Le Tour du Val d’Aoste, rendez-vous mythique pour les cyclistes espoirs, a pris cette année une tournure tragique. Lors de la première étape, le jeune italien Samuele Privitera (19 ans), visage bien connu du Vélo Club de Beausoleil avec lequel il avait roulé dans les catégories de jeunes, a perdu la vie après une lourde chute. Un drame qui a marqué les coureurs de l’Union Cycliste Monaco.
Engagée avec une équipe cosmopolite — Kevin Velásquez (Colombie), Mykhailo Basaraba (Ukraine), Pol Ballesteros (Espagne), Tommaso Tessiore (Italie), Marko Toth (Hongrie) — la formation du Rocher a été frappée en plein cœur.
"Samuele vivait à côté de Bordighera, il roulait avec nos coureurs. Ma sœur ainsi que notre masseur sur cette course faisaient partie de ses amies proches. L’émotion était très forte", raconte Guido Possetto, directeur sportif de l’UC Monaco.
"C’était impossible de ne pas penser au drame"
L’organisation a annulé la deuxième étape pour laisser au peloton un moment de recueillement. "C’était un jour de silence, personne ne voulait prendre la parole. Mais on a pris le temps d’aller marcher au bord du fleuve. Cela nous a aidés à nous sentir mieux ", témoigne Kevin Velásquez. "En course, on essaie de se concentrer, mais là c’était impossible de ne pas penser au drame".
Le surlendemain, la course a repris, avec la présence au départ des parents du coureur disparu. Les 40 premiers kilomètres ont été parcourus sous neutralisation, dans un profond recueillement. "C’était important de repartir ensemble, pour rester unis, confie Possetto. Et la famille souhaitait que la course se poursuive".
"Nous sommes restés pour Samuele"
"Certains coureurs ne savaient pas s’ils allaient continuer ou non. Nous, on a décidé de rester en course pour Samuele. On avait l’impression qu’il était toujours avec nous, même si son absence était visible. Il aurait voulu qu’on continue de pédaler pour réaliser nos rêves", raconte le Colombien.
Malgré ce contexte pesant, l’équipe a répondu présente. L’Ukrainien Mykhailo Basaraba, longtemps en embuscade, a terminé 25e du général, malgré une chute lors de l’étape reine alors qu’il figurait aux avant-postes. "On visait un top 10 avec lui. Mais vu le niveau — que des équipes de développement de formations World Tour —, on reste satisfaits."
Tommaso Tessiore s’est montré à l’attaque en montagne, manquant de peu le maillot de meilleur grimpeur. "Nous partageons tous les mêmes routes et prenons les mêmes risques, ces moments nous rappellent à quel point la vie peut être fragile. Derrière les watts nous sommes des hommes. J’ai pris les points de la montagne pour honorer "Privi", relate le Transalpin. "On a été actifs malgré tout ce que nous avons vécu", conclut son directeur sportif.
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