Rentrée 2007, école de journalisme de Nice proche du centre commercial TNL. Les jeunes étudiants s’essaient à leur premier passage radio devant la promotion entière. Pour certains, c’est laborieux. Pour d’autres, c’est prometteur. Et puis Marie Chantrait arrive. Un poil timide, elle fait écouter son passage à l’auditoire. La voix est posée. Calme. Maîtrisée. Parfaite. Personne ne dit rien mais tout le monde a compris. Marie a quelque chose. Une voix, déjà. Et le rythme. Dix-huit ans plus tard, ce premier exercice sonore n’avait pas menti, Marie Chantrait a fait un sacré bout de chemin: LCI, correspondante à Washington auprès de la Maison-Blanche, puis le suivi du quotidien de L’Élysée ainsi qu’une émission hebdomadaire sur LCI, Débat dimanche. Cet été, BFM TV en a fait sa nouvelle cheffe du service politique avec pour mission de coordonner au quotidien les équipes du service et d’organiser la couverture des prochaines échéances électorales. Elle succède à Neïla Latrous et ne s’interdit pas d’intervenir à l’antenne comme ce fut le cas début septembre lors d’un Face à BFM avec Aurore Bergé, Manuel Bompard, Olivier Faure, Othman Nasrou, Jean-Philippe Tanguy et Marine Tondelier.
Envie d’encadrer
Alors que l’horizon politique s’annonce sportif avec les élections municipales en 2026 et les Présidentielles en 2027, Marie Chantrait se retrouve aux commandes d’un gros paquebot où elle n’est pas forcément arrivée dans l’inconnu. "J’avais côtoyé beaucoup de mes nouveaux confrères sur le terrain, analyse-t-elle. Je voulais prendre de nouvelles responsabilités, j’ai cette fibre pour encadrer, manager, accompagner les gens dans leur évolution." Et puis la période politique étant ce qu’elle est, avec une élection présidentielle à horizon 2027, le moment semblait idoine pour se lancer de nouveaux défis. Sa feuille de route? "Faire que le service politique de BFM soit le plus réactif possible, être sur le terrain et au contact des personnalités politiques, confie Marie Chantrait. Il faut trouver un juste équilibre entre notre capacité à nouer des liens avec les personnalités politiques sans devenir partisan. Ne pas être dupe, ne pas se limiter à une seule source, c’est une ligne de crête très compliquée qui est liée à l’évolution considérable du monde politique."
Il faut dire qu’entre les réseaux sociaux, la capacité des politiques à assurer eux-mêmes leur communication et l’envie constante d’aller extrêmement vite, il faut réussir à garder une forme de recul. "C’est primordial de se poser, de prendre le temps, tempère l’Azuréenne. Le fond doit être plus important que la petite phrase qui monopolise l’attention. BFM est une force de frappe, une marque identifiée, appréciée auprès des jeunes, nous avons réussi à nouer une forme de confiance avec les décideurs politiques avec le temps afin qu’ils s’expriment chez nous en priorité." Même si la jeune femme n’a plus de rendez-vous fixes à l’antenne, elle va être amenée à intervenir de manière très régulière en plateau.
La force de l’image
S’adapter, c’est un peu son ADN, elle qui a parcouru le monde dans le sillage de L’Élysée sous François Hollande puis Emmanuel Macron sans oublier sa mission auprès de la Maison Blanche lors du premier mandat de Donald Trump. "J’ai pu observer un monde en mutation, être le témoin de quelque chose de nouveau avec Trump, notamment dans sa manière d’interagir avec la presse et l’importance de vérifier les informations", rembobine-t-elle.
Fan du terrain, se glisser dans les pas de l’Élysée lui a fait voir du pays. "J’ai beaucoup, beaucoup voyagé mais c’est un métier cadré, passionnant car on a accès à des lieux interdits comme voyager en Ukraine dans le même train que le Président pour son premier voyage dans un pays en guerre pour, au final, réaliser une interview en tête à tête avec lui. Être journaliste politique c’est un investissement personnel très important, qui peut donner lieu à des sacrifices personnels mais on sait pourquoi on signe."
Il y a 18 ans, alors jeune étudiante en journalisme, Marie Chantrait s’imaginait plutôt en radio. "Puis, j’ai compris la force de l’image, le pouvoir de la télévision. J’avais peur du direct au début, se souvient-elle. Et puis avec le temps, on y prend goût." En 2012, elle est envoyée à Toulouse pour couvrir les attentats et la traque de Mohamed Merah. "Cela m’a marquée et façonnée, et puis l’histoire politique est arrivée dans ma vie..."
Un coup de foudre immédiat qui se matérialise encore plus aujourd’hui avec ce poste à responsabilités. On ne refait pas l’histoire mais dès 2007 on savait. On a toujours su.
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