’est à eux de faire. C’est nous qui, à 30, 40, 50 ans, avons les clés en main. Mais eux peuvent montrer aux adultes qui les entourent qu’ils ont compris les enjeux."
Comment les animateurs en herbe ont-ils été choisis? "On cherchait des enfants curieux et scolarisés à Monaco. Il n’y avait pas forcément besoin qu’ils soient passionnés par la mer - seule Charlie l’était déjà - mais nous voulions qu’ils aient un profil à toujours vouloir en savoir plus sur les choses", indique Sébastien Uscher. Précisant qu’il avait été demandé aux prétendants d’envoyer des mini vidéos. Sur une petite quinzaine de candidats, trois ont ainsi été retenus. "Les parents ont aidé pendant le tournage, ils constituaient de véritables binômes. On a passé des week-ends entiers ensemble pour tourner. Juliette, Charlie et Nolhan étaient de plus en plus à l’aise au fil des épisodes. On dit souvent que pour aimer quelque chose, il faut le comprendre. Et j’ai constaté que leur regard devenait peu à peu expert."
L’amoureux de la nature dit aussi avoir pu compter sur un cadreur incroyable, Rémi Chauveau. Qui a lui-même bien accroché avec les enfants. "Sans lui, le projet n’aurait pas été le même. On ne voit que nous quatre, mais derrière il y a leur famille, et Rémi."."
Que des experts locaux
Le casting des spécialistes? Il n’a pas été trop difficile, plaisante Sébastien Uscher. Conscient que le territoire est chanceux : tous les interlocuteurs possibles se trouvent ici. ONG, Fondation Prince Albert II, champion du monde d’apnée, présidents d’association, scientifiques… "Tous ont tout de suite accepté. Et ils savaient, à l’intitulé des questions, qu’ils répondaient à des enfants. Par exemple quand on évoque le fait que la surpêche, c’est comme vider son frigo…"
Accessibles en replay, les vidéos de 6 minutes ont déjà trouvé leur public. Des professeurs qui se les transmettent, notamment. Mais aussi des citoyens lambda. "Un Mentonnais m’a même dit qu’il enregistrait les épisodes pour ses petits-enfants qui viendront en juillet. J’appréhendais, mais les gens sont nombreux à apprécier la simplicité
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