"Merci, merci vraiment...", nous répète à plusieurs reprises Julien, qui ne sait plus vers quelle oreille bienveillante et surtout utile se tourner. La préfecture, la mairie, les députés... il leur a tous écrit, mais assure n’avoir reçu aucun retour. Concierge à l’hôtel Hermitage depuis 15 ans, Julien - avec sa compagne qui est infirmière à l’IM2S - a fait l’acquisition d’un petit deux-pièces dans le quartier des Moneghetti à Beausoleil. Un investissement locatif qui avait pour but de constituer une petite rente aux deux parents d’une fille en bas âge, et d’assurer leurs vieux jours. Mais tout ne s’est pas exactement passé comme prévu...
Deux décisions de justice et 15.000 euros de loyers impayés
"Quand nous avons acheté, il y avait un locataire qui était déjà en place depuis une dizaine d’années. Il nous a été présenté par l’agence et par les anciens propriétaires comme un locataire exemplaire, qui payait rubis sur l’ongle", amorce Julien, qui avait eu accès aux quittances de loyer, et qui n’a donc pas souscrit à une assurance loyers impayés.
"Tout s’est bien passé le premier mois, et le loyer [d’environ 800 euros, NDLR] n’ayant jamais été révisé en 10 ans, nous avons décidé de l’augmenter légèrement, à hauteur de 20-30 euros, sur la base de l’indice de référence des loyers", poursuit le salarié monégasque. Et c’est là que les choses ont commencé à se gâter pour les deux amoureux. "Il s’est braqué, a mis en avant le fait qu’il avait perdu son papa, et a décidé de ne plus payer le loyer depuis cette date. Selon lui, l’augmentation ne serait pas légale", déclare-t-il amer, ayant arrêté toute communication avec le (très) mauvais payeur, qui travaillerait épisodiquement dans le transport en Principauté.
Avec les retards de loyers s’accumulant, à hauteur de 15.000 euros, sans parler du crédit à rembourser, Julien et sa compagne n’ont pas traîné et ont pris un avocat pour entamer le combat judiciaire. "Il y a eu un procès en novembre à Menton, le locataire a été débouté. Mais on était en pleine trêve hivernale. En attendant, étant de mauvaise foi, il a fait appel en mars. On a eu le délibéré fin mai et on a encore gagné", indique-t-il. Avec à la clef, une expulsion décrétée pour le locataire, devenu avec cette décision de justice, "occupant sans droit ni titre".
La crainte d’une nouvelle trêve hivernale
S’en est suivie une visite de courtoisie de l’huissier à l’occupant pour lui notifier le commandement de quitter les lieux. Mais rien n’y fait, le locataire indélicat est toujours dans le logement à ce jour. "On attend le concours de la force publique de la part de la préfecture des Alpes-Maritimes désormais...", souffle Julien. Et sa plus grande peur, c’est que celle-ci n’arrive pas avant le début de la trêve hivernale (1er novembre).
"On est à bout. Nos économies y sont quasiment toutes passées. Financièrement, on commence à être dans le rouge. Il faut payer les frais d’avocat, d’huissier, le crédit, les charges", se désole-t-il.
Et si une nouvelle trêve hivernale devait arriver avant l’expulsion, Julien l’assure, il se fera justice lui-même. Car au-delà de sa situation personnelle, il craint que ce contexte ne cause également préjudice à sa petite fille. "On vient d’avoir une fille. J’ai dit à l’occupant que si cela devait impacter ma fille, alors, ça ne sera pas la même limonade... S’il y a une nouvelle trêve hivernale qui arrive avant son expulsion, on ira le déloger nous-même. Je préfère me retrouver avec du sursis sur mon casier qu’en sursis vis-à-vis de la banque et me retrouver interdit bancaire."
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