Photographe, cinéaste, pilote d'avion... et même pionnier des géomètres de Monaco, Jean-Bernard Rollin se confie à l'heure de la retraite
Après 53 ans de carrière, le seul géomètre expert de Monaco a décroché son enseigne. Pilote, photographe, cinéaste, en plus de sa carrière dans le bâtiment... il part pour de nouvelles aventures
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Ludovic MercierPublié le 16/04/2019 à 17:08, mis à jour le 16/04/2019 à 17:08
Jean-Bernard Rollin au milieu de ce qui compose son univers : l’Hélice d’or, la plaque dorée, des coupes et des photos...L.M.
En 1969, au tout début de sa carrière, il réalise les relevés du vallon Ste-Dévote.DR-JB Rollin.
Cette année-là, Michel Hidalgo est milieu de terrain de l’AS Monaco, Jackie Stewart remporte le Grand Prix en 2 h 33. Nous sommes en 1966. Et Jean-Bernard Rollin vient de démarrer sa carrière de géomètre. Il deviendra le seul géomètre expert de la principauté pendant plus de cinquante ans.
Alors qu’il vient de décrocher sa plaque dorée, cet homme aux talents multiples se souvient : "À l’époque, Monaco était un village avec de très jolies villas".
Très vite, on lui demande de cartographier le vallon Ste Dévote. "À l’époque, il n’y avait pas de laser. On travaillait avec des outils qui semblent préhistoriques aujourd’hui !"
Sous tous les angles
Pendant des années, il va quadriller Monaco. Les petits clous plantés un peu partout dans le sol, c’est son œuvre. Des repères géodésiques pour savoir ce qui est à quelle hauteur par rapport à la mer.
Et c’est peu dire qu’il connaît Monaco comme sa poche : il est intervenu sur la plupart des immeubles de ces cinq dernières décennies, mais a aussi exploré d’autres dimensions. "Très vite, après mon installation, on m’a demandé de cartographier le sous-sol. Car à cette époque, on traçait les réseaux un peu comme on pouvait." Devant l’urbanisation qui s’annonce, il devient évident qu’il faut savoir un peu où sont les tuyaux et les voies, à quoi ils correspondent.
La surface, les profondeurs… pour cet infatigable travailleur, il ne restait plus que les airs.
Depuis sa plus tendre enfance, Jean-Bernard Rollin a deux passions : les avions et le cinéma. Dans le village où il grandit, il y a un projectionniste qui passe avec des films. "Je voyais cette boîte qui envoyait des images qui bougeaient. Pour moi, c’était de la magie." Alors, tout scientifique qu’il est, il devient également magicien : Rollin tournera des films. Il montera même sa propre société de production. Les Pyrénées, où il a passé de nombreuses vacances pendant son enfance, et où il a rencontré son épouse, Anne-Marie, lui ont donné l’amour des montagnes. Il les filme, et un jour, a l’opportunité de les filmer d’en haut : "Un ami m’a proposé de monter dans son avion. Ça a été le déclic."
Jean-Bernard et Anne-Marie Rollin vont passer des centaines d’heures dans le ciel. "Parfois, on prenait l’avion pour aller pique-niquer à Fayence", confie-t-elle. À cette époque-là, la réglementation est plus souple, le kérosène abordable. Il passe brevets et qualifications : avions, planeurs, et hydravions.
Passionné de cinéma et d’avions, il a eu les félicitations de la patrouille de France pour l’un de ses films.DR-JB Rollin.
Le cœur sur les ailes
Pour conjuguer ces deux passions, avec l’aide d’amis bricoleurs, ils mettent au point des outils de fixations des caméras sur les avions : "C’était compliqué, car quand on fixe une caméra sur la queue de l’avion, il faut à tout prix éviter de briser l’aérodynamisme". En 1981, il remporte l’hélice d’or, la plus haute récompense du festival du film d’aviation pour son film Symphonie en planeur, sur une musique de son compositeur fétiche, Gustav Mahler. L’œuvre est saluée par la Patrouille de France, et par un jeune journaliste mordu de sports aériens, qui utilisera les mêmes techniques quelques années plus tard : c’est Nicolas Hulot.
Le cœur sur la main, ou plutôt sur les ailes, Jean-Bernard Rollin part en Afrique pour participer au tournage d’un film sur les populations en détresse, avec Aviation sans Frontière, et le soutien de Michel Pastor.
Photographe de talent il est médaillé par la Fédération internationale de l’art photographique. Pour Monaco, il immortalise la Principauté vue du ciel : "Notre hélico nous a montés à 4 000 mètres. En plein été, la température était négative, et l’opérateur au sol nous a donné le top pour être parfaitement à la verticale, le pilote était excellent, l’immobilité était parfaite. C’était bien avant Google Earth." Pendant plusieurs années, les visiteurs du Ministère d’État ont pu admirer le tirage de ce cliché, long de 4 mètres.
Quand un infatigable prend sa retraite, c’est pour travailler sur autre chose. De toutes ces années, il reste à Jean-Bernard Rollin des kilomètres de bobines de films qui n’ont jamais été montées. Scalpel et scotch en main, il est paré pour de belles années de montage.
Ici en 1986, Jean-Bernard Rollin emmène des lycéens en vol d’initiation dans ce Piper Cub, enregistré à Monaco.DR-JB Rollin.
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