Toutes les prévisions vont en ce sens. Avec le réchauffement climatique, la fonte des glaces fait monter l'océan et menace en premier lieu les zones côtières. Depuis 1993, les océans ont gagné 10 centimètres en moyenne, d'après une analyse de la Nasa parue en mars dernier. Un rythme qui ne cesse de s'intensifier.
À partir de données du sixième rapport d'évaluation du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), les experts du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) ont mis au point une cartographie interactive. Cet outil, développé dans le cadre du projet européen CoCliCo (Coastal Climate Core Services), permet de visualiser les zones basses exposées à l'élévation du niveau de la mer.
Mais ce n'est pas tout. Gonéri Le Cozannet, ingénieur au BRGM, spécialiste des impacts du changement climatique et co-auteur du dernier rapport du Giec, a travaillé avec l'organisation Mercator Ocean International pour développer l'une des applications du "jumeau numérique" de l'océan: "Coastal Risks ". Présentée à Nice lors du Sommet de l'Océan (Unoc-3), cette autre carte interactive permet, elle aussi, de faire une première évaluation à l'échelle de l'Union Européenne des zones qui pourraient se retrouver sous l'eau d'ici à 2100.
Si ces modélisations doivent être complétées par des études plus locales, elles donnent déjà un aperçu de ce qui peut nous attendre dans les années à venir. En France, 500 communes et 20% du littoral sont menacés par l'érosion et les "submersions marines" occasionnelles ou temporaires. Et le littoral azuréen n'est pas épargné.
Dans les Alpes Maritimes, l'aéroport de Nice en première ligne
Selon les projections croisées de ces deux outils, les épis de plusieurs plages des Alpes-Maritimes et du Var se retrouveront probablement sous l'eau d'ici 2050, tout comme certaines infrastructures côtières. En première ligne: l'aéroport de Nice et le Vieux-Port de Cannes.
"Mais attention, il faut affiner et prendre les modélisations des cartes avec des pincettes. Ce sont des outils de recherche en développement", prévient Gonéri Le Cozannet.
Ces visualisations ont des limites: elles ne tiennent pas compte des ouvrages locaux de défense actuels (digues, enrochements, …) et ne préjugent pas non plus des éventuelles dispositions qui seront prises dans les prochaines années. Mais elles reposent sur des données solides – provenant du sixième rapport du Giec – et sur une évolution à long terme qui ne fait pas de doute.
"Le but, pour l'instant, c'est plutôt de donner une vue d’ensemble des risques côtiers à l'échelle du continent européen."
Les ports de Beaulieu, Saint-Jean-Cap-Ferrat, Mandelieu, Monaco, Menton, et d'Antibes sont eux aussi concernés. Une partie des îles de Lérins est également menacée.
L'élévation rapide des océans est une conséquence du changement climatique provoqué par les activités humaines et la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz).
Cette hausse s'explique par deux causes principales: la fonte des glaciers et des calottes polaires, qui libère d'importantes quantités d’eau douce dans l'océan ; et la dilatation thermique des eaux due au réchauffement climatique.
D'ici 2100, au vu de la trajectoire actuelle, le niveau marin gagnera probablement entre 63 centimètres et 1,01 mètres, d'après le sixième rapport d'évaluation du Giec, publié en 2021.
Dans le Var, la presqu'île de Giens menacée
Dans le Var, c'est la presqu'île de Giens qui risque d'être submergée.
"À Hyères, au-delà de l'érosion des plages, l'enjeu, c'est qu'on risque d'avoir des submersions marines par débordement à terme. C'est-à-dire que le niveau de l'eau entrera directement dans les maisons", explique Gonéri Le Cozannet. Et d'ajouter: "Pour l'instant, on n'y est pas préparé."
Si l'échéance de 2100 paraît lointaine pour certains, des communes comme Èze ou Villeneuve-Loubet dans les Alpes-Maritimes ou Sainte-Maxime dans le Var, doivent déjà faire face à un recul de leur littoral sous l'effet de l'érosion et des tempêtes.
*Les comparaisons de l’exposition côtière dans les différentes zones illustrées dans l'article ont lieu entre aujourd’hui (2010) et une projection en 2100 (selon le scénario climatique le plus pessimiste). Les deux cartes se basent sur une fréquence de tempêtes centennale, sans prise en compte de protections côtières.
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