Qui est Didier Guillaume, ancien ministre de l'Agriculture d'Emmanuel Macron et futur ministre d'État à Monaco?

Le timing en fait l’un des contre-pieds politiques de l’année.

Au lendemain d’une vague d’extrême droite dans les urnes françaises, le prince Albert II a officialisé ce lundi matin la nomination d’une personnalité de gauche à la tête de son gouvernement.

Comme pressenti depuis des mois, Didier Guillaume, proche de François Hollande et Manuel Valls et ex-ministre de l’Agriculture d’Emmanuel Macron (2018-2020), succédera à Pierre Dartout à compter du 2 septembre prochain.

L’arrivée de cet ancien cadre du Parti socialiste, dont il fut le président de groupe au Sénat de 2014 à 2018, porte d’ores et déjà le sceau du changement. De profil, de style, et certainement de méthodes.

Bosseur et leader

Si la tradition du ministre d’État français perdure, le prince Albert II a semble-t-il insisté pour ne pas hériter d’un énième préfet, diplomate ou ambassadeur, au profit d’un pragmatique qu’il tient déjà en estime.

"Un homme de caractère" selon ses proches, du terroir, "bosseur et doté d’un sens du leadership".

Et si le microcosme politico-médiatique parisien ricane à l’idée d’associer le nom d’un ex-ministre de l’Agriculture à la Principauté, ses atouts semblent correspondre à la volonté du Souverain de remettre de l’huile dans les rouages de l’administration monégasque, de l’humain.

À en croire sa devise - "Dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit" - l’exécutif pourrait même avoir à nouveau un porte-parole en première ligne.

Et ainsi en finir définitivement avec la friture avec les élus place de la Visitation, voire le sevrage de la presse sur les grands dossiers.

Didier Guillaume n’aurait dit-on pas eu le vertige à l’idée de poser ses valises sur le Rocher, puisqu’il aurait lui-même postulé à la fonction.

Lui qui partage beaucoup avec le prince Albert II et pourrait, à embrasser pleinement son rôle, le délester de quelques tracas.

Des passions communes

"C’est un choix d’abord dicté par l’amitié de deux fous du sport, née lors du passage du Rallye Monte-Carlo dans la Drôme, il y a plusieurs années", pouvait-on lire récemment dans les colonnes du Dauphiné.

Sénateur de la Drôme entre 2008 et 2020, l’ancien maire de Bourg-de-Péage - bastion qu’il avait ravi à la droite - a en effet bâti une relation chaleureuse avec le Prince au gré notamment de rencontres autour des anciens fiefs Grimaldi, comme à Romans-sur-Isère où l’art de la table a parfois réuni les deux hommes.

En l’occurrence chez l’étoilé Louis Chabran, où ils ont partagé le couvert et leur passion du sport. Du rugby plus particulièrement pour Didier Guillaume.

Leur vision environnementale aussi certainement, entre le défenseur des océans et le fils d’éleveur de brebis dont le travail au Sénat avait été salué pour faire passer la loi de transition énergétique pour la croissance verte.

Sans oublier qu’à l’heure de Moneyval et de la nécessité de diversifier les ressources économiques du pays, l’agent du Trésor de formation devrait savoir manier les chiffres.