Sébastien, Samuel va bien et on vous imagine soulagé…
J’étais content de voir son sourire ce matin, avec ses grandes dents blanches. J’ai passé la nuit à ses côtés, sur un petit fauteuil, pour surveiller sa respiration. Il n’y a qu’une chose à dire: Samuel va bien. Il a ses souvenirs, ses repères et il est conscient. Il est très bien pris en charge par le staff de Rennes, très bien entouré par les experts de l’hôpital où il va passer de nouveaux examens.
Sans entrer dans le secret médical, à quoi vont ressembler les prochains jours pour lui?
Il faut trouver les causes de ce malaise, chercher à comprendre. Mais je ne suis pas médecin et je ne veux pas parler trop vite. Tirer des conclusions n’est pas mon rôle. Encore une fois, aujourd’hui, je garde son grand sourire. Je suis monté avec lui dans le véhicule des pompiers et j’étais déjà très content de voir qu’il était bien quand on est arrivés ici (à l’hôpital, où le joueur a été acheminé après avoir été ranimé).
"Ce qu’il s’est passé, c’est extraordinaire (...). L’union des experts de Rennes et Monaco a permis de sauver une vie"
Il a été rapidement pris en charge par les staffs médicaux des deux clubs, ce qui lui a probablement sauvé la vie...
Ce qu’il s’est passé, c’est extraordinaire. Il y a plusieurs choses à mettre en avant. Il y a eu une grande qualité d’accueil de Rennes et une grande collaboration avec la Fédération française de football. Cela a commencé dès la veille du match. On a pu s’entraîner sur les installations de la Piverdière, le centre d’entraînement de Rennes. Je tiens à remercier le président rennais (Arnaud Pouille) et Denis Arnaud, le directeur du centre de formation, pour tout ce qu’ils ont fait avant, pendant et ce qu’ils font encore pour nous accompagner dans cet évènement. C’est un bel exemple de ce que doit être le foot, de l’intérêt de mutualiser les forces. Ils ont été plus qu’au service du foot. L’union des experts de Rennes et Monaco a permis de sauver une vie et cela fait plaisir à voir.
Que vous a dit Samuel ce matin?
On est noyés de messages depuis hier soir. Il m’a dit: "Sébastien, je n’arriverai jamais à répondre à tout le monde. Aurélien Tchouameni a même liké mon post Instagram. Tous les gens pensent à moi". Ce qui se passe a un côté magnifique. S’il y a un grand remerciement pour Rennes, il est valable aussi du côté de Monaco. Merci au président (Dmitry Rybolovlev) et au directeur général (Thiago Scuro) pour leur solidarité et leur accompagnement exemplaires. Je souligne aussi dans cette période la qualité du staff et du groupe de l’AS Monaco. Il y a eu une vraie solidarité et expertise de la part du staff. Tout le monde a espéré de longues minutes... (Ému). Sam envoie des messages à ses partenaires et cela fait du bien. Je suis encore dans l’émotion, ce n’est pas facile.
"Je lui ai dit: ‘‘Mon lapin, il va quand même falloir que tu fasses une vidéo pour rassurer tes potes’’"
Jeudi, la rencontre a été définitivement interrompue. Comment vos jeunes ont-ils vécu ces minutes d’angoisse et l’après?
Cela va être notre responsabilité de l’organiser. On les a déjà regroupés dans le vestiaire après le match pour qu’ils puissent verbaliser leurs émotions et mettre des mots sur ce qu’ils ressentaient. Jeannette Lyonnet, la préparatrice mentale du centre de formation et le staff ont fait un gros travail de verbalisation pour qu’il y ait des réseaux de communication. Ce matin (lire ce jeudi), au petit-déjeuner, ce fut encore le cas et il y aura une prise en charge aussi à la Diagonale, avec une cellule psychologique pour poser des mots. Les joueurs vont rentrer d’une minute à l’autre. Vous savez, j’ai 49 ans et j’ai encore du mal à faire ce travail de verbalisation, alors à 18 ans, quand vous avez vu votre pote au sol, ce n’est pas évident. Je gère ça avec énormément d’importance et la manière dont les joueurs ont géré ça est une fierté.
Dans une vidéo publiée sur son compte Instagram, Samuel remercie ceux qui lui ont adressé des messages de soutien. Il indique également qu'il espère "bientôt" revoir tout le monde sur les terrains. Le chemin risque malgré tout d’être long pour lui afin d’écarter tous les risques... Comment allez-vous l’accompagner ?
Vous savez, je vais m’abstenir de parler de foot pendant quelques jours. ‘‘Big Sam’’, parce que c’est comme ça qu’on l’appelle, a fait la vidéo du premier coup. Je lui ai dit: "Mon lapin, il va quand même falloir faire une vidéo pour rassurer tes potes." J’étais prêt à faire quinze prises mais il a réussi du premier coup. Je lui ai dit: "Bravo". Là, je vais le laisser mais Sam a pris sa douche, il s’est levé (ému). Il a téléphoné à sa mère, à son père. Il a écrit à ses potes dans notre groupe WhatsApp. Il est bien encadré, les médecins de Monaco sont en lien avec ceux de Rennes. Ce que je retiens, c’est qu’un grand machin de 1,97m est sur ses deux pieds (ému).
commentaires