Elections nationales à Monaco: L’Union l’emporte dans un contexte de forte abstention

Après quatre heures de dépouillement des bulletins de vote, ce dimanche soir à l'Espace Léo-Ferré, la liste emmenée par Brigitte Boccone-Pagès a raflé les 24 sièges au Conseil national. Analyse d'une victoire.

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Joëlle Deviras Publié le 06/02/2023 à 05:05, mis à jour le 06/02/2023 à 11:57
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Brigitte Boccone-Pagès et ses colistiers font carton plein mais près d’un électeur sur deux n’a pas voté. Photo Jean-François Ottonello

Les 4.348 Monégasques qui se sont rendus, ce dimanche, aux urnes ont permis aux 24 candidats de la liste L’Union de remporter tous les sièges au Conseil national. C’est une victoire nette pour le groupe uni autour de Brigitte Boccone-Pagès, première femme leader de liste destinée à être reconduite présidente le 16 février prochain par les nouveaux élus - poste qu’elle occupe déjà depuis le 6 octobre 2022 suite à la démission de son prédécesseur Stéphane Valeri.

Les quatorze de la liste Nouvelles Idées pour Monaco (NIM), conduite par le doyen du Conseil national Daniel Boeri, auront eu le mérite de rentrer dans la course rude des élections et se sont montrés beaux joueurs jusqu’à la fin. Ce dimanche, ils ont été battus par L’Union qui a agi comme une machine à vaincre l’unique opposant, en prolongeant la dynamique insufflée par l’ex-président Valeri, en s’étant doté d’un budget de campagne quatre fois plus important (environ 260.000 euros pour L’Union contre 65.000 euros pour NIM), et avec des candidats et des directeurs de campagne aguerris à l’exercice politique.

Quel pluralisme

Les 24 élus devront donc jouer du pluralisme… ensemble. Car dans son rang se sont alignés Béatrice Fresko (ex-tête de liste Horizon Monaco en 2018) et certains de ses anciens colistiers, ainsi que Jean-Louis Grinda (leader d’Union Monégasque en 2018) et quelques anciens camarades de la précédente campagne.

"Unis" ne voudra donc pas dire "uniforme": c’est le défi de cette liste constituée pour être une "belle équipe". Une liste qui, après la crise sanitaire, a également voulu tirer un trait sur les querelles (parfois violentes) du passé, préférant se serrer les coudes. Car les 24 savent que le mandat 2023-2028 ne sera pas de tout repos, et qu’il faudra que "l’union fasse la force", notamment quand il s’agira de ratifier ou non les accords de négociation pour une association avec l’Union Européenne.

Du panache pour un vote à la carte

Si le mode de scrutin est nettement favorable à la liste dominante, le panachage a été l’exercice favori de nombreux Monégasques ce dimanche. Ce qui a ralenti significativement le dépouillement. Dans l’isoloir, beaucoup y sont allés de leur stylo pour barrer des noms et en rajouter d’autres. On le voit, les électeurs n’ont pas voulu donner leur blanc-seing; ils ont voulu pleinement s’exprimer.

Mais cette victoire n’est pas une déferlante, le taux de participation étant historiquement bas: 57,26% à la fermeture du bureau de vote de l'Espace Léo-Ferré à 19 heures (contre 70,35% en 2013 et 74,55% en 2018). Presque 18% de moins qu’il y a cinq ans! Si l’on remonte jusqu’en 1998, jamais le taux n’a été inférieur à 70%. En 2003, il a même frôlé les 80%…

Faible taux de participation

À la mi-journée, la tendance était déjà perceptible. 29,15% des électeurs s’étaient rendus aux urnes vers 12h30 (un problème de serveur n’a pas permis à la mairie de donner un pourcentage précis à 12h00 pile); contre 38,59% il y a cinq ans et 40,80% il y a dix ans. Entre 2018 et 2023, c’est la dégringolade. Un triste constat qui n’est pourtant pas une surprise après une campagne sans débat d’idées, des meetings boudés par les électeurs, très peu d’interactions sur les réseaux sociaux des médias,... À cela s’ajoute également le nombre de personnes directement concernées: en 2018, trois listes entières motivaient 72 candidats et leurs cercles proches. Hier, ils n’étaient que 38 en lice.

De plus, même si le rendez-vous des urnes est une tradition bien ancrée en Principauté, Monaco n’échappe peut-être pas, non plus, au désintérêt généralisé des citoyens pour la politique.

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