À Roquebrune-Cap-Martin, hommage à la championne olympique de voile Virginie Hériot

Les "Journées de l’Art-Bre" honorent ce mardi une nouvelle personnalité associée à la commune de Roquebrune-Cap-Martin. En cette année dédiée à la mer et aux océans, le buste d’une championne olympique de voile sera dévoilé.

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Alice Rousselot (arousselot@nicematin.fr) Publié le 08/09/2025 à 14:40, mis à jour le 08/09/2025 à 14:40
Virginie Hériot à la barre de son voilier. Photo DR

Pour les amoureux du monde aquatique, l’année 2025 est à marquer d’une écume blanche. Surfant sur l’organisation de la 3e conférence des Nations unies sur l’océan à Nice, la France a en effet entériné qu’on célébrerait pour ce quart de siècle l’Année de la mer.

Du côté de Roquebrune, il semblait ainsi naturel d’honorer une figure "marine" pour les Journées de l’Art-Bre.

Un événement culturel organisé tous les ans sous le haut patronage du prince Albert II de Monaco, durant lequel un nouveau buste de personnalité (liée à la commune) est dévoilé.

Ce mardi, dans le parc du cap Martin, on s’intéressera ainsi à la figure de Virginie Hériot. Elle qui, en à peine plus de trente ans de navigation, aura parcouru 143.232 milles nautiques.

Soit l’équivalent de six fois et demie le tour de la Terre. Pas étonnant qu’elle ait été surnommée "Madame de la Mer" par le poète indien Rabindranath Tagore, et qualifiée de "Greatest yachtwoman in the world" par les Britanniques…

Une passion née à Menton

Fille du commandant Zacharie Olympe Hériot, riche héritier des Grands Magasins du Louvre, et d’Anne-Marie Dubernet, modeste vendeuse, Virginie Hériot est née le 25 juillet 1890 au Vésinet (Yvelines). Loin de la mer, en somme.

Après la mort précoce de son père, elle garde l’intime conviction qu’il lui faut vivre l’existence avec passion et aussi vite que possible. Et cela, les flots le lui offrent.

C’est à Menton que Virginie Hériot découvre la croisière – sur le yacht familial amarré dans la cité des citrons. Le Salvator. Lors de ce long voyage, elle rencontre l’écrivain et officier de marine Pierre Loti, qui lui apprend la mer et lui transmet sa passion. Une certitude ne tarde pas à l’envahir: "Je serai marine". Comprendre, un marin au féminin.

En 1912, pour ses 22 ans, elle se fait construire son premier yacht de course: L’Ailée. Nom qu’elle donnera pratiquement à tous ses bateaux par la suite. L’Ailée II et L’Ailée III seront d’ailleurs, à leur tour, amarrés à Menton.

Mais c’est avec L’Ailée IV, construit à Cannes, que "Madame de la mer" remporte la médaille d’or du yachting aux Jeux Olympiques d’Amsterdam, le 9 août 1928. Avec 46 secondes d’avance sur la Suède et 1 minute 41 secondes sur les Pays-Bas. Belle revanche pour celle qui avait raté sa qualification aux JO de 1924…

"Ma victoire olympique fut très belle. Lutte ardente contre tout et contre tous. Tout coalisé contre mon Aile ! Je dus combattre le doute, le temps, la routine, la supériorité, la muflerie, la fatigue et la maladie. J’ai donné, comme dans une bataille, ma vie pour avoir la victoire", écrira-t-elle.

La particularité de ce triomphe? Virginie Hériot était aux commandes d’un équipage de cinq hommes. Derrière une apparence frêle et un regard mélancolique se cache une mentalité d’acier.

"Les personnes que je rencontre ne me comprennent pas (...) Elles ne me jugent pas par mes actions mais à travers leurs sentiments. Physiquement, je les étonne: comment pouvez-vous conduire vos bateaux à la victoire avec des attaches aussi fines? Ou encore: comment se peut-il que dans un corps si menu puisse se cacher une si belle énergie!!", révélera-t-elle à ce sujet.

Car la "marine" ne manquait pas de talents. Comme en témoignent les ouvrages sur le monde de la mer qu’elle a publiés. Parmi lesquels un recueil de poèmes, Une âme à la mer, distingué par l’Académie française.

Comme en témoigne, aussi, son lobbying pour l’industrie et le commerce français. La navigation et le patriotisme ne sont pas incompatibles pour celle qui nourrit un double espoir: "faire aimer la mer aux Français en m’employant dans le sport à raviver dans les jeunes cœurs l’amour de l’océan qui se mourait et dans ma propagande maritime faire flotter et aimer notre cher pavillon de France".

Gravement blessée après avoir affronté une tempête, Virginie Hériot meurt d’une syncope peu de temps après, à l’âge de 42 ans.

Hirondelle des mers

Mais le lien avec Roquebrune, nous direz-vous? Il est à trouver du côté de sa mère, qui, veuve, fait construire la villa Cypris au Cap-Martin.

Quand Virginie, elle, s’installe dans une villa voisine – Les Hirondelles – bâtie par Hans-Georg Tersling. Au gré des voyages, elle y fait des visites régulières, bien que sa résidence principale demeure la mer.

"C’est peut-être parce que j’aime mes bateaux comme des êtres chers qu’ils me donnent de si douces joies…", dira-t-elle.

Son nom a été donné à une avenue du cap Martin dès 1932. Mais jusqu’à maintenant, c’est dans la ville de Cannes que Virginie Hériot avait sa statue, inaugurée en 1936. À Roquebrune, l’erreur s’apprête à être réparée. Son buste rejoindra ce mardi l’allée des célébrités.

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