Le jardin animalier de Monaco consacre une exposition-hommage à son fondateur le princier Rainier III
Le Jardin animalier rend hommage à son fondateur avec une exposition qui raconte l’amour de l’ancien souverain pour les bêtes en tous genres qu’il a choisi de loger en Principauté.
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Cédric VERANYPublié le 19/06/2023 à 09:30, mis à jour le 19/06/2023 à 10:28
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L’image est assez unique : celle du prince Rainier III promenant en laisse un fauve dans les allées du Jardin animalier.Photo archives Palais princier
L’histoire se déroule en 1954. Le prince Rainier III est en croisière à bord du Deo Juvante II sur les côtes d’Afrique de l’Ouest. Au cours d’escales, il recueille ça et là une trentaine d’animaux blessés. Et forme à bord de son yacht une singulière "Arche de Noé" composée de crocodiles, de singes, d’autruches et autres oiseaux. Mais aussi de trois petits chimpanzés orphelins dont les parents ont été braconnés.
Le prince Rainier III avait recueilli trois chimpanzés dont les parents avaient été braconnés en Afrique de l'Ouest.Photo archives Palais princier.
Ce voyage sera l’acte fondateur du Jardin animalier de Monaco, d’abord nommé Centre d’acclimatation zoologique de Monaco et inauguré le 25 décembre 1954. À l’occasion du centenaire de la naissance du prince Rainier III, sa passion pour les animaux est racontée en images par l’exposition "Le prince et les animaux" dans les allées du Jardin animalier. Un établissement justement rebaptisé à l’occasion des commémorations: "Jardin animalier Rainier III". Nom logique pour ce prince dont la passion pour les animaux en général, et pour les fauves et les grands singes en particulier, n’était pas méconnue.
Acte fort des commémorations du centenaire de la naissance du prince Rainier III cette année, le Jardin animalier de la Principauté porte désormais le nom de son créateur.Photo Palais princier.
Pacha, Pollux, Buom-Nam et les autres
Lors de ce fameux voyage en 1954 en Afrique, adoptant ces animaux esseulés, Rainier III envoie des directives en Principauté pour commencer à aménager des terrains au pied du Palais, coincés entre la falaise et l’ancien stade Louis-II qui servaient de potager. À la hâte, on y imagine enclos et bassins. Et quand le Deo Juvante II accoste sur le quai du Commerce à l’automne, les animaux ont déjà un logis. Les témoignages photographiques dans l’exposition montrent des scènes cocasses d’un prince Rainier au physique d’aventurier, aux cotés d’animaux exotiques en tous genres, sans protection.
Dans les allées du parc, une frise retrace les différentes étapes de création depuis cette "Arche de Noé" constituée à bord du Deo Juvante II en 1954.Photo Palais princier.
À ces nouveaux résidents, s’ajoutent deux pensionnaires déjà présents en Principauté : les lions Pacha et Caid et une jeune éléphante d’Asie, Buom-Nam offerte par l’empereur du Vietnam. En 1956, des animaux offerts au couple princier pour leur mariage, viendront garnir les rangs. Le roi du Maroc envoie des lions de l’Atlas ; la république du Canada, elle, une famille de castors.
Une frise dans le Jardin raconte comme le bestiaire s’est constitué. Le premier gorille est installé à Monaco en 1962. Trois ans plus tard, c’est un hippopotame nain offert par le président du Liberia qui rejoint les enclos. En 1978, la première naissance d’un orang-outan. "Une centaine de fauves sont nés au parc", ajoute Laurent Peyronel, qui dirige le Jardin. L’établissement sera agrandi une première fois en 1968, une seconde en 1989. À l’époque, des manchots, des phoques, des otaries y vivent à l’année.
À chaque photo son explication, comme ici en 1965, quand le président du Liberia offre à la Principauté, un hippopotame nain.
Photo Palais princier.
En 1989 aussi, arrivent deux pensionnaires bien connus: Margareth le rhinocéros et Pollux l’hippopotame, récupérés d’un cirque en faillite. D’abord logées au château de Marchais, les bêtes ont deux ans quand elles viennent à Monaco. Si Pollux y coule toujours ses vieux jours, comme mascotte du parc, Margareth, elle, est à Toulouse dans un programme d’élevage européen.
80% d’animaux abandonnés
"Le prince Rainier Il visitait énormément de parcs animaliers dans le monde, il était aussi proche du milieu du cirque. Il a imaginé cet endroit, avec la vision de l’époque de montrer des animaux", souligne Laurent Peyronel. Rappelant qu’à une période, le Jardin comptait dans ses équipes un dresseur qui a fait travailler certains animaux nés à Monaco, pour monter des numéros présentés ensuite dans des cirques.
Des considérations qui peuvent faire bondir certains esprits aujourd’hui, s’opposant au dressage des animaux et à leur maintien en cage. Un point de vue à confronter avec une réalité: le Jardin animalier est surtout un sanctuaire. Offrant des solutions à des gens qui acquièrent des animaux, par plaisir ou par caprice, et qui ne trouvent plus d’intérêt ou d’énergie à s’en occuper au bout de quelques mois.
Parmi les premiers habitants du Jardin animalier à sa création, cette éléphante offerte par l’empereur du Vietnam.
Photo archives Palais princier.
"80% des animaux que nous abritons proviennent d’abandons, des saisies, de replacements. On récupère tous ceux que l’on peut, mais nous ne sommes pas extensibles", souligne Laurent Peyronel.
Certains ont des histoires originales: comme ce canard destiné à être engraissé, adopté par un habitant des communes limitrophes qui l’a sauvé de l’échafaud et l’a gardé chez lui quelques années avant de l’offrir au parc. Ou un superbe lapin blanc, qui n’est pas sans rappeler celui d’Alice au pays des merveilles, qui a été récupéré dans un laboratoire qui testait sur lui des produits. Ou encore un cacatoès récupéré dans la villa d’un couple d’Anglais au Cap Ferrat qui se séparait. Et personne ne voulait garder l’oiseau. Un désamour qui a rendu la bête asociale, il ne supporte personne d’autre que lui dans sa cage.
Tout un petit monde qui évolue là, en plein cœur de la Principauté, dans cet espace qui accueille chaque année plusieurs milliers de visiteurs. Et fêtera en 2024, ses soixante-dix ans.
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