Connaissez-vous le razzle dazzle? Cette technique de camouflage permettait aux navires de la Seconde mais aussi et surtout de la Première Guerre mondiale de se protéger des tirs d’artillerie lourde en mer grâce à une illusion d’optique. Des formes géométriques irrégulières peintes avec des couleurs très contrastées servaient à déformer la perspective, donnant le moins d’information possible sur le type de navire, sa vitesse et son cap.
C’est de cette technique que s’est inspiré l’artiste local Mr OneTeas pour décorer cinq bollards situés sur le quai Chicane, à quelques mètres du Yacht-club. "Ces cinq points d’amarrage à quai où les bateaux attachent leurs lignes arrières ne servent plus aujourd’hui, explique Olivier Lavagna, directeur général de la Société d’exploitation des ports de Monaco (SEPM). On les entretient toujours et on s’est dit qu’étant propres, ils pouvaient être un support pour une expression artistique urbaine un peu originale."
"L’idée était de rendre visibles ces bollards"
C’est donc Anthony Alberti, alias Mr OneTeas, qui a été chargé de repeindre ces cinq bornes. "Cela fait un an et demi qu’on parle de ce projet qui a été repoussé à plusieurs reprises", retrace l’artiste qui a voulu prendre le contre-pied de la technique du razzle dazzle. "L’idée était non pas de camoufler ces bollards mais au contraire de les rendre visibles. En sachant que, généralement, ces bittes d’amarrage sont noires et servent souvent à faire pisser les chiens ou pour s’asseoir."
Exit le noir cette fois, les cinq bornes sont ornées de couleurs éclatantes. Une technique qui a (déjà) fait ses preuves. "Avant même d’avoir fini ces œuvres avec le temps de séchage, des gens scannaient déjà les QR Code, s’amuse Olivier Lavagna. Elles ne passent pas inaperçues!"
Un QR Code est inscrit sur chacune des œuvres pour rediriger le public sur le site de la SEPM avec une page explicative de la démarche de Mr OneTeas.
D’autres œuvres sur le port Hercule?
Artiste local fidèle de la Principauté, Anthony Alberti voit ainsi une nouvelle œuvre s’inscrire dans le paysage monégasque pour son plus grand plaisir. "J’avais notamment fait la façade du Ni-Box et c’est toujours un honneur et un plaisir [de travailler en Principauté ndlr]. C’était une nouvelle manière de faire quelque chose dans un contexte différent. Je ne l’avais jamais fait. C’est un challenge. Cela demande de se renouveler et c’est assez plaisant."
Au point de retenter l’expérience ? Tout en se montrant raisonnable, le directeur général de la SEPM Olivier Lavagna a indiqué que d’autres projets de ce genre pourraient voir le jour sur le port Hercule. "Nous sommes en train d’identifier certains éléments - que ce soit des bollards ou autres - qui pourraient se prêter à ce jeu parce que c’est sympathique. Mais l’idée n’est pas de transformer la zone portuaire en œuvre d’art. [rires]"
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