Perpétuité requise contre le gendre d’Hélène Pastor

Devant la cour d’assises d’Aix en Provence, l’avocat général a requis ce vendredi peu après midi la perpétuité assortie d'une peine de sûreté à l’encontre de Wojciech Janowski, le gendre d'Hélène Pastor la richissime femme d'affaires monégasque assassinée avec son chauffeur Mohamed Darwich en mai 2014 à Nice.

Grégory Leclerc Publié le 12/10/2018 à 12:30, mis à jour le 12/10/2018 à 14:07
Wojciech Janowski, le gendre de la milliardaire, écoute depuis hier avec l'air hautain qui ne le quitte pas depuis le début du procès les réquisitions de l'avocat général, Pierre Cortès. Elles se poursuivent aujourd'hui. Eric Dulière et Christophe Perrin

Wojciech Janowski, visage fermé, n’a pas bougé à l’annonce des réquisitions.

L'avocat général a également requis la perpétuité contre Al Hair Hamadi, le guetteur.

Réclusion criminelle à perpétuité aussi contre Samine Said Ahmed, le tireur.

Il a fait une distinction dans la hiérarchie en requérant 30 ans de réclusion criminelle pour Pascal Dauriac.

Pierre Cortès a demandé 18 ans de réclusion criminelle contre Abdelkader Belkhatir, beau-frère du coach sportif.

15 ans de réclusion criminelle requis contre Salim Youssouf, ex gendarme auxiliaire, fournisseur des munitions.

8 ans d’emprisonnement contre Omer Lohore.

2 ans d’emprisonnement, aménageables, contre Anthony Colomb.

2 ans d’emprisonnement avec sursis contre Katarzyna Janowska, la nièce de Janowski.

Six ans d’emprisonnement contre Francis Pointu.

Plus tôt dans la matinée, il avait déroulé les responsabilités des uns et des autres. Avec une nouvelle formule choc, évoquant le "vol de vautours autour du cadavre d’Hélène Pastor".

"Un vol de vautours"

Pierre Cortès a attaqué la suite de son réquisitoire, entamé jeudi, par Pascal Dauriac, 49 ans, le coach sportif.

Il le décrit comme "un homme sous emprise psychologique" de Wojciech Janowski, 69 ans, le commanditaire présumé, gendre d’Hélène Pastor. Dauriac qui a, selon lui, "la volonté d’assumer ses responsabilités".

Il estime qu’il n’y a pas eu contrainte psychologique sur le coach de la part de Wojciech Janowski, mais "pression d’urgence" avec des "cadeaux empoisonnés".

Comment a-t-il basculé dans le crime? "C’est la question lancinante quand on connaît ce garçon au parcours sans tâche: il a vraisemblablement partagé avec Janowski ce sentiment d’impunité."

L’avocat général a lourdement chargé Abdelkader Belkhatir, 40 ans, le beau-frère du coach sportif. "Le maillon indispensable". C’est lui qui a fait le lien avec les hommes des bas-fonds marseillais qui commettront le double assassinat. Il évoque la "permanence de son intervention".

Hamadi donne le top départ à l’exécuteur

Pierre Cortès s’est également longuement attardé sur Al Hair Hamadi, 35 ans, le guetteur. Il évoque sa "détermination" d’avant les faits dans la recherche d’un homme pour faire équipe avec lui. Avec cette épisode incroyable, la recherche d’un tueur prêt à appuyer sur la gâchette, dans la nuit précédent le meurtre après le désistement de celui qui était prévu.

Le 6 mai 2014, Hamadi se rendait sur les lieux de l’assassinat depuis Marseille en train, puis en taxi. C’est lui qui donnera le top à l’exécuteur pour abattre Hélène Pastor et Mohamed Darwich.

Pierre Cortès a également détaillé les responsabilités d’Anthony Colomb, 30 ans qui s’était vu proposer le coup. Il ne le fera pas mais accompagnera Hamadi, le guetteur, pour prendre livraison de l’arme.

L’avocat général a évoqué le rôle de Omer Lohore, 31 ans, complice "conscient et éclairé", "qui fait partie des gens auxquels la proposition a été faite". C’est celui qui proposera un nom pour remplacer le tueur prévu initialement.

Ce tueur ayant fait faux bond, c’est Salim Youssouf, 29 ans. "Il était gendarme auxiliaire au moment des faits mais pas très auxiliaire de justice après", ironise Pierre Cortès. "Il a un profil particulier, en tant que gendarme, supposé connaître les armes." Youssouf fera un premier repérage à Nice avant de lâcher l’affaire.

Pierre Cortès a terminé par Samine Said Ahmed, 28 ans, le tueur. Ce dernier nie son implication. "Et pourtant, Saïd Ahmed achète des billets de train pour deux, s'impatiente en passant des coups de fil à Hamadi."

L'avocat général rappelle qu'ils ont voyagé ensemble jusqu'à Nice, se sont répartis les bagages. (...) "Ils descendent dans le même hôtel, mais vont se retrouver dans la même chambre. Une forme d'intimité un peu singulière pour des gens qui sont censés ne pas se connaître." Un tueur qui, rappelle Pierre Cortès, a laissé son empreinte ADN sur un flacon de gel douche. Autre élément: le taxi dans lequel il monte "est accolé avec la ligne téléphonique du tireur".

L'avocat général exclut toute confusion possible et le désigne comme l'exécuteur direct du contrat.

Janowski dupé en prison

Jeudi, Pierre Cortès avait évoqué le rôle de Katarzyna Janowska, 39 ans, la nièce de Wojciech Janowski. Une jeune avocate, qui le considérait "comme son père".

Janowska a, selon l’avocat générale, joué le rôle de préposée au courrier, faisant passer des documents à l’ex consul honoraire de Pologne en sa prison des Baumettes. "Impossible de soupçonner à cette époque que Mme Janowska avait reçu de son oncle tant de missions discrètes", rappelle l’avocat général. Elle avait été surprise en flagrant délit, passant des enveloppes d’argent liquide à la réception d’un hôtel de Marseille. Et ce pour, selon l’accusation, tenter de corrompre un témoin. C’est l’affaire dans l’affaire.

Un repris de justice, Francis Pointu, 62 ans, malfrat au casier très chargé, avait réussi en prison à extorquer plusieurs dizaines de milliers d’euros à Janowski. Par un concours de circonstances, l’homme avait été en contact avec le coach et le gendre dans deux prisons différentes. Et il avait réussi à faire croire au gendre polonais que Dauriac était prêt à se coucher en échange d’une forte somme.

verdict la semaine prochaine

"Pointu a réussi à lui faire croire qu’il avait gardé le contact avec Dauriac et qu’il était donc en mesure de négocier avec Dauriac le retrait de ces accusations", rappelle Pierre Cortès. Me Gérard Baudoux s’était amusé jeudi du fait que Francis Pointu avait bien "flairé" le tempérament de Janowski, allant le faire cracher au bassinet "comme un citron qu’on esquiche".

En début de semaine prochaine, ce sera au tour de Me Eric Dupond Moretti et de Me Luc Febbraro d’intervenir pour la défense du gendre polonais. Ce n’est plus un trou de souris par lequel ils devront passer, mais une tête d’aiguille, tant le dossier semble accablant.

Verdict attendu mercredi ou jeudi prochains.

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