Abattu. Et le mot est faible. Dans les travées de Mayol, rien ni personne ne pouvait consoler Gabin Villière.
Pendant de longues minutes, le môme de Vire a erré, les yeux rouges et le regard dans le vide. Samedi soir, en perdant face à La Rochelle (29-34), un rêve s’est envolé.
Vraiment touché par l’élimination de son club, l’ailier international (28 ans, 16 sélections) a tout de même pris le temps de répondre à nos questions. Avec une sincérité frappante.
On vous sent particulièrement ému. Quel sentiment prédomine, quelques minutes après une élimination en barrage de Top 14? La frustration, la tristesse, la colère?
(Il souffle un bon coup, avant de se reprendre) Tous ces sentiments se mélangent. On se paye une saison de 11 mois et forcément, quand tu paumes ton barrage, tout s’arrête. D’un coup. Travailler autant pour ça, pour terminer comme ça, ça fait vraiment mal. Je pense qu’on avait la place de faire quelque chose de beau. Même si j’essayais de me dire que c’est le sport, qu’il ne reste qu’une équipe à la fin… Mais la réalité, c’est que ça fait chier de ne pas avoir fait plus.
Le RCT retrouvait la phase finale six ans après, avec un Mayol plein à craquer…
(Il coupe) C’est très brutal. On a eu deux occasions de mieux faire. La première, c’était au Stade français. On aurait pu s’éviter ce genre de piège. Mais bon, c’est comme ça. On avait ce barrage à Mayol pour continuer d’y croire. (Il reprend son souffle) On l’a raté. Ce n’est pas compliqué, on l’a raté. C’est fini. C’est dur. On n’a pas su faire le taf pendant 80 minutes et on le paye.
Avez-vous eu le sentiment d’avoir été parfaitement lu par cette équipe rochelaise? Cadenassé?
Je n’en sais rien. Je trouve qu’on leur a surtout donné quasiment toutes leurs cartouches. C’est frustrant et rageant. Dans le jeu, je n’ai pas l’impression qu’ils nous ont cadenassés. On s’attendait justement à ce qu’ils rushent encore plus. Alors oui, on aurait pu se lâcher un peu plus, les mettre un peu plus à mal, être plus précis techniquement… Mais ça, c’est facile à dire maintenant. La réalité, c’est qu’on a perdu.
On a souvent parlé de l’expérience collective nécessaire dans ce genre de match couperet. Est-ce, selon vous, ce qui a fait la différence dans ce barrage?
Je n’y crois pas trop. En tout cas pour moi, ce n’est pas une excuse. Oui, La Rochelle a l’expérience des phases finales, OK. Mais sur un match, je suis persuadé qu’on avait largement les armes pour gagner. Je le redis, ça fait onze mois qu’on prépare ça. On était prêt.
Alors était-ce juste un jour sans, au pire moment?
Pas sans, non. Mais avec pas assez, au final. Si on veut gagner ces matches, il nous faudra plus. Un peu partout. Même si ça ne se joue pas à grand-chose, on doit faire plus.
Quelle était l’ambiance dans les vestiaires, au moment de ranger les crampons?
C’est terrible. Personne n’était prêt à vivre ça. Pour le club, pour les mecs qui partent, ceux qui bossent au quotidien avec nous, les supporters… C’est triste. C’est dur, c’est lourd à porter.
Arrivez-vous à vous projeter, à penser à la suite?
Non, non. C’est impossible. Je pense que l’on ne réalise même pas que c’est terminé et qu’on va être en vacances. En tout cas personnellement, je n’arrive pas à me le dire. Tu donnes tout pendant toute la saison et en 80 minutes, tout explose, tout s’arrête. Je ne sais pas comment vont être les jours à venir mais là, ça fait juste mal.
Comment êtes-vous, dans ces moments? Plutôt du style à vous renfermer? À chercher le réconfort de vos coéquipiers?
Là, je suis tout simplement vidé. Peut-être qu’on en parlera entre nous, je n’en sais rien. On va continuer de vivre ensemble. Il faut qu’on se construise aussi avec ça pour revenir plus fort, mais à chaud, je ne ressens que de la tristesse.
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