Il y a une dizaine d’années, lorsque les drones ont pointé le bout de leurs hélices dans notre quotidien, ils tenaient le rôle d’aimables gadgets. Un objet destiné aux grands enfants tout heureux de piloter ce nouvel aéronef, comme ils le faisaient dans leurs jeunes années avec les voitures radiocommandées. Combien de drones ont joué de mauvais tours à leurs conducteurs du dimanche, s’écrasant dans le jardin du voisin ou disparaissant au milieu de quelques hautes herbes.
Aujourd’hui, on ne plaisante plus avec ces machines. A l’image de ces drones ukrainiens piégés, acheminés par camions à proximité de plusieurs aérodromes russes, qui ont détruit des bombardiers, ces Goliath de 50 mètres d’envergure terrassés par d’insignifiants David. Plus de cent ans après l’apparition des premières escadrilles de l’armée de l’air, les armées d’aujourd’hui se dotent à marche forcée de ces engins. S’ils ne remplacent pas les avions de chasse, ils sont devenus indispensables en matière de surveillance mais aussi de combat. Pour un prix jusqu’à 10 000 fois inférieur à un Rafale ou à un F15 et un coût humain réduit, grâce à leur pilotage à distance.
Les drones décollent aussi dans la vie civile. Enedis les utilisent pour contrôler son réseau électrique, les pompiers pour jauger de la propagation d’un feu de forêt, les agriculteurs pour l’épandage de produits phytosanitaires... Le fisc, qui souhaitait s’en servir pour relever des infractions aux règles d’urbanisme, a été recalé, au nom du respect de la vie privée.
A Cannes, une société propose même à ses clients de nettoyer les vitres de leur immeuble par drone. De quoi laisser sur le carreau quelques laveurs.
Toujours dans la cité des festivals, des ballets de 1 400 drones lumineux se sont déroulés cette semaine. Il y en avait 2 025 dix jours plus tôt en baie des Anges pour l’ouverture du sommet sur l’Océan. Qui dit mieux?
Il fallait s’attendre à ce que cette nouvelle technologie soit détournée: des drones apportent aux détenus des colis contenant des téléphones portables et de la drogue, comme ce fut le cas récemment à Draguignan. La Poste pourrait recruter ces individus, dans le cadre de leur réinsertion, pour livrer des paquets sur le rebord de nos fenêtres.
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