"La méditerranée a tendance à se réchauffer": Gennifer Demey, la madame météo du groupe M6 de passage sur la Côte d'Azur pour parler d'écologie

La journaliste bordelaise, qui présente la météo sur les chaînes du groupe M6, est de passage à Mandelieu dans le cadre de la Fête du mimosa. L’occasion de parler environnement. Rencontre.

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Clément Tiberghien Publié le 18/02/2024 à 10:00, mis à jour le 18/02/2024 à 10:00
"L’écologie a besoin de la mobilisation de toute la planète." Photo Clément Tiberghien

Journaliste spécialisée en météorologie, Gennifer Demey présente les bulletins au sein du groupe M6. La préservation du climat comme étendard, en quête d’un avenir plus soucieux de préserver notre planète.

La ville de Mandelieu-La Napoule a subi de terribles inondations en 2011, 2015 et 2019

Des problématiques auxquelles je suis particulièrement sensible, récurrentes, dans le Nord encore récemment. Des phénomènes qui vont se répéter et devenir de plus en plus dramatiques si on n'aménage pas notre territoire dans la mesure où on a parfois du mal, encore aujourd'hui, à prendre conscience de notre impact sur le dérèglement climatique.

Il est parfois difficile de dire à un agriculteur azuréen qu'il va devoir fortement limiter l'irrigation de ses cultures en période de sécheresse…

Mettre un poids de culpabilité sur les gens en permanence, ce n'est pas bon. Même lorsqu’une pluie survient, quand les sols sont particulièrement touchés par la sécheresse, l'eau n'arrive plus à pénétrer et donc à atteindre les nappes phréatiques et les réalimenter. C'est de l'eau de surface qui s'évapore et la terre reste sèche.

On sort d'un hiver particulièrement doux…

C'est alarmant, et même affolant de se dire que des températures de 20° en février sont habituelles. Il y a déjà des méduses en cette saison. On sait pourtant que celles-ci aiment l'eau chaude. La Méditerranée a tendance à se réchauffer ce qui va amplifier les phénomènes d'épisodes cévenols et méditerranéens.

Cet été, à Cannes notamment, on a régulièrement battu des records de chaleur, des nuits tropicales pendant plusieurs semaines…

Et la population veut continuer à vivre comme avant malgré tout, à grand renfort de climatisation! Et on a un comportement qui est de moins en moins écologique pour survivre à des conditions qui suivent un chemin dangereux mais dans lequel on est malgré tout encore embarqué. Il faut continuer de chercher des solutions pour être en adéquation avec le respect de notre climat.

En 2014, Évelyne Dhéliat avait présenté son vrai-faux bulletin météo pour 2050

Je l'ai rencontrée en décembre dernier, et elle me racontait qu'à l'époque elle était choquée par les chiffres et que c'était une blague. Aujourd'hui, elle se dit que c'était malheureusement une prédiction. C'est quelque chose qui l'a marquée, elle en parle toujours, de ce passage du canular à la réalité des faits, c'est effrayant.

Les gens ont du mal à changer leurs habitudes…

C'est compliqué pour certaines personnes de comprendre que chaque acte a un impact sur le territoire. Le fait d’acheter de la "fast-fashion", par exemple, peut sembler un acte innocent mais tout ce qui a été nécessaire pour la produire a des conséquences…

De passage à Dubaï, j'ai été choquée par le contraste entre le désert et la climatisation jusqu'en extérieur, des piscines partout. Et de retour en France, j’entendais à la radio quelqu'un répéter qu'il ne fallait plus que les gens mangent de la viande parce que ce n'était pas bon pour la planète. On vit dans une culpabilité constante, alors que là-bas tout le monde s'en fiche. Oui, il faut faire des efforts parce qu'on est les maillons d'une chaîne mais, moralement, c'est dur à porter parce qu'on a l'impression qu'on est coupable de tout.

Les habitants de certains pays n'ont pas le même rapport à l'environnement que nous

À Bali, j'ai été frappée par la façon très différente de voir les choses. Leur notion de saleté n'est pas la même. Pour eux, l'eau nettoie, enlève les détritus donc on jette tout dans l'eau. Mais cette eau ne reste pas à Bali, elle traverse le globe… Difficile de se demander comment éveiller les consciences de façon globale.

Certains groupuscules écolos s'attaquent à l'art pour choquer, la Joconde en a fait les frais récemment, faut-il en arriver là pour faire réagir?

Je pense que l'on arrive à un stade où c'est avec le choc que l'on fonctionne. Les buzz sur les réseaux et sur la toile en général. C'est quand on a ce genre de buzz que les mentalités évoluent chez certains, mais pas tous. Mais ça demande de changer un état d'esprit qui a traversé notre pays pendant les dernières décennies!

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