"Cette victoire, une chance pour le Conseil national": Brigitte Boccone-Pagès décrypte les futurs enjeux de sa liste d'union

Après une courte nuit, Brigitte Boccone-Pagès a repris le chemin du Conseil national. Elle sait qu’elle devra veiller à maintenir de la cohésion entre les élus de L’Union.

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Propos recueillis par Joelle Deviras Publié le 07/02/2023 à 10:00, mis à jour le 07/02/2023 à 10:46
Quand les résultats tombent à 1h00 du matin ce lundi, la tête de liste Brigitte Boccone-Pagès et ses colistiers crient victoire. Photo Jean-François Ottonello

Quelques heures après le sans-faute de sa liste, la leader Brigitte Boccone-Pagès retrouve son fauteuil de présidente du Conseil national (obtenu depuis le 6 octobre dernier à la suite de la démission de Stéphane Valeri, depuis nommé président délégué de la SBM) avec, dorénavant, la légitimité des voix de ses compatriotes.

Mais ce 100% gagnant avec les 24 sièges de l’hémicycle aux couleurs de L’Union, obtenus notamment par la mise en place d’une mécanique orchestrée sans fausse note, n’assure pas pour autant une vie politique comme un long fleuve tranquille pour les cinq prochaines années. D’abord parce que ces vingt-quatre-là, même s’ils s’accordent sur la plupart des points politiques, pourront avoir des approches différentes. Et aussi parce que les élus de la mandature 2023-2028 devront faire face à des dossiers ardus, notamment sur les accords de négociations avec l’Europe.

Ce lundi, dans son bureau du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès expliquait la mesure des enjeux.

Après une très longue soirée de dépouillement et le suspens des dernières minutes, que ressentez-vous aujourd’hui?
J’éprouve une grande fierté évidemment, non seulement d’avoir conduit cette liste d’union nationale jusqu’à la victoire mais je suis également très satisfaite de l’ampleur du résultat. La soirée fut très longue, en effet, et les émotions ont été très intenses. Je ressens l’immensité de la charge qui est désormais la mienne et celle de mon équipe de conseillères nationales et de conseillers nationaux. Je suis aussi la première femme tête de liste et donc présidente élue en Principauté. C’est symboliquement très fort pour la place des femmes dans notre pays.

Est-ce que le taux de participation historiquement bas fragilise la légitimité du vote?
Vu le contexte de l’offre électorale et le schéma politique de rassemblement des principales tendances de notre pays, nous nous attendions à une participation impactée. Pour autant, avec une participation de plus de 57%, nous avons me semble-t-il limité les effets d’une baisse de l’intérêt pour ces élections nationales. La tradition du vote des Monégasques pour renouveler leur Conseil National perdure, et ce fut un grand moment de voir et revoir tant de visages et de familles réunies. Notre légitimité n’est pas fragilisée, la baisse de la participation est largement compensée par l’ampleur du résultat. Nous sommes confortés dans notre choix: celui d’œuvrer ensemble pour le pays, en faisant l’union nationale des élus pour préserver notre modèle économique et social avancé, et pour être plus efficaces dans notre relation institutionnelle avec le gouvernement, mieux pris en compte car unis.

Le panachage important cette année vous étonne-t-il? Qu’est-ce qu’il exprime selon vous?
Je ne suis pas étonnée. En l’absence de clivage fort entre plusieurs listes complètes, nos compatriotes ont indiqué leurs préférences pour des candidates et des candidats qu’ils connaissent ou apprécient plus que d’autres. C’est une coutume électorale qui persiste. C’était le risque à courir en faisant l’union entre les trois tendances élues en 2018. Je veux relever le nombre important de listes entières, ce qui prouve que la plupart des électeurs font confiance à une équipe sans entrer dans ces considérations. Maintenant il faudra travailler pour continuer de convaincre l’ensemble de nos compatriotes, leur démontrer que l’union nationale est une méthode qui fonctionne et qui a déjà apporté tant de résultats. Devant les années cruciales qui nous attendent, j’estime que l’union nationale est une chance pour les Monégasques.

Quel bilan tirez-vous de cette campagne, certes sans violence, mais également sans débat ni équilibre de forces?
Les choses se sont précipitées fin septembre 2022 avec le départ de Stéphane Valeri pour la Société des Bains de Mer. Il a fallu s’organiser en transition rapide et finir de constituer la liste de L’Union. Nos concurrents se sont déclarés très tardivement, de sorte que les Monégasques ont eu le sentiment aussi qu’il n’y a pas eu de campagne. Ce qui explique aussi la baisse de participation.
Pourtant, nous avons fait campagne, avec un lancement de liste en octobre, un grand meeting en novembre puis pas moins de six réunions d’écoute et d’échanges sur les grandes thématiques, pour co-construire le projet politique de l’Union nationale monégasque avec nos compatriotes.
C’est vrai aussi que pour la première fois depuis longtemps, nous avons connu une élection qui s’est déroulée dans un climat apaisé. J’ai pour habitude de dire qu’enfin tout le monde peut se dire bonjour avant et après une élection.

La politique est un débat permanent d’idées. Or là, en emportant les 24 sièges, ne craignez-vous pas que la monochromie puisse jouer contre vous?
Vous le savez bien, cette liste comporte des personnalités qui n’ont pas pour habitude d’aseptiser le débat, bien au contraire. Ceci est valable pour les élus sortants comme pour les élus "entrants". Le débat, chez nous, est interne et naturel. À la fin, nous nous rassemblons sur des grandes majorités d’idées pour rechercher sans cesse l’efficacité, la responsabilité et le pragmatisme. Nous nous sommes toujours retrouvés sur l’essentiel, comme la grande communauté nationale des Monégasques sait aussi le faire. La cohésion nationale pendant et après la crise sanitaire était à ce prix. Et devant les enjeux et les défis qui sont ceux des Nationaux aujourd’hui, cette victoire est une chance pour le Conseil national. Le débat ne sera pas confisqué aux Monégasques. Chacune et chacun continuera de trouver écoute et représentativité au sein de notre équipe d’élus.

Les 24 de L’Union ont été bienveillants à l’endroit de leurs opposants durant la campagne et tous ont salué l’existence d’une deuxième liste. Que leur dites-vous aujourd’hui?
Je les remercie pour leur engagement et qu’ils seront toujours écoutés par le nouveau Conseil national, au même titre que l’ensemble de nos compatriotes. Je veux aussi reconnaître leur fair-play, car il n’y a pas eu d’attaques et la campagne s’est déroulée encore une fois dans un climat serein.

Sans pluralisme, est-ce que l’expression de la démocratie est mise à mal?
Non pas du tout, à Monaco nous savons ce que le concept d’union nationale recouvre. Il n’empêche pas le débat démocratique. Ce débat, nous le retrouvons et le retrouverons entre des personnes qui pensent sur certains sujets des choses différentes. À la fin, c’est l’expression de la majorité qui l’emporte : c’est cela la démocratie.

Faut-il encore changer le mode de scrutin des élections nationales comme disent beaucoup de vos compatriotes?
Le débat fait partie de l’Union, et nous l’aurons aussi à ce sujet. La question se pose pour certains. Alors il faudra en parler et voir si nous devons faire évoluer les choses. Il n’y a pas de préjugés en la matière.

Savez-vous déjà à qui vous souhaitez attribuer les présidences de commissions après votre élection à la tête du Conseil national le 16 février?
Nous avions décidé que tout serait remis à plat avant les élections. Nous allons nous rencontrer les uns les autres et établir ensemble les rôles et les attributions de chacune et de chacun.

En 2018, le sujet du logement conduit avec Franck Lobono était la priorité des priorités. Aujourd’hui, quel est l’enjeu le plus important de votre mandature?
Bien sûr le suivi de la négociation d’un éventuel accord d’association avec l’Union Européenne d’une part, le suivi de la politique du logement et les grandes problématiques de mobilité d’autre part. La place et le rôle du Conseil national devant la multitude d’enjeux qui le concerne et qui engage la pérennité de notre modèle et de notre attractivité, seront au centre de notre action, je m’y engage encore davantage fort désormais.

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