La scène a été d’une rare violence. Près de la gare de Juan-les-Pins, Benjamin, le conducteur de train, qui, avec son élève, a réussi à maîtriser un individu en pleine "crise de démence", nous a livré son intense témoignage par écrit.
Jeudi, "10 juillet, peu avant la gare de Juan-les-Pins, un individu a commencé à frapper violemment les parois du train, en particulier la porte de la cabine de conduite. Les coups étaient si violents qu’il s’est blessé, mettant du sang sur les murs, les sièges, les sols et la porte d’accès en cabine de conduite, raconte-t-il. Pendant plusieurs dizaines de minutes, il a proféré des insultes graves et des menaces de mort répétées à notre encontre, en martelant violemment la porte d’accès afin de pénétrer en cabine de conduite pour nous nuire."
Une situation "extrêmement dangereuse"
Les vidéos qu’il a fait parvenir à Nice-Matin sont édifiantes: les murs et les sièges du wagon sont maculés d’hémoglobine. Depuis la cabine, la porte semble sur le point d’exploser. "Face à cette situation extrêmement dangereuse, nous avons pris la décision d’immobiliser le train à quai à Juan-les-Pins [pendant 35 minutes], en attendant l’intervention des forces de l’ordre. L’individu, loin de se calmer, a continué à frapper la porte de toutes ses forces et à hurler des insultes et menaces. Après environ dix minutes d’arrêt, l’agresseur a quitté la rame, est descendu près des voies, s’est placé devant la cabine de conduite, et nous a à nouveau menacés et insultés."
Des employés courageux mais sous le choc
Sur le parking des Nations, situé en face de la gare, vers lequel il s’est par la suite dirigé, l’homme passe à l’acte: "En mimant un geste d’égorgement, (il) a franchi la barrière qui séparait les voies ferrées de la route et agressé physiquement une personne âgée gratuitement, en lui portant des coups répétés à la tête, sans aucune raison." C’en est trop pour Benjamin et son élève, qui agissent avec courage.
"J’ai décidé de quitter la cabine pour porter assistance à la victime, sur le bord de la route, qui allait mourir étant donné la violence des coups, et j’ai neutralisé l’individu. Mais celui-ci s’est débattu avec une extrême violence, nous a donné des coups, insultés, menacés de mort, craché dessus à plusieurs reprises, et tenté de nous mordre." Sur place, "des témoins se sont précipités pour venir en aide à la personne âgée, pendant que nous maintenions l’agresseur au sol avec mon élève conducteur de train." Même maîtrisé, l’homme se tord dans tous les sens, bave et vocifère malgré les appels au calme, jusqu’à l’arrivée des policiers. Comme possédé.
Sous le choc après cette intervention héroïque, "nous avons dû nettoyer nos vêtements tachés de sang, nos chaussures et nos affaires professionnelles, sans grand succès, avant de pouvoir reprendre notre service dans des conditions psychologiquement et physiquement extrêmement difficiles, souffle le conducteur. Si j’étais arrivé dix secondes trop tard, le vieillard serait mort." Ce dernier ainsi que l’assaillant ont été transportés à l’hôpital d’Antibes.
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