Trois échecs à 5,70m avaient privé le perchiste Anthony Ammirati d’une finale olympique pour ses premiers Jeux, il y a un an jour pour jour. Avant de se projeter, ce week-end, sur les championnats de France de Talence (Gironde) où il vise un podium et les minimas pour les Mondiaux (5,82m), le Montaurousien de 22 ans est revenu sur cette XXXIIIe olympiade.
Vous venez de terminer quatrième des championnats d’Europe des moins de 23 ans à Bergen (Norvège). Quel est votre sentiment sur ce résultat?
Je suis un peu déçu. J’essaye de changer de gamme de perche depuis cet hiver et je galère (5,72m alors que son record personnel est de 5,81m). On a fait le choix de sauter avec mon nouveau matériel. C’était quitte ou double. ça n’a pas très bien marché, vu que je termine 4e alors que j’arrivais avec la deuxième perf’ des engagés. Je vais reprendre mon ancien matos pour les championnats de France Elite et pour le reste de la saison.
Qu’est-ce qui vous pose problème?
La manière de les fabriquer a changé. J’arrive moins bien à sauter avec les plus grandes (5m contre 4,90m). Je ne me retrouve pas trop dans ce que me propose le fabricant.
À quoi pensez-vous quand on évoque Paris-2024?
J’ai envie de revivre une expérience de la sorte mais, cette fois, en décrochant une place en finale et en donnant le meilleur de moi-même. J’étais venu aux Jeux avec une saison très compliquée, car je sautais avec une lyse isthmique (une sorte de fracture au dos). J’ai fait comme je pouvais. Le chemin pour se qualifier a été très long et compliqué. C’était déjà un miracle pour moi d’être là. Je loupe de pas grand-chose ma place en finale. ça donne envie de rêver plus grand et pourquoi pas de Los Angeles (2028).
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué pendant ces JO?
Quand les Jeux ont commencé, c’était comme s’il n’y avait plus que la paix. Tout le monde était gentil, dans une atmosphère de sport, de fête. Tout était beau, parfait. Il n’y avait plus rien autour. Le monde entier était concentré sur les Jeux. C’est ça qui était le plus beau, cette atmosphère. C’est quelque chose d’unique.
Vous avez fait le buzz à votre dernier essai à 5,70m lorsque votre "paquet" a fait tomber la barre. Beaucoup de choses ont circulé à ce sujet. Vous auriez reçu des propositions diverses et variées dont un site X. Pouvez-vous nous aider à démêler le vrai du faux?
Je n’ai jamais reçu d’offre de ce site (rires). J’ai eu plein de propositions de partenariats un peu louches. Une marque brésilienne de préservatifs m’a contacté. Plein de petits trucs drôles comme ça, mais rien d’extraordinaire. D’ailleurs, je ressors de ces Jeux en me disant que ça pourrait m’aider dans ma carrière pour la recherche de sponsors. Au final, rien de concret ne m’a été proposé. Je suis toujours à la recherche de sponsors et de mécènes… Je n’y arrive pas. ça n’a pas changé grand-chose.
Vous avez tourné cet épisode à la dérision sur les réseaux sociaux en regrettant faire "plus de buzz pour [votre] paquet que pour [vos] performances". C’est un regret?
Avec du recul, ma perf (5,60m) n’était pas vraiment à la hauteur de l’événement… Après, c’était sûr que s’il se passait un truc comme ça, avec la médiatisation des Jeux, ça allait exploser.
Comment vous projetez-vous jusqu’à Los Angeles en 2028?
Avec le même plan pour essayer d’arriver en forme. Parmi les perchistes français à l’heure actuelle, on a tous la capacité d’aller chercher une finale olympique. Maintenant, il faut être en pleine forme le Jour J pour se déployer sur la piste. C’est le plus difficile. Mon objectif à moyen terme est de faire 6m et des médailles internationales.
Vous êtes dans une discipline que le Suédois Armand Duplantis survole. Il cherche en permanence à améliorer son record du monde (6,28m). Que pensez-vous du phénomène?
Tout le monde se bat pour la deuxième place. C’est terrible à dire mais il est tellement au-dessus de tout le monde... Il n’y a rien à faire. En s’élançant, il sait que sa perche va lui faire sauter plus de 6m et battre le record du monde. Il est capable de nous surprendre à chaque fois. Je ne sais pas quand ça va s’arrêter.
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