Ils ne sont plus que quinze en France... Et l'une d'eux est dans le Var: à la découverte du métier de modiste

Quand nous l’avons rencontrée, elle rentrait tout juste du Queen’s hat, un nouveau salon international de chapeaux à Milan, qui l’avait invitée à venir représenter la France, après avoir repéré ses créations sur Instagram.

Depuis septembre, Clémence Grisot, modiste de 29 ans, a racheté l’atelier "Les Bibis du Midi", dans le centre historique de Bormes-les-Mimosas.

Après avoir œuvré pendant trois ans aux côtés de Nathalie Papet, la créatrice de cette institution, elle a repris le flambeau, en y imprimant ses goûts et son savoir-faire. À Milan, "j’ai recherché l’innovation et comment détourner le matériau", explique-t-elle.

Dans un coin, elle expose ses créations, comme un chapeau vert avec un travail de manipulation de ruban moiré, qui donne un effet en 3D, ou un rose, orné de plumes anciennes…

Multidiplômée en broderie, métiers d’art…

Au Palazzo Visconti, dans la ville italienne temple de la mode, elle s’est retrouvée au cœur de tout ce qu’elle aime.

Attirée depuis toujours par le dessin, la couture, titulaire d’un bac pro mode, et de diplômes qui la spécialisent dans les métiers d’art et les costumes de spectacles, Clémence Grisot rêvait, petite, d’être styliste.

L’aspect financier a été un obstacle "et je n’étais pas du tout armée pour aller dans cette direction. Je n’en avais pas alors la maturité".

Sa soif de connaissances l’amène à passer un premier CAP d’art de la broderie, dans la capitale de ce savoir-faire, à Lunéville, puis un second de chapelier modiste à Lyon.

Depuis son enfance, elle vient en vacances au Camp du domaine, à Bormes, et connaît la boutique des Bibis du Midi. Nathalie Papet la prend alors pour ses deux stages d’études, puis lui propose de reprendre son atelier lorsqu’elle partira à la retraite.

Pendant un temps, elles travaillent côte à côte, mêlant leurs créations dans la vitrine, jusqu’à ce que la jeune modiste saute le pas.

Atelier pittoresque

Dans cette petite grotte à chapeaux, à l’ambiance chaude avec ses étagères en bois, des bibis sont toujours en bonne place.

D’immenses chapeaux en paille cousus main les ont rejoints, des capelines provençales aux lignes épurées, bijoux d’élégance que portaient les Provençales, en paille de blé.

La porte de son atelier est l’une des rares qui reste ouverte à l’année dans le village touristique, car Clémence y crée sur place tous les jours.

L’hiver, elle fait du moulage de feutre, une technique qu’elle a apporté. Parasisal, raphia, laine, buntal, abaca de soie.. elle joue avec ces matières végétales, avec les moules en bois, qu’elle trouve parfois dans les brocantes, pour faire vivre ce métier oublié, alors qu’on ne compte plus qu’une quinzaine de modistes en France.

"Il peut y avoir un côté sculpture avec les feutres, mais je fais aussi du coupé-cousu pour d’autres types de chapeaux ", explique-t-elle. Canotier, cloche, bob, tribly, fedora… le couvre-chef est important, mais plus encore celui qui le porte.

Le volume des cheveux, autant que la carnation, et même la couleur des yeux joue, quand elle fait du sur-mesure. Une passion contagieuse qui nous donne envie d’oser le chapeau.

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> Bibis du Midi, parvis de l’église, Bormes-les-Mimosas. Ouvert de 10h à 17h, sauf les lundis et mercredi (fermé). Rens. 06.22.70.13.31. LesBibisduMidi_ sur Facebook, Instagram.