"Tu es une patiente spéciale": un ancien kinésithérapeute de l’OGC Nice handball bientôt jugé pour agressions sexuelles sur mineures

Soupçonné d’avoir commis entre 2018 et 2020 plusieurs agressions sexuelles sur mineurs, un ancien kinésithérapeute de l’OGC Nice handball comparaîtra le 10 octobre devant le tribunal correctionnel de Nice.

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Tristan Gasparro Publié le 11/09/2025 à 06:30, mis à jour le 11/09/2025 à 06:30
Depuis 2021, le kiné de l’OGC Nice handball est placé sous contrôle judiciaire. Photo illustration DR

Arrivé à Nice après avoir été formé en Italie et recommandé par ses pairs, O.R. rejoint les bancs de l’OGC Nice handball en 2020 en tant que kinésithérapeute du club. A peine deux mois plus tard, il disparaît du staff médical. Poursuivi du chef d’"agressions sexuelles par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction" sur deux adolescentes, cet Italien d’origine colombienne de 37 ans comparaîtra le 10 octobre prochain à Nice devant le tribunal correctionnel de Nice.

"Tu es une patiente spéciale"

Jade (1), 16 ans à l’époque des faits, venait de quitter le cocon familial pour intégrer le centre de formation du club. En septembre 2020, la jeune handballeuse consulte le nouveau kiné pour une cheville douloureuse.

Lors d’une séance, il aurait glissé une main sous son short et sa culotte, l’aurait caressé au niveau du pubis, puis lui aurait massé longuement les fesses. "Tu es une patiente spéciale", lui souffle-t-il, avant de l’inviter chez lui. Terrifiée, l’adolescente confie tout à sa sœur, qui prévient leur mère. Et qui, à son tour, alerte le club. Celui-ci met immédiatement fin à sa collaboration avec O.R.. Le soir même, la jeune fille reçoit un message WhatsApp: "Désolé si tu as mal interprété la séance".

Jade, encore traumatisée, "souhaite réparation du préjudice subi", indique son conseil, Maître Christophe Petit. L’autre plaignante, Claire (1), avait 17 ans. En janvier 2018, elle dit avoir vécu la même chose dans un cabinet niçois. Le kiné lui aurait demandé d’enlever son soutien-gorge, caressé un sein, massé les fesses. Avant de lâcher: "J’espère que ça t’a plu." Elle garde en mémoire la honte, le malaise, et confie plus tard ces gestes à son père.

Des gestes non justifiés

Selon nos sources, O.R. n’a jusqu’ici jamais reconnu les faits et jure qu’il s’agissait de manipulations thérapeutiques: massages du psoas (2) ou du piriforme (3). Mais les deux expertises en kinésithérapie commandées par le juge sont catégoriques: ces gestes "ne sont en aucun cas conformes aux règles de l’art" et n’ont aucun lien avec une cheville blessée ou un dos douloureux. Pas de trouble mental, pas d’altération du discernement, concluent les experts psychiatres. Mais un homme "imbu de lui-même", "séducteur et narcissique", proposant des explications "insincères et amorales". Le psychologue parle de "fragilités pulsionnelles", mais insiste sur le fait que le mis en cause a toujours eu le contrôle de ses actes. Selon Maître Tina Colombani-Bataillard, avocate de la défense, son client O.R. "conteste totalement les faits qui lui sont reprochés".

"Une patiente en string sur la table"

Les enquêteurs, en fouillant son téléphone et son ordinateur, ont découvert une autre facette de sa personnalité. Des centaines de conversations sexuelles, parfois tarifées. Des clichés pornographiques, dont certains pris par lui-même, posant aux côtés de femmes nues ou endormies. L’une des photos montre une patiente en string, allongée sur une table de massage. Autour de l’ancien kiné, les témoignages se contredisent. Ses patients fidèles parlent d’un professionnel "sérieux", "à l’écoute". Sa compagne le soutient: "Il est gentil et généreux", dit-elle, persuadée que les jeunes filles ont mal interprété ses gestes. D’anciens collègues brossent un tableau bien plus sombre. Une ancienne employeuse explique avoir mis fin à leur collaboration après des plaintes de patientes mineures.

Le parquet a retenu la qualification d’agressions sexuelles par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction, aggravée par la minorité des victimes. D’abord placé sous contrôle judiciaire en 2021, le kiné a depuis repris son activité dans les Alpes-Maritimes mais ne pratique plus sur les mineurs. Il lui est interdit d’exercer et d’entrer en contact avec les plaignantes.

Contacté, le parquet de Nice n’a pas souhaité communiquer avant l’audience.

1. Les prénoms ont été modifiés pour garantir l’anonymat.

2. Un muscle profond situé dans le bas du dos et le bassin. Il relie la colonne vertébrale aux jambes.

3. Un petit muscle dans la fesse. Il aide à tourner la jambe vers l’extérieur et à stabiliser le bassin.

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