Beuil, saison 25. Dans ce nouvel épisode de la petite commune de 500 habitants, l’ancienne exploitante du camping municipale, Julie Orselli, ne décolère pas.
D’abord, un retour sur les précédents épisodes s’impose. Après avoir géré le camping municipal Le Cians pendant douze ans, Julie Orselli a été écartée lors du renouvellement de la délégation de service publique (DSP), à compter du 31 mars 2025. Sur fond de règlement de comptes personnels avec le nouveau maire Nicolas Donadey, élu en février 2025 lors d’une élection partielle complémentaire houleuse.
Ce dernier avait alors pris la place de Roland Giraud, démissionnaire, et ex-beau-père de... Julie Orselli. En juillet 2024, dans nos colonnes, Nicolas Donadey, alors premier adjoint, déclarait déjà à propos du camping: "Nous allons remplacer les exploitants." Ambiance.
Le coup de théâtre du 12 juin
Après plusieurs recours juridiques, la mort dans l’âme, Julie Orselli a fini par se résigner, et a accepté, selon elle, de signer un protocole transactionnel avec la mairie pour la vente de plusieurs structures du camping le 5 mai, à hauteur de 80.000 euros (deux lodges, un spa, et un habitat insolite en forme de goutte d’eau). Comme pour enterrer la hache de guerre. Et avec de nouvelles perspectives professionnelles: la reprise en gérance de l’hôtel "Le col de Crous" à Péone, du camping municipal de Péone, et de l’aire de camping-car de Valberg.
Sauf que, le 12 juin, patatra. Le conseil municipal retire sa proposition d’achat. Et ce même jour, le tribunal administratif de Nice ordonne le démontage total des structures du camping sous 8 jours, avec 500 euros de pénalités par jour de retard. La justice a ainsi donné raison à la mairie, qui avait effectué un recours en ce sens le 21 mai, arguant que Julie Orselli occupait désormais illégalement le camping, et que les structures empêchaient la pleine prise de possession des lieux par le nouveau délégataire, la SAS Le Passage, dirigée par le couple Stéphanie Foulon et Jessy Figlia, qui tiennent le restaurant Le Passage dans le village.
"Nouvelle déception qui s’est transformée en haine"
"Ils ont fait tout ça juste pour me faire chier, pour que je n’aie pas le temps de démonter les biens et que je leur cède gratuitement, tempête Julie Orselli. Nous, on était persuadé qu’ils allaient tout racheter, car c’était une bonne affaire, surtout à ce tarif. Mais là, c’est une nouvelle déception qui s’est transformée en haine. Ils font tout pour me mettre le plus possible dans le jus."
Elle avait alors lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux pour l’aider à tout démonter le plus rapidement possible. "On est exténué, on a qu’une envie, c’est de se barrer", disait-elle.
Aujourd’hui, presque tout est démonté, mais il reste encore le "family lodge". "C’est une grosse structure, et on ne pourra pas la démonter avant le week-end du 14 juillet, car les ‘‘déconstructeurs’’ ne sont pas disponibles avant cette date, explique-t-elle. On a proposé au nouveau gestionnaire de l’exploiter comme si c’était le sien tout l’été en échange de l’annulation des pénalités journalières, mais on n’a pas encore reçu de réponse."
Le maire Nicolas Donadey, lui, conteste cette version. Il estime que Julie Orselli met en œuvre "une stratégie de blocage volontaire du camping pour retarder au maximum sa réouverture". Concernant le retrait du protocole transactionnel, c’est parce que cette dernière "réclamait beaucoup plus d’argent que prévu". Un "mensonge", selon l’ancienne gérante. Bref, personne n’est d’accord. Et ça sera une nouvelle fois à la justice de trancher. Puisque Julie Orselli a prévu de contester les pénalités journalières en justice, mais a aussi demandé l’annulation de la procédure de renouvellement de la DSP, sur le fond.
"Le pouvoir rend fou"
"Le pouvoir rend fou, dit un observateur avisé de la politique local, qui préfère rester anonyme pour ne pas envenimer un peu plus les choses. Un commerçant du village chassé par la municipalité pour y installer un autre commerçant du village, dans un bourg de 500 habitants, c’est quand même dingue. C’est comme si la notion d’humanité avait disparu à Beuil... le village se trumpise."
Bref, la saga n’est pas près de s’arrêter. Et la prochaine saison qui se profile, avec les élections municipales en mars 2026, ne devrait pas manquer de piment.
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