Beausoleillois établi à Marioupol, il cherche à quitter l'Ukraine avec sa famille

Originaire de Beausoleil, le Français établi à Marioupol avec sa compagne et sa fille, toutes deux Ukrainiennes, est à la recherche d’aide pour sortir du pays en toute sécurité.

Article réservé aux abonnés
CEDRIC VERANY Publié le 28/02/2022 à 16:37, mis à jour le 28/02/2022 à 16:58
Laurent Rossi, sa compagne Veronica et la petite Victoria ce lundi à Marioupol, dans l’abri anti-bombes de leur immeuble. Photo DR

Au bout du fil, la voix est nerveuse, mais Laurent Rossi veut prendre le temps de raconter sa situation. "Je n’ai dormi que quelques heures et mangé que des sandwiches depuis six jours", avance-t-il pour témoigner de son état."

Pris au piège d’une guerre qui a fait basculer le quotidien des Ukrainiens dans la terreur en quelques heures. "Rien que la nuit dernière, nous sommes descendus deux fois nous réfugier dans un abri. Et nous avons entendu des bombardements très lourds, qui font flipper."

Originaire de Beausoleil, Laurent Rossi 34 ans travaille dans le domaine informatique et s’est installé il y a un an et demi en Ukraine, la patrie de sa compagne, Veronica, 27 ans.

Le couple d’abord établi à Kiev, a déménagé début février à Marioupol au sud-Est du pays. Une destination comme une étape avant de rejoindre la France où Laurent entendait revenir tranquillement cet été avec sa fiancée et la petite fille de cette dernière, Victoria, âgée de cinq ans, pour qu’elle entre à l’école en septembre prochain.

Un parcours de vie dérouté par l’attaque militaire engagée par la Russie sur l’Ukraine depuis le 24 février.

La famille cherche depuis un moyen de quitter le pays. Mais le couple n’étant pas encore marié, seul Laurent, de nationalité française, pourrait prétendre à une aide diplomatique de la France. C’est ce que lui ont confirmé les services du quai d’Orsay.

"Pour l’heure j’ai trois solutions: rester à Marioupol; prendre la route, avec tous les dangers que ça comporte, pour essayer de sortir d’Ukraine. Ou attendre un éventuel rapatriement de la France, mais dont ne pourraient pas bénéficier ma fiancée et sa petite fille que je devrais laisser seules dans un pays en guerre. C’est inenvisageable, je dois trouver une solution ."

"Ma fiancée était trop faible pour voyager"

Le couple avait bien espéré quitter le pays avant que l’attaque russe ne démarre. Mais une succession de problèmes les en a empêchés. "Quand Moscou a reconnu l’indépendance des territoires du Donbass [le 22 février, ndlr] nous nous sommes d’emblée posé la question, rembobine Laurent, pour retrouver la chronologie de ces jours difficiles. Mais l’ambiance était encore très sereine à Marioupol, la situation dans le pays était différente de ce que décrivaient les médias étrangers ."

Deux jours plus tard, l’armée russe commence à pilonner l’Ukraine, dont le port de Marioupol. Veronica et Laurent envisagent alors de partir vers la Moldavie où de la famille peut les accueillir. Impossible de trouver de la place dans un avion, le transport en train n’est pas recommandé.

À ceci s’ajoutent des problèmes administratifs pour la petite Victoria, qui n’a pas de passeport. Et quand le sort s’acharne, la compagne de Laurent, développe dans ces mêmes heures, une infection rénale.

"Elle se tordait de douleur et le stress de la guerre n’a rien arrangé. Nous sommes allés à l’hôpital puis dans une clinique privée pour qu’elle reçoive un traitement. Mais elle était trop faible pour voyager ."

La famille se terre à domicile. Et Laurent réduit ses sorties pour les réapprovisionner : courses alimentaires, médicaments… "Dans les supermarchés, on trouve encore de la nourriture. Le plus compliqué est de retirer de l’argent. Tout le monde veut du cash, les systèmes bancaires étant moins fiables. Pour retirer de l’argent, il faut faire la queue devant un distributeur entre une heure et deux heures, en espérant qu’il reste des billets. J’ai appelé ma banque en France pour faire sauter les plafonds de mes cartes de crédits pour que je puisse retirer un maximum d’argent quand c’est possible."

Les nuits à guetter l’alerte

Les déplacements à l’extérieur s’arrêtent là. D’autant qu’un couvre-feu régit la ville de 18 heures à 6 heures à du matin, "et personne ne s’aventure dehors à ces heures, car tout le monde est considéré comme un ennemi".

Les deux dernières nuits, Laurent est resté éveillé, devant la fenêtre à guetter la moindre alerte. "Les sirènes qui préviennent des bombardements n’ont pas un bruit puissant, alors je reste en alerte et je suis sur les groupes Telegram, où les habitants de Marioupol s’informent. Dès que nous avons un signal, nous descendons les quatre étages jusqu’à l’abri au sous-sol de notre immeuble. On ne laisse rien de précieux dans l’appartement, au cas où nous ne pourrions pas revenir, et nous prenons des vêtements chauds et de la nourriture. J’ai des œufs durs, une dizaine de sandwiches et des rations d’eau déjà prêtes. Chaque fois qu’on descend à l’abri, on ne sait pas combien de temps on va rester."

Il y a deux jours, après de nombreuses recherches, Laurent a réussi à acheter une voiture à un habitant de Marioupol qui acceptait un virement bancaire et pas seulement du cash. Soit 1 200 euros pour une vieille Peugeot 306 mi-essence/mi-GPL. Le sésame pour quitter la ville, à condition de faire le plein d’essence.

"Maintenant, même si nous avons la voiture, mais nous ne savons pas quoi décider. Le ministère des Affaires étrangères conseille de rester, d’autres disent qu’il faut partir au plus vite. On entend des histoires terribles de ce qui peut se passer sur la route. On voit des vidéos qui circulent aussi comme celle à Kiev d’un char russe fonçant tout droit sur une voiture civile. Je reste optimiste sur le fait que nous allons trouver une solution pour rentrer en France et nous marier avec Veronica. Mais nous avons besoin d’aide."

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo afin de débloquer l'accès au site lors de votre session

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.