Nouveaux ateliers, transmission des anciens, centre de formation... Comment la céramique de Vallauris revient (de plus en plus) au goût du jour
La cité des Potiers voit fleurir une nouvelle vague d’ateliers. Grâce à la transmission des anciens et à des dispositifs municipaux, la céramique artisanale revient peu à peu sur le devant de la scène.
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Jules CottalordaPublié le 11/09/2025 à 09:00, mis à jour le 11/09/2025 à 09:00
Juliana et Lola ont ouvert leur boutique il y a moins d’un an à Vallauris.DR
Il fut un temps où les fours de Vallauris brûlaient sans relâche. C’était l’âge d’or de la céramique, des années 1950 jusqu’aux années 80/90. Les potiers et céramistes animaient l’avenue Georges-Clemenceau, les vitrines débordaient de pièces façonnées à la main et le nom même de Vallauris résonnait dans toute la France, grâce à un certain Pablo Picasso. L’artiste s’y installe en 1948, y découvre l’art de la terre cuite et contribue à mettre la ville sur la carte, la transformant en un centre incontournable de création.
"Un retour du goût pour le fait main"
Mais l’industrialisation des procédés, l’évolution des goûts et le vieillissement des artisans ont peu à peu éteint la flamme. Beaucoup de potiers ont pris leur retraite, parfois sans relève. Face à l’arrivée d’ateliers importants de poteries fabriquées à l’étranger, certains, écœurés, ont préféré baisser le rideau. Comme d’autres villages de tradition potière, Vallauris a alors connu une période de mise en sommeil.
Mais depuis une dizaine d’années, un nouveau souffle parcourt les ruelles de la ville. Une nouvelle génération d’artisans redonne vie à la céramique locale. "Il y a un vrai retour du goût pour le fait main, pour le savoir-faire", explique Aurore Vienne, céramiste installée depuis quatre ans en haut de l’avenue Clemenceau. "Je passe mes journées à recevoir des demandes de stages. Les gens s’intéressent à la matière, à la pratique."
Si autrefois la céramique servait surtout le quotidien, avec des pièces utilitaires, la tendance actuelle est plus décorative, plus artistique. "On s’est affranchis du style ancien, plus traditionnel de Vallauris. Même si ce style-là reste très précieux", ajoute Aurore.
La céramique, objet de reconversions
Juliana et Lola ont ouvert leur boutique il y a moins d’un an à Vallauris.
À quelques mètres de là, Alexis Carpentier, 30 ans, travaille la porcelaine depuis son atelier partagé avec Manon Letellier. Pour l’artisan, le confinement a été un tournant: "Beaucoup de gens se sont recentrés sur eux-mêmes, ont quitté des métiers qui ne leur correspondaient plus pour suivre leur passion. L’art, et notamment la poterie, a attiré énormément de monde. Notre secteur d’activité est un des premiers métiers de reconversion."
Parmi les nouvelles têtes de la céramique dans la commune, Lola et Juliana ont ouvert leur atelier commun il y a moins d’un an. "Je n’avais jamais touché à l’argile avant ma formation à l’École d’art céramique de Vallauris", explique la seconde. " Ce n’était pas évident au début, mais j’ai eu un soutien incroyable des céramistes installés depuis des générations. Ils ont partagé leurs techniques, leurs conseils."
Un soutien local bienvenu
Ce renouveau est aussi rendu possible par des dispositifs de soutien. Certaines boutiques sont louées par la municipalité à des loyers accessibles, facilitant ainsi l’installation des jeunes artisans. "Avec Manon, on partage une boutique municipale. C’est une vraie aide", souligne Alexis Carpentier.
À cela s’ajoutent des structures et des formations locales pour accompagner la professionnalisation. Située près du stade, l’école municipale de céramique, connue sous le nom d’Espace Grandjean, permet aux adultes de se perfectionner, notamment en tournage. L’établissement s’est installé dans une ancienne poterie, avec des salles de cours aménagées dans des fours à bois de l’époque.
Un centre de formation ouvert à la rentrée
À la rentrée, c’est un nouveau centre de formation en alternance qui ouvrira ses portes en bas de l’avenue Georges-Clemenceau. Il proposera un CAP décor et tournage, avec des équipements modernes: fours à gaz, fours électriques… "La formation en céramique proposée à Antibes a souvent pour vocation d’ouvrir un atelier. Ici, on veut proposer aussi d’autres débouchés", explique un céramiste de Vallauris.
Ces initiatives professionnalisantes permettent aussi de mieux maîtriser un métier parfois quelque peu improvisé: "Les fours à céramique peuvent être dangereux. Il est important de se former pour sa sécurité, mais aussi pour pouvoir ensuite enseigner avec un gage de qualité", insiste Aurore Vienne.
En attendant, les rues de Vallauris vivent aujourd’hui de nouveau au rythme de la céramique. Et l’Association vallaurienne d’extension de la céramique (AVEC), de son côté, continue d’œuvrer pour son rayonnement.
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