Malgré un constat déprimant, les participants au débat sur la santé mentale des soiugnants ne baissent pas les bras. Il faut, résume le Dr Guardigli, "aimer son boulot, travailler l’esprit d’équipe et les relations interhumaines, prévoir des temps de parole et des accès facilités à des psychologues et, surtout, se souvenir qu’on ne peut pas s’auto-soigner!" Tour d’horizon de leurs principales suggestions.
1. Une autre réponse politique, une autre logique
- Dr Le Gall: "Si l’état ne prend pas les choses en main, on court à la catastrophe. On a eu sept ministres en trois ans. Savoir que les médecins souffrent, ce n’est pas leur problème. Ce qu’ils font, au contraire, c’est prendre des mesures coercitives. C’est comme ça qu’ils vont aller mieux?"
- Marie-Ange Ferry-Bonadei, formatrice à l’école d’infirmières Croix-Rouge Compétences "La logique en France, c’est demander ‘‘combien ça coûte?’’. Au Québec il y a 20 ans, le système de santé a connu de grandes difficultés. La réorganisation de leur système s’est construite en demandant: comment on peut mieux prendre en charge les patients et combien ça va rapporter?"
2. Med’Aide: un dispositif de soutien pour les libéraux
- Marie-Claire Tuffery: "Nous avons créé Med’Aide (1), un outil de prévention primaire et secondaire pour les professionnels libéraux, basé sur une approche pluridisciplinaire et intersyndicale. Son originalité repose sur un système de ‘‘veilleurs guetteurs’’, où des soignants orientent leurs pairs vers les interlocuteurs adaptés en fonction de leurs difficultés, afin de prévenir la souffrance." Elle a incité les jeunes soignants à se former: "Si on est préparé, on exercera dans de meilleures conditions."
- La CPTS Toulon Littoral, représentée par son président Julien Autheman a étendu aux professionnels de santé l’accès à un Chat Bot (2) initialement destiné aux adolescents avec des difficultés de santé mentale. "L’échange va aboutir à un score qui détermine le niveau de gravité et permet d’orienter le soignant, y compris, vers un rendez-vous chez un psychiatre dans les 48 heures, dans les cas les plus graves. Pour un soignant, c’est peut-être plus facile devant une tablette."
3. Compter sur la solidarité d’une équipe
- Oser parler, c’est justement un problème identifié par Romain Grebert, étudiant en 2e année d’ergothérapie. "J’ai entendu une phrase dont je me rappellerai toute ma vie: “Les problèmes restent sous la blouse!" Alors, oui le patient attend de nous qu’on soit disponible pour lui, je suis d’accord. Mais il doit y avoir des moyens pour faire face à nos difficultés en tant que soignants. Le premier support pour aborder ces situations, c’est l’équipe pluridisciplinaire. On devrait pouvoir exprimer ce qui nous bouleverse. Ce serait positif d’abolir ce tabou. »
- Le Dr Guardigli complète cet avis: "Pour que les médecins soient en meilleure santé, il faut une équipe autour d’eux: une secrétaire, un assistant, pour favoriser leur pratique médicale en les déchargeant de l’administratif."
4. Revoir les organisations
- Matthieu Blanc, directeur adjoint du CHI Fréjus Saint-Raphaël: "Les procédures sont là pour standardiser les prises en charge mais il faut aussi libérer du temps soignant. On doit interroger notre modèle, prendre en compte ce paradigme et proposer un projet de qualité de vie au travail, mettre en place des ressources, comme des psychologues, des outils de prévention des conduites addictives..."
5. Préparer les étudiants
- Vanessa Lanza Sanchez (IPVFPS): "On fait des sessions de retour de stage avec nos étudiants: comment s’est passée la rencontre avec l’équipe, avec les patients? On travaille avec eux sur leur identité de soignant. La réalité crée des paradoxes difficiles à gérer."
1. medaide.urps-ml-paca.org
2. Sur le site de la CPTS Toulon littoral: cptstoulon.fr Onglet "santé mentale, discuter maintenant".
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