L’odyssée sur les sommets: deux traileurs à l'assaut de la Grande traversée du Mercantour

La nuit dernière, Théo Le Boudec et Christophe Tiéran sont partis à l’assaut de la Grande traversée du Mercantour (225 km). Même s’ils visent le record, les traileurs le voient comme une aventure.

Vivien Seiller Publié le 10/09/2024 à 09:21, mis à jour le 10/09/2024 à 13:44
Théo Le Boudec (premier plan) et Christophe Tiéran partent à 3h cette nuit. Photo DR

Leur rencontre ne date pas vraiment. Elle est même plutôt récente au regard de l’ampleur du projet. Il y a cinq mois, Théo Le Boudec prend le départ du kilomètre vertical (1) de Saint-Martin-Vésubie et rencontre Christophe Tiéran, coureur local bien connu dans la vallée.

Très vite, le Breton de 24 ans et l’Azuréen de 41 se revoient et échangent sur un projet un peu fou: se lancer à l’assaut de la Grande traversée du Mercantour (GTM) en duo. Le menu est copieux et pas toujours digeste pour qui tente de l’avaler: 225 km entre Entraunes et Menton agrémenté de 13.500 m de dénivelé. Un gros morceau.

"Je me suis installé à Venanson il y a un an, j'ai un peu tout plaqué en Bretagne, contextualise Théo Le Boudec. Je suis traileur pro, donc je voulais progresser en montagne pour être en contact des meilleurs à long terme. Christophe m'a parlé de sa tentative de grande traversée. C'est un projet que j'avais en tête mais pour l'année prochaine. À la base, je devais partir sur l'UTMB et j’ai pris la décision de mettre de côté ma saison "'performance' pour partir sur un projet un peu plus décalé."

"Mettre en avant la vallée"

Décalé ne veut pas dire à la cool. Un tel projet se prépare à tous les niveaux, même si Christophe Tiéran s’entraîne en parallèle de son travail. "On a fait une dizaine de séances ensemble, développe Le Boudec, vainqueur du dernier Ultra-trail du Mercantour. Christophe me donne beaucoup de conseils. Il faut prendre le temps de s'adapter à l'autre. C'est un peu comme dans un couple." La logistique est lourde. "On reprend les 17 étapes de la GTM. Nos compagnes seront présentes sur les points de ravitaillements accessibles par la route et on aura des copains traileurs dans les refuges comme Rabuons, Vens, les Merveilles… Des pacers (2) feront des bouts avec nous pour nous remotiver, garder une communication et filmer par endroits."

Un film pourrait permettre aux amoureux de montagne de vivre l’aventure, nommée "Quand les lumières s’allument", d’une autre façon (3).

"On veut faire rayonner le territoire, mettre en avant la vallée qui a pas mal souffert avec les tempêtes. On est encore à la recherche de partenaires pour en faire un film qui puisse être intégré dans les festivals de montagne."

En moins de 46h?

Compétiteurs, les deux hommes se verraient bien raboter le record de la GTM détenu par l’Azuréen Yohan Viani (46h10’ en 2020). Les entraînements des derniers mois leur laisse de l’espoir.

"On a fait une reco sur quatre jours et on était sur des bases de 42h, conclut Le Boudec. On sait que le record est prenable mais l'objectif, c’est vraiment d'arriver à Menton le moins cassé possible. Il y aura des moments plus compliqués avec la fatigue."

Ils sont partis dans la nuit de lundi à mardi à 3 heures.

1. Montée raide avec un dénivelé d’environ 1.000m.
2. Coureur qui accompagne temporairement les autres traileurs pour imprimer un rythme et garder une forme de contact.
3. L’aventure peut être suivie sur la page Instagram quand_les_lumieres_sallument

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