Partir en vacances avec ses adolescents, entre enthousiasme et appréhensions

Promesse de détente et de complicité, les vacances en famille sont souvent très attendues. Mais avec des ados dont les besoins et rythmes diffèrent de ceux des parents, comment éviter les tensions?

Dans le cabinet d'Emilie Publié le 07/07/2025 à 14:30, mis à jour le 07/07/2025 à 14:30

À l’approche des vacances en famille, Élodie sent monter une appréhension teintée de culpabilité. Elle était pourtant enthousiaste au moment de la réservation de l'appartement tout confort à la montagne. Mais c'était il y a quelques mois.

Depuis, les relations se sont tendues. Ses enfants, Max 16 ans et Lisa 13 ans, sont en pleine crise d'adolescence. Ils s'opposent constamment à leurs parents, se plaignent et oscillent entre agressivité et apathie face aux écrans.

S'ils partagent ces accès d’humeur, leur complicité s'arrête là. Ils ne s'adressent la parole que pour se rabaisser mutuellement.

Dans ce contexte, comment envisager une semaine tous ensemble loin des repères rassurants du quotidien? Comment alléger une atmosphère devenue pesante sans céder à la facilité des écrans? Comment transformer ces temps en une occasion de vrais partages?

Tensions et stress de fin d'année scolaire

À la veille des grandes vacances, de nombreuses familles se sentent épuisées. Le mois de juin a laissé des traces… Entre les évaluations ou examens de fin d’année, les spectacles et goûters des clubs de sport, les réinscriptions à gérer, les sollicitations sociales et le travail à boucler, la fatigue et le stress se sont peu à peu installés… le tout sous une chaleur écrasante.

L’ambiance générale en pâtit inévitablement. La fatigue entame les capacités de chacun à prendre du recul et laisse plus facilement place aux débordements émotionnels — particulièrement chez les ados, dont le cerveau et les hormones sont encore en pleine évolution.

Le stress, lui, agit comme un amplificateur: il tend les nerfs, réduit la tolérance aux frustrations et fragilise la communication au sein de la famille.

Doutes et appréhensions

Il devient alors essentiel de se détendre! Partir en vacances, loin de son domicile familial, hors du quotidien peut être une bonne solution.

Néanmoins plus l'échéance approche, plus les doutes et inquiétudes s'installent chez les parents qui se demandent s’ils auront vraiment l’occasion de souffler et de profiter. D'autant qu'ils constatent aussi avec une pointe d'amertume, que leurs enfants ne se réjouissent plus autant qu’avant à l’idée de partir avec eux.

Les parents devraient pourtant se rassurer. Leurs enfants les aiment toujours, mais ils ressentent le besoin de grandir en s’éloignant un peu d’eux et le concept "vacances tous ensemble" peut parfois entraver ce mouvement naturel.

De plus, en quittant leur environnement pendant une semaine, ils loupent parfois une fête, une sortie, ou simplement un moment avec leurs amis.

Se retrouver hors du groupe, même si ce n'est que quelques jours peut leur donner un sentiment d'exclusion très angoissant à un âge où la vie sociale est centrale.

Même si le lieu de vacances est agréable, les ados redoutent également de s'ennuyer. Ils appréhendent de se voir imposer un rythme ou un programme d'activités qui ne leur ressemble pas ou plus. L'époque où une randonnée suffisait à faire briller leurs yeux d'enfants est désormais derrière eux.

Nourrir le lien familial

Toutefois, malgré les réticences de leur progéniture et leur propre appréhension, de nombreux parents tiennent à ces séjours en famille. Ils y voient une opportunité rare de (re)découvrir leur enfant autrement, hors du quotidien rythmé par l'école, les amis et les écrans. Un quotidien hélas trop souvent marqué par tensions et conflits.

Ils comprennent que c'est également l'occasion de créer des souvenirs communs et de préserver le lien avec leurs grands enfants qui s’éloignent peu à peu et qui un jour ne participeront plus.

Pour les familles recomposées, l'enjeu est souvent de construire une relation entre les enfants des deux foyers dans l'espoir de former un nouveau noyau uni.

Écouter les besoins de chacun

Ainsi, si les objectifs de ces séjours "tous ensemble" sont louables, il est utile de faire un point à l'avance ou au début du séjour afin de renforcer la compréhension mutuelle et d'éviter les frustrations.

On pourra nommer ses besoins, écouter ceux des autres membres et accepter que les envies ne soient pas toujours alignées.

Si pour Élodie et son mari, l'essentiel est de partager des activités à quatre, le plus important pour leur fils est de dormir le matin, tandis que sa sœur souhaite faire de l'escalade.

Afin de respecter les demandes de chacun, on peut imaginer la jeune fille pratiquer son activité favorite le matin pendant que son frère dort. La famille peut ensuite organiser des sorties ensemble l'après-midi.

Mais, si prévoir un programme peut être utile et rassurant dans un premier temps, on pourra aussi se laisser la possibilité de s'adapter en fonction des envies de chacun, des découvertes et opportunités du lieu.

Autoriser la distance

On ne peut pas forcer les adolescents à passer du bon temps en famille mais l'on peut créer des moments de complicité par petites touches: un repas où l’on discute de sujets qui les intéressent vraiment, des parties de jeux de cartes amusants, ou encore des activités ludiques à deux ou quatre, comme un atelier cuisine, une séance de spa ou une initiation à un sport insolite L’idée n’est pas de faire "comme avant", mais de construire un nouveau type de relation, plus horizontale.

Néanmoins, vouloir tout vivre ensemble peut être étouffant. Il est sain (et même nécessaire) que chacun ait du temps pour lui: lorsque les ados écoutent leur musique, lisent ou flânent sur leur téléphone, les parents peuvent en profiter pour se retrouver un peu à deux, ce qui n'est souvent pas l'apanage du quotidien.

Chacun peut également s'octroyer un moment pour lui-même. Dans une même famille, il arrive que certains membres soient plus solitaires. D'autres peuvent au contraire avoir envie de rencontrer du monde, de tisser de nouvelles relations. Il est essentiel aussi de respecter cela sans jugement. Autoriser la distance, c’est préserver la qualité du lien.

Enfin, il est important d'avoir conscience que si les moments de tensions semblent inévitables (et compréhensibles) particulièrement les premiers jours, le temps de trouver de nouveaux repères, les parents sont les véritables baromètres émotionnels de la famille. C'est leur calme et leur attitude confiante qui pourront créer un climat propice à des vacances sereines.

Comment réagir aux disputes des enfants?

Rester garant du cadre, pas arbitre.

Fixer des règles claires dès le début des vacances (règles de vie, respect mutuel, répartition des tâches).

Refuser de jouer le rôle d'arbitre

Adopter une posture calme et à l’écoute

Écouter sans interrompre ni vouloir résoudre la difficulté tout de suite.

Valider les émotions sans excuser les comportements inacceptables "Tu as le droit d’être en colère, mais pas d’insulter ton frère/ta sœur.".

Encourager l’autonomie dans la gestion des conflits

Inviter les ados à discuter entre eux une fois calmés et leur dire que l'on a confiance en eux pour trouver une solution.

Se rappeler que les disputes font partie de la vie de famille

Elles ne sont pas un échec, mais une opportunité pour grandir ensemble.

Qui est Emilie?

Après avoir exercé plus de dix ans comme professeur des écoles, Emilie Perreard s’est formée à la psychologie, à la guidance parentale et à l’orientation scolaire.

Psychopraticienne à Mougins, elle reçoit des enfants, des adolescents et des adultes. Elle accompagne aussi des parents en groupes ou en séances individuelles. Elle réalise enfin des bilans d’orientation pour aider collégiens et lycéens à choisir leur voie.

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