"Je ne dors plus..." À Toulon, le désespoir d’un réfugié afghan dont la famille est coincée à Kaboul

Le seul espoir de Farid réside désormais dans le centre de crise et de soutien du ministère des Affaires étrangères à Paris. Mais il a beau multiplier les tentatives, le service en question, saturé par le nombre de demandes, reste injoignable.

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P.-L. P. Publié le 26/08/2021 à 10:45, mis à jour le 26/08/2021 à 10:45
De peur d’être reconnu par les Talibans et pour ne pas mettre en danger sa famille encore en Afghanistan, Farid préfère garder le masque. Photo Valérie Le Parc

Depuis l’annonce du retour au pouvoir des Talibans, dimanche 15 août, Farid vit dans l’angoisse. "Je ne dors plus, je ne mange plus", confie cet Afghan de 38 ans. Installé à Toulon depuis 2016, ce n’est pas pour lui qu’il a peur, mais pour sa femme, ses deux jeunes enfants et sa mère, qu’il tente désespérément de faire sortir du pays.

"Elles ont quitté Nangarhar, à l’est de Kaboul, et ont pu rejoindre la capitale. Mais depuis, elles sont coincées à l’extérieur de l’aéroport, au milieu de milliers d’autres Afghans qui cherchent à fuir", raconte laborieusement Farid, qui s’excuserait presque de ne pas maîtriser la langue de Molière.

Fuir quoi? Fuir qui? La guerre. Et les Talibans, bien sûr. Exhibant un certificat médical obtenu ici en France, Farid, qui exerçait le métier de chauffeur de taxi, explique qu’il a été torturé par les fondamentalistes. "Ils m’ont pendu par les pieds. J’ai reçu une balle de pistolet dans la jambe gauche".

Et de montrer la cicatrice à travers une déchirure de son jean. Mais difficile d’en savoir plus sur les raisons de telles violences. Frustré de ne pas pouvoir s’exprimer, Farid nous renvoie à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides. "Ils ont mon dossier. Ils connaissent parfaitement mon histoire".

La cellule de crise du ministère injoignable

Personne ne la met en doute. Farid a d’ailleurs un titre de séjour, tout ce qu’il y a de plus régulier, l’autorisant même à travailler. Il ne s’en prive pas. Au guidon de son scooter orange, il sillonne les rues de Toulon pour le compte d’une plateforme de livraison de repas à domicile. "Ça me permettait d’envoyer régulièrement de l’argent à ma famille. Mais désormais c’est impossible, les banques afghanes sont fermées".

Les frontières aussi. Que ce soit vers le Pakistan ou l’Iran, plus personne ne sort du pays. Le rendez-vous, le 8 septembre prochain, que sa femme avait obtenu à l’ambassade de France à Téhéran pour retirer des visas, est, de fait, annulé. Ce fut déjà le cas en juillet, mais cette fois à Islamabad. "L’ambassade avait dû fermer à cause des menaces qui pesaient sur la France à la suite des déclarations de Macron sur le droit à la caricature". Malédiction.

Le seul espoir de Farid réside désormais dans le centre de crise et de soutien du ministère des Affaires étrangères à Paris. Mais il a beau multiplier les tentatives, le service en question, saturé par le nombre de demandes, reste injoignable. Alors que la fin des évacuations se profile à l’horizon.

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