"Une caméra pour 105 habitants. Personne en France ne fait mieux": on a visité le centre de supervision urbain des polices de cette ville près de Monaco

Un sas blindé et un portique. C’est ce qui sépare la rue du centre de police mutualisé de Beausoleil.

À jamais le premier du département des Alpes-Maritimes, inauguré dans l’anonymat le plus complet en octobre 2021 à cause du Covid. À l’intérieur, police nationale et police municipale se partagent des locaux ultramodernes qui font le bonheur des agents selon leurs propres dires.

"Certaines polices municipales qui viennent visiter le site sont très agréablement surprises par nos installations", commente Henri Novak, le chef de la police municipale de Beausoleil depuis 2017. Avant de mutualiser les moyens, seule la police nationale occupait ces locaux. "C’était un commissariat que la Ville a acheté [...] ça a nécessité d’importants travaux", précise le maire Gérard Spinelli.

Un maillage quasiment complet du territoire

La police nationale – une antenne de Menton – dispose ici d’un bureau pour prendre les plaintes au rez-de-chaussée, tandis qu’à l’arrière, l’ensemble des forces de l’ordre profite du lieu de vie, situé à proximité de la réserve en armement.

Henri Novak nous ouvre la porte… notre regard se porte immédiatement sur une caisse remplie de bonbonnes de protoxyde d’azote. "On en trouve souvent effectivement. C’est malheureusement d’actualité avec les derniers faits d’accidentologie. C’est un phénomène qu’on ne peut que constater. À Beausoleil, un arrêté municipal interdit la détention et le traitement de ces bonbonnes", se désole-t-il.

Mais ce qui nous intéresse tout particulièrement, c’est de découvrir le véritable centre névralgique de la police, à l’étage: le centre de supervision urbain (CSU).

C’est ici, grâce aux 135 caméras de la ville, couvrant 67 points et reliées à une dizaine d’écrans – permettant l’affichage de 108 vignettes vidéos en simultanée – que les anges gardiens de Beausoleil veillent au grain… "Ce qui fait une caméra pour 105 habitants. Personne en France ne fait mieux. Seul Monaco a un taux supérieur", se félicite le premier magistrat de la ville, qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin à ce sujet. Jusqu’à deux opérateurs, analysant les images, peuvent y travailler, ainsi qu’un officier de police judiciaire.

Une coopération fluidifiée pour un travail optimisé

Grâce à ces lieux et ses moyens, "la police municipale de Beausoleil travaille en étroite collaboration avec la police nationale", indique Henri Novak. "Quand la police nationale en a besoin par exemple, ils viennent au CSU prendre les images qui les intéressent. À l’inverse, on met à disposition plus facilement les rapports qu’on peut dresser à la police nationale", poursuit-il, mettant en exergue cette coopération par un exemple récent.

"En novembre 2024, nous avons procédé à l’interpellation du braqueur d’une bijouterie à Monaco. Le malfaiteur s’est enfui par Beausoleil et grâce à la description transmise par la Sûreté publique de Monaco, l’opérateur a pu effectuer des recherches par vidéo, identifier l’individu et prévenir par radio les patrouilles de la nationale et de la municipale. Celles-ci ont pu intervenir et l’interpeller." Est également installé un outil au CSU permettant de recevoir certaines informations très importantes de la police nationale en temps réel.

Outre cet évènement quelque peu hors norme, le CSU et son opérateur permettent aussi et surtout de lutter contre les incivilités du quotidien.

"L’opérateur va vidéopatrouiller. Faire une recherche, d’un dépôt sauvage, d’un problème de stationnement, de comportement… On peut verbaliser directement à partir de la vidéo dans certains cas. Dans d’autres, s’il y a la nécessité d’intervenir, l’opérateur prévient les patrouilles in situ", déroule Henri Novak. Le chef de la municipale de Beausoleil assure par ailleurs que l’objectif premier, grâce aux caméras et à ceux qui analysent les images, est justement d’éviter de verbaliser.

"Avant, on pouvait constater des dégradations au niveau de Camille Blanc. Depuis l’installation de caméras, plus jamais. Les gens se méfient énormément désormais", se réjouit-il.

Quand verbaliser devient instantané

Si le but premier est la dissuasion, en cette matinée, ce sont plutôt les verbalisations qui pleuvent. Avec Élodie, l’opératrice, à la manœuvre.

"J’ai un véhicule Mercedes plaques monégasque entre la ligne continue et la chaussée stationné en double file, je viens de le verbaliser", nous indique-t-elle, images à l’appui. Action, réaction, en un rien de temps, la verbalisation est dressée sur le téléphone de l’opératrice.

Pas le temps de souffler que quelques secondes plus tard, une benne décharge ses déchets, sans autorisation. Le malheureux découvrira la jolie surprise quelques jours plus tard… Passé non loin de "prendre une prune", un automobiliste stationné quelque peu sauvagement à l’entrée du parking de la mairie évitera le couperet à quelques instants près. Il n’est même pas 11 heures et déjà 10 verbalisations ont été dressées grâce au CSU et ses caméras. Mais comme dans le sport, "la vidéo ne remplacera jamais l’humain", conclut Henri Novak.