" Dire qu’un yacht est "vert" serait exagéré mais l’industrie évolue": ce que vous réserve le Monaco Yacht Show 2025
La directrice générale du Salon, Gaëlle Tallarida, décrypte les solutions durables qui seront exposées du 24 au 27 septembre, et évoque le défi logistique pour réduire l’impact de l’évènement sur la ville.
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Jérémy Becam (jbecam@nicematin.fr)Publié le 08/09/2025 à 10:00, mis à jour le 08/09/2025 à 10:00
Face à l’augmentation de la taille des yachts, le salon a dû réduire leur nombre: environ 118 cette année, contre 124 il y a quelques années. Une baisse compensée par la présence d’autres bateaux de plus petite taille.Photo Jean-François Ottonello
Chaque année, le port de Monaco se transforme en un écrin où plus de 120 superyachts se côtoient, attirant designers, passionnés et collectionneurs du monde entier.
Après le Grand Prix de Formule 1, le Monaco Yacht Show s’impose comme le deuxième événement majeur de la Principauté, un rendez-vous incontournable pour découvrir les innovations et les navires les plus prestigieux.
Gaëlle Tallarida, directrice générale du Salon, détaille les nouveautés de l’édition 2025, l’accent toujours plus marqué sur le yachting durable, ainsi que les contraintes logistiques engendrées par l’installation et l’organisation d’un tel événement.
Quelles nouveautés attendent les visiteurs cette année ?
Le Monaco Yacht Show n’est pas seulement un Salon: c’est une plateforme internationale où chantiers navals, designers et brokers présentent leurs dernières créations et innovations. Cette année, 120 superyachts sont attendus, dont une cinquantaine de constructions neuves. Un chiffre remarquable, car chaque chantier ne lance que quelques unités par an et les cycles de construction sont longs, souvent de trois à quatre ans. Au total, il existe aujourd’hui environ 8.000 superyachts dans le monde. Le port de Monaco étant une infrastructure fixe, le nombre de places est limité, rendant la sélection extrêmement rigoureuse. Aux côtés des chantiers, les brokers exposent également des unités d’occasion ou disponibles à la location, offrant aux visiteurs un panorama complet du marché.
Comment le salon met-il en valeur l’ensemble de l’industrie, au-delà des yachts ?
Nous avons toujours voulu que le salon reflète l’ensemble de l’industrie, pas seulement les yachts. Le Parvis Piscine est dédié au design et aux aménagements intérieurs, et une grande tente est consacrée aux innovations technologiques. Le Yacht Design & Innovation Hub, au virage Louis Chiron, regroupe dix-sept designers internationaux et propose des expériences immersives comme la visite virtuelle 3D d’intérieurs de yachts, permettant de se projeter avant même la construction. Pour 2025, nous avons également installé une frise chronologique retraçant trente ans d’innovations et renforcé la sectorisation pour améliorer l’expérience visiteur. L’Adventure Area regroupe tenders, gadgets nautiques et voitures de luxe en partenariat avec Lamborghini, Porsche et Maserati, certaines marques proposant même des bateaux brandés pour attirer de nouveaux clients et collectionneurs. En parallèle du Yacht Show, nous organisons toujours le Monaco Yacht Summit qui offre des tables rondes sur les thématiques de l’innovation, du design et de l’écoresponsabilité. Cette année, nous avons rebrandé le concept pour offrir un programme complet sur quatre jours pour répondre aux attentes de chaque visiteur.
Gaëlle Tallarida, directrice du MYS.
Photo Jean-François ottonello.
Observe-t-on une vraie demande pour des yachts plus respectueux de l’environnement ?
Oui, même si les profils restent variés. Certains clients sont très sensibles aux enjeux environnementaux; d’autres moins, mais la tendance est nette. Les chantiers et designers sont désormais poussés par leurs clients à proposer des solutions plus respectueuses: systèmes de propulsion, sources d’énergie alternatives, automatisation, matériaux durables pour construction et décoration, peintures moins nocives pour le milieu marin. Dire qu’un yacht est "vert" serait exagéré, mais l’industrie investit massivement dans des technologies qui bénéficieront à terme au secteur maritime et au grand public, un peu comme la Formule 1 a servi de laboratoire pour l’automobile.
Quelles innovations techniques marquent cette édition?
Les systèmes énergétiques sont de plus en plus sophistiqués pour réduire la consommation, notamment le hotel load, c’est-à-dire l’énergie utilisée au mouillage pour la climatisation ou l’éclairage. Les chantiers investissent aussi dans les refits, la rénovation de yachts existants, pour intégrer des solutions technologiques de pointe.
Une tendance se dessine-t-elle autour des navires spécifiques comme les explorer yachts ou les catamarans?
Les explorer yachts ne sont pas une mode passagère, elle est installée depuis plusieurs années déjà. Il y a une quinzaine d’années, le profil type des propriétaires était assez uniforme: ils naviguaient en Méditerranée l’été, surtout entre Porto Cervo et Saint-Tropez, puis ils allaient dans les Caraïbes l’hiver. Aujourd’hui, la demande évolue. Les explorer yachts permettent d’aller sur des zones reculées, comme les pôles, ou dans des régions dépourvues d’infrastructures portuaires capables d’accueillir des yachts de 50mètres ou plus. Ces bateaux nécessitent une conception et une construction spécifique: coque renforcée, autonomie accrue en carburant, équipements particuliers comme des sous-marins ou des motoneiges. Ce sont des navires très techniques qui répondent à une clientèle passionnée de voyage et d’aventure. Les catamarans, eux, représentent une tendance plus récente mais en forte croissance depuis cinq ans. Ils offrent un excellent compromis entre espace, confort et stabilité. D’un point de vue logistique, c’est un défi pour le Monaco Yacht Show car ce sont des bateaux larges, qui occupent l’espace de deux yachts classiques.
Le Salon occupe-t-il plus d’espace avec la croissance des bateaux?
La taille du Monaco Yacht Show n’a pas changé depuis une dizaine d’années. L’impression de grandeur vient de pavillons en étage que nous avons ajoutés ponctuellement. Nous travaillons main dans la main avec le gouvernement princier et la mairie de Monaco pour réduire l’impact de l’événement sur la circulation. Le montage et le démontage sont calibrés à la minute près: on commence à installer les tentes d’exposition le 30 août, pour les livrer aux monteurs de stands à partir du 15 septembre. Le matériel est acheminé par camions, car il est impossible de tout faire arriver par hélicoptère ou par mer. Nous faisons tout pour optimiser: les camions arrivent tôt le matin, nous organisons des convois depuis le Parc d’Activité Logistique (PAL) de Nice Saint-Isidore pour réguler les livraisons. Chaque année, cela représente environ 450 semi-remorques, et chaque stand est conçu sur mesure pour refléter le savoir-faire des exposants. Nous avons aussi instauré des créneaux d’ouverture de la route de la Piscine: elle est ouverte le matin aux heures de pointe (7h30-9h30) pendant toute la phase de montage. Elle est totalement fermée uniquement quatre jours: le premier jour du Yacht Show, puis les trois jours suivant sa clôture. Ensuite, elle rouvre progressivement, toujours en fonction des horaires. Nous avons essayé par le passé de la laisser ouverte plus longtemps, mais cela générait des risques pour les usagers car il fallait interrompre le trafic pour chaque livraison de camion. Aujourd’hui, cette organisation est le meilleur compromis possible.
Le port de Monaco a-t-il ses limites? Comment vous adaptez-vous?
C’est notre cœur de métier. Nous devons optimiser chaque année le plan d’exposition. Le port de Monaco ne peut pas être agrandi, donc nous travaillons avec un plan technique et sécuritaire strict établi par la SEPM (Société d’exploitation des ports de Monaco). Chaque poste d’amarrage a une taille maximale définie et il faut toujours laisser de l’espace pour manœuvrer et évacuer les bateaux en cas de besoin. Les yachts grandissent, donc nous avons dû réduire leur nombre: il y a quelques années, nous avions 124 yachts exposés, aujourd’hui nous en avons environ 118. Pour autant, il n’y a pas moins de bateaux exposés.
Le profil des acheteurs a-t-il évolué?
Oui, il y a un rajeunissement. Il y a 25 ans, les propriétaires avaient 60 ans et plus. Aujourd’hui, une génération de 30-40 ans émerge, composée de familles fortunées et d’entrepreneurs ayant fait fortune dans la tech et autres secteurs innovants. Les nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle, optimisent l’énergie, l’éclairage et la gestion automatisée des systèmes de bord, sans remplacer la nécessité d’un capitaine, mais en rendant la navigation plus efficace.
Cette édition 2025 verra des initiatives environnementales labellisées.Photo archives Jean-François Ottonello.
Un nouveau label pour l’innovation durable
La nouveauté la plus notable dans le programme de cette édition du Monaco Yacht Show est la création de « Blue Wake », un nouveau programme mettant en lumière les solutions écoresponsables les plus impactantes de l’industrie du yachting.
"L’objectif est d’identifier et valoriser les exposants qui s’engagent dans des démarches concrètes en faveur de l’environnement", explique Gaëlle Tallarida, directrice générale de l’évènement monégasque.
Ces distinctions spécifiques au Monaco Yacht Show sont attribuées en partenariat avec la Water Revolution Foundation, une organisation qui analyse les candidatures et valide les engagements. Cette année, cinquante-neuf sociétés ont obtenu le label.
"Elles seront clairement identifiées dans le salon, que ce soit sur leurs stands ou via notre application officielle", ajoute la représentante de la grand-messe du yachting.
Le programme Blue Wake s’inscrit dans la continuité du Sustainability Hub introduit en 2022, renforçant l’engagement du Monaco Yacht Show en faveur de la transition écologique du yachting. Il permet aux visiteurs de découvrir des solutions concrètes et innovantes, allant de la propulsion hybride aux matériaux durables, en passant par des technologies solaires et des systèmes de traitement biologique.
En arpentant le salon, les visiteurs pourront apercevoir des stickers sur les stands des exposants pour mettre en avant la démarche plus responsable de l’entreprise.
"Nous sommes très satisfaits d’avoir sélectionné 59 sociétés et nous savons déjà qu’il y en aura plus l’année prochaine", se réjouit Gaëlle Tallarida.
Une soirée de remise de prix
Pour accompagner ce nouveau programme, le Monaco Yacht Show a également annoncé la première édition des Blue Wake Awards à l’occasion de l’édition 2025 du salon.
Les lauréats seront annoncés lors de la soirée d’ouverture officielle le mardi 23 septembre. Ces Blue Wake Awards récompenseront les initiatives les plus exemplaires dans cinq catégories: Produits et services de luxe, Fournisseurs nautiques, Chantiers navals de refit et de construction, Tenders et jouets nautiques, et un Prix spécial du jury pour un yacht exemplaire en matière de durabilité environnementale.
Le jury de cette année comprend notamment Gaëlle Tallarida, directrice générale du Monaco Yacht Show, le Dr Vienna Eleuteri, initiatrice et vice-présidente de la Water Revolution Foundation et Philippe Mondielli, Directeur Scientifique de la Fondation Prince Albert II de Monaco.
L’évaluation portera sur trois critères principaux dont la crédibilité des engagements environnementaux, la pertinence des solutions aux défis du yachting et l’impact mesurable de l’innovation.
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