Nichée dans le procès Pastor, cette affaire criminelle hors norme jugée à Aix-en-Provence depuis quatre semaine, il y a une petite histoire qui ne manque pas de sel.
Le Marseillais, Francis Pointu, 64 ans, vingt-cinq ans de prison à son actif, se retrouve sur le même banc que Katazrina Janowska, la nièce de Wojciech Janowski. Les deux comparaissent libres et semblent les spectateurs d'un procès qui les dépasse.
Le premier est poursuivi pour faux témoignage. La seconde pour complicité de subornation de témoin. Des délits qui auraient pu relever d'un tribunal correctionnel.
Rencontres en cellule
Lors de ses pérégrinations pénitentiaires, Francis Pointu a côtoyé en cellule Pascal Dauriac à la prison d'Avignon puis Wojciech Janowski, au quartier VIP des Baumettes, tous deux alors en détention provisoire. Il a très vite compris le parti qu'il pouvait tirer de ces fréquentations.
Il affirme à Janowski que, moyennant rétribution, Dauriac prendra l'entière responsabilité du double crime de l'hôpital l'Archet. L'ex-consul de Pologne à Monaco, qui clame son innocence après avoir passé des aveux complets, accepte l'aubaine. Il demande à sa nièce, Katarzina Janowska, avocat au barreau de Varsovie, de jouer les intercesseurs.
Pointu demande à être reçu par le juge d'instruction à qui il livre ses fracassantes révélations. Il ignore qu'il est suivi comme son ombre depuis sa libération par la police judiciaire de Nice. Et là, surprise! Les policiers découvrent que ce témoin est en contact étroit avec Katarzina Janowska. A plusieurs reprises, la jolie avocate a laissé de l'argent à la réception d'un hôtel de Marseille. Lors de la livraison du dernier colis, la BRB a appréhendé Me Janowska en flagrant délit. Elle venait de déposer 23.000 euros en liquide à l'attention du faux témoin. Francis Pointu a ainsi reçu au total 80.000 euros.
"Un jouet entre les mains de son oncle"
L'avocat général Cortès a requis six ans de prison à son encontre, deux ans avec sursis contre Me Janowska. Pour Me Pierre Ceccaldi, l'avocat Katarzina Janowska, sa cliente fut "le jouet entre les mains de son oncle". Orpheline, elle le considérait comme son père et ne pouvait rien lui refusé. Elle a, selon le pénaliste aixois, pêché "par imprudence".
"Cette femme a commis une faute professionnelle qui relève du conseil de discipline. Elle doit être, en revanche, innocentée par la Cour d'assises", a plaidé lundi Me Ceccaldi..
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