Lundi
LE VERTIGE DE LECORNU
Il est malin, Sébastien Lecornu. Avant de demander des efforts aux Français, le nouveau Premier ministre s’attaque aux symboles qui exaspèrent nos concitoyens. Fini voitures, chauffeurs, secrétaires et officiers de sécurité. Les ex-locataires de Matignon vont replonger dans la vraie vie en retrouvant les joies de la marche à pied et en gérant eux-mêmes leur agenda. Réclamée par de nombreux Français, la suppression des avantages à vie accordés aux anciens membres du gouvernement est avant tout symbolique. Avec un coût estimé à 4,4 millions d’euros par an, ces dépenses représentent moins de 0,001 % du budget de la France. Une gouttelette. La première décision de Sébastien Lecornu est-elle pour autant démagogique ? Pas forcément. L’intéressé confie avoir été pris de vertige le jour de sa nomination en constatant qu’à 39 ans seulement, il pourrait prétendre jusqu’à la fin de ses jours aux avantages attachés à sa nouvelle fonction. Des privilèges d’un autre temps dont bénéficient encore dix-sept ex-Premiers ministres et plusieurs anciens ministres de l’Intérieur.
Mardi
LES MUSCLES DE POUTINE
Dans cet uniforme militaire qu’il n’endosse que pour les grandes occasions, Vladimir Poutine supervise lui-même les opérations dans la région de Nijni Novgorod. Depuis vendredi dernier, les exercices russo-biélorusses mobilisent plus de 100 000 soldats sur 41 terrains d’entraînement aux portes de l’Europe. Au lendemain de l’imposant défilé militaire à Pékin en présence du maître du Kremlin, Moscou joue avec les nerfs des Occidentaux. Trois ans et demi après l’invasion de l’Ukraine qui, on s’en souvient, avait été précédée par des manœuvres militaires similaires, l’Otan s’inquiète, et Poutine jubile. Il sait que montrer ses muscles suffit à faire trembler ses adversaires.
Mercredi
ÉCRAN TOTAL
Trois points en moins et 135 euros d’amende, c’était avant. Dans les Landes, téléphoner au volant sera bientôt sanctionné par une suspension de permis. Cette mesure radicale du préfet, décidée après un été calamiteux sur les routes, pourrait bientôt être généralisée. Mais elle ne réglera pas tout. Car en matière d’écrans, le danger au volant ne se limite pas au smartphone. Dans les voitures les plus récentes, hyperconnectées, tout est conçu pour détourner le regard du conducteur. Un, deux, parfois trois écrans XXL qui clignotent comme des sapins de Noël, des commandes digitales qui imposent de plonger dans les sous-menus pour régler un rétroviseur ou ouvrir la boîte à gants : les yeux quittent la route et le danger grandit à chaque clic. Écran au volant, accident au tournant…
Jeudi
LE COUP DE MAÎTRE DE DE VILLIERS
On le pensait rangé des voitures, occupé à bichonner ses spectacles de gladiateurs au Puy du Fou et à polir sa statue de grand sage de la droite catholique et cathodique. Mais Philippe de Villiers n’a pas dit son dernier mot. En orfèvre du coup politique, le Vendéen a du nez. Un référendum sur l’immigration : l’idée était aussi simple qu’imparable dans sa capacité à enflammer les plateaux télé. Résultat : les signatures affluent (plus d’1,5 million), la machine médiatique s’emballe et De Villiers exulte. Chez les Républicains comme au RN, on s’agace. À l’exception de Laurent Wauquiez et Éric Zemmour, leaders de droite et d’extrême droite, qui tentent d’expliquer, penauds, pourquoi ils ne s’alignent pas sur le retraité de Vendée. C’est tout l’art du vétéran : flairer l’air du temps, sentir le sujet qui fera débat et dégainer avant les autres. Un coup de maître.
Vendredi
LES RAPACES
Contrairement aux idées reçues, les Français ne sont pas si pingres. Selon une étude Ligthspeed, ils sont les champions d’Europe de la générosité au bar et au resto. En deux ans, le pourboire moyen est en effet passé de 4,20 à 4,70 euros, et sa fréquence a bondi de 170 %. Cette tendance, qui met du baume au cœur aux serveurs, n’a malheureusement pas échappé à l’État. Toujours en quête de nouvelles recettes, il envisage de mettre fin à l’exonération fiscale des pourboires instaurée en 2022. Pour les rapaces de Bercy, il n’y a pas de petits profits.
Samedi
CHIMPANZES DE COMPTOIR
On connaissait le « Singe en hiver », ce chef-d’œuvre d’Antoine Blondin, cocktail d’ivresse et de poésie entre Normandie pluvieuse et cabarets enfumés. On découvre aujourd’hui ses cousins, version tropicale. D’après les primatologues de l’Université de Californie à Berkeley, les chimpanzés consomment chaque jour l’équivalent de deux bons verres de vin. Pas besoin pour eux d’aller au comptoir pour s’en jeter un derrière la cravate : l’alcool provient tout simplement de la fermentation des 4,5 kg de figues, papayes et prunes bien mûres qu’ils engloutissent quotidiennement. On a coutume de dire que l’homme descend du singe. S’il aime tant lever le coude, ce n’est donc pas un vice qu’il a développé lui-même, mais un héritage naturel. Les singes ont bon dos !
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